Sophie Berthollet : « L’objectif est de créer des rencontres, des rassemblements »

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Après avoir remporté le trophée de l’OMS Parisien 2023, lors de la cérémonie des trophées de la Fondation Alice Milliat, Sophie Berthollet, la présidente et fondatrice de Realaxe, témoigne des actions de l’association en faveur du skate féminin.

Pouvez-vous présenter votre association pour celles et ceux qui ne la connaissent pas ?

Realaxe est une association qui a pour but d’encourager les filles dans la pratique du skateboard. Elle a été créée en 2014. L’objectif premier était de créer des rencontres, des rassemblements. Notre premier événement a eu lieu en septembre 2014 au skatepark du Cosa Nostra, à Chelles. Cet évènement s’appelait le relax Girl weekend. L’idée, c’était que les skateuses puissent se retrouver. On avait organisé un jam session, avec une petite compétition à la cool. Il y avait notamment des artistes de l’époque. Au fur et à mesure, on a eu pas mal de demandes pour apprendre à skater. En 2019, on a eu l’occasion d’avoir un créneau associatif au skatepark de l’EGP 18. Lors de ce créneau, on a eu la chance d’avoir des professeurs qui étaient disponibles et motivés. Par conséquent, depuis 2019, on donne également des cours. En plus des évènements et des cours, on a aussi mis en place des rendez-vous réguliers pour skater. C’est ce qu’on appelle les RGS (les ride girl sessions) où tous les premiers dimanches du mois, on se retrouve dans un nouveau skatepark en Île-de-France. L’idée est à la fois de découvrir les skateparks de la région parisienne et de venir à la rencontre des skateuses qui ne peuvent pas forcément venir à Paris. Enfin, une fois par an, on essaie de faire en sorte de déplacer la RGS hors de l’Île-de-France pour toucher encore plus de skateuses.

Concrètement, de quelles manières mettez-vous en avant le skateboard ? Organisez-vous des évènements importants ?

Il y a les RGS, ce sont des sessions. Ça veut littéralement dire qu’on se retrouve pour skater, c’est vraiment aussi simple. Depuis quelques années, on propose de s’initier au skateboard avec un cours d’initiation gratuit d’une heure pour les filles. Pour celles qui n’osent pas trop se lancer et qui ont besoin d’apprendre et/ou de découvrir les bases. L’association organise également deux événements phares dans l’année. Le premier durant le mois de septembre et le second au printemps. Celui du mois de septembre, c’est le Queen of the Road. Au printemps, c’est la Realaxe jump session, en collaboration avec l’association Ride la Street, du côté de Roissy-En-Brie.

Le monde du skateboard semble être un milieu assez masculin. Est-ce difficile pour une fille ou une femme de se lancer sur sa planche dans un skatepark ? Comment votre association tente d’y remédier ?

Au départ, l’idée était de faire des rencontres. Lorsque j’ai repris le skate en 2013, j’ai remarqué qu’il n’y avait rien qui était organisé pour les filles parce qu’effectivement, c’était un milieu majoritairement masculin. Par conséquent, l’idée première était de créer des événements pour mettre en place des rencontres. De fil en aiguille, c’est vrai qu’il y a certaines filles qui ont besoin de cours et qui n’osent pas se lancer toute seule. L’idée du skateboard, c’est d’aller sur un spot et de skater. C’est plutôt bienveillant, on apprend les uns des autres. En revanche, il y a deux barrières. La première, c’est tout simplement quand une personne débute, que ce soit un homme ou une femme, c’est toujours compliqué d’arriver dans un milieu qu’on ne connaît pas. Si on est tout seul et qu’on n’a pas de potes qui skatent déjà, c’est plus compliqué. Ensuite, quand on est une fille, le regard des personnes extérieures pèsent plus. On est en minorité. Les filles ont l’impression de supporter un double regard sur elles, celui du débutant et celui de la fille qui skate. Mais cette réalité se retrouve dans n’importe quelle activité où les filles se retrouvent en minorité.

Quels sont les projets futurs de l’association ?

L’idée est d’évoluer ensemble, d’apprendre des figures, de faire du bowl, faire du street, mais aussi se balader dans la rue ou apprendre à se déplacer. Mais depuis plusieurs années, ce qu’on aimerait bien proposer, ce sont des cours mixtes. Toutefois, il nous faudrait davantage de créneaux associatifs. Le principal problème est le cruel manque de professeurs diplômés. Globalement, que ce soient des professeurs masculins ou féminins, il n’y en a guère. Pour les femmes, on doit être 10 au total en France. Et l’association en compte déjà deux dans ses rangs : Randja Kanouni et moi-même.

L’année 2024 sera une année charnière pour le skateboard en raison de sa présence en tant qu’épreuve olympique. Est-ceune consécration pour le skateboard et pour l’association ?

Une consécration ? Je ne sais pas si j’irai jusque-là. Mais ça permet de mettre les choses à plat, notamment au niveau des récompenses ou des prize money. C’est ce que peuvent amener les compétitions internationales et fédérales. Puis, évidemment, ça donne une visibilité accrue pour le skate.