Pierre Vaultier : « Une opération à saluer largement »

PYEONGCHANG,SOUTH KOREA,15.FEB.18 - OLYMPICS, SNOWBOARDING - Olympic Winter Games PyeongChang 2018, Snowboard Cross, men. Image shows Pierre Vaultier (FRA) Photo: Mathias Mandl / Gepa / Icon Sport

Double champion olympique, champion du monde, sextuple vainqueur du Globe de Cristal, Pierre Vaultier a tout gagné en snowboardcross. Pas épargné par les blessures ces derniers temps, l’athlète français se reconstruit avant d’attaquer un objectif exceptionnel : décrocher un troisième titre olympique d’affilée, à Pékin en 2022. Pour SPORTMAG, il salue l’initiative de la Région Sud, pour des athlètes qui peinent de plus en plus à gagner leur vie.

Pierre, que pensez-vous des équipes olympiques mises en place par la Région Sud ?
C’est une opération qui est à saluer. On connaît – et c’est de plus en plus vrai – la précarité des athlètes de haut niveau, qui ont du mal à avoir un statut, des revenus fixes pour vivre et pour réinvestir de l’argent dans leur carrière. Cette aide de 3 000 euros est forcément la bienvenue, même si on est bien loin des besoins financiers que requiert une carrière de haut niveau. C’est déjà une opération à saluer largement de la part de la Région, qui investit dans le sport.

Quand on fait du sport à haut niveau, et notamment du snowboard, une saison doit coûter beaucoup d’argent…
Ça coûte très cher, même si cela dépend de plein de facteurs : des fédérations, des groupes nationaux à l’intérieur des fédérations, des sports. Moi je ne peux parler que de mon sport, le snowboard, peut-être élargir aux sports d’hiver, aux sports de glisse parce que j’ai des connaissances et que c’est mon environnement. Le ski et le snowboard sont des sports qui coûtent extrêmement chers, on a très souvent l’exemple de jeunes athlètes qui sont aux portes du haut niveau et qui sont obligés de mettre la flèche parce que ça coûte trop cher, parce que les parents ne peuvent plus suivre, parce qu’à leur âge les jeunes n’ont pas forcément de revenus. Il y a déjà une sélection par l’argent. Effectivement, ce type de solidarité de la part de la Région peut éventuellement gommer un peu ces inégalités, ce qui est tout à fait honorable. Si on doit parler de chiffres, un athlète qui a peu de revenus, qui est dans un groupe B (deuxième groupe) de la Fédération française de ski et qui est en lice pour une qualification aux Jeux olympiques, une saison va lui coûter entre 12 et 18 000 euros. C’est énorme et c’est à la charge en général des parents puisque les athlètes sont jeunes. Ou alors c’est à la charge de l’athlète, si celui-ci a des partenaires où s’il travaille à côté.

Les frais, ce sont les déplacements, les hôtels, le matériel ?
Il y a l’adhésion à la Fédération que l’on doit payer pour être dans les groupes. Souvent, c’est compensé par des aides personnalisées de l’État, mais pas dans sa totalité. Ensuite, il y a tous les frais annexes qui ne sont pas couverts par la Fédération. Grâce à l’adhésion, la Fédération prend en charge la quasi-totalité des frais. Mais une saison de Coupe du monde pour un athlète, ça coûte entre 50 et 60 000 euros. La Fédération en prend une très grosse partie. À côté, il y a des frais annexes plus personnels, comme le matériel, les frais de restauration et de déplacement pour rejoindre les points centraux de rendez-vous. Cela fait pas mal de frais qui s’ajoutent et, à la fin, avec l’adhésion à la Fédération, ce sont des chiffres à trois zéros.

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Par Simon Bardet