Short-track – Aurélie Lévêque : « On s’est tous pris dans les bras, c’était incroyable »

Hébergée depuis trois ans au Pôle France de Font-Romeu, la patineuse d’Échirolles (Isère) de 19 ans a intégré l’équipe de France senior cet automne. Trois mois plus tard, elle est devenue, le week-end dernier en Pologne, championne d’Europe de short-track en relais (sur 3 000 m), remportant une médaille d’or historique avec les Bleues. Elle raconte.

Comment êtes-vous devenue championne d’Europe ?
À la base, notre objectif était de finir dans le top 5, en gros de gagner la finale B. Et puis, grâce à deux très bons relais, on a réussi à se qualifier pour la finale, derrière la Russie. On dispute du coup la finale A et là on visait le bronze. Car sur le papier, les Pays-Bas et la Russie étaient les meilleures équipes. Pendant la course, durant les premiers tours, on était dans le peloton, bien placées, et on observait. Tout d’un coup, la Hollandaise a été gênée par la Russe et dans sa chute, elle a entraîné l’Italienne. Donc on s’est retrouvées deuxièmes, on passe la ligne à cette position et on remporte la médaille d’argent.

Donc vous étiez déjà aux anges, super contentes ?
Ah oui, on était ravies. Mais ce n’était pas fini : ensuite, les juges ont visionné la vidéo et ont décidé de déclasser la Russe pour avoir gêné la Hollandaise. Et donc on se retrouve sur la première place du podium. C’était magique. On venait de vivre une énorme émotion et deux minutes après, on a vécu une émotion encore plus forte. On a compris qu’on a décroché l’or, la pépite. Toute l’équipe des filles, mais aussi celle des garçons et notre staff, on s’est tous pris dans les bras, c’était incroyable.

Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
Beaucoup de bonheur et de fierté. Cette médaille d’or, c’est historique, ce n’est jamais arrivé en relais, c’est la première fois en Championnat d’Europe. Entendre la Marseillaise, toutes les quatre sur la plus haute marche du podium, c’est fabuleux. D’autant que c’était vraiment inattendu, personne n’aurait misé une pièce sur nous.

Quelques jours après, vous arrivez à réaliser ?
Quand je me remémore les moments, c’est vraiment incroyable : championne d’Europe à 19 ans lors de ma première compétition senior, j’ai parfois du mal à y croire. Et puis, je regarde ma médaille dans les mains et je réalise ce qu’on a fait. Pour moi, qui suis la plus jeune, la nouvelle du relais, c’est fou. Les trois autres (Tifany Huot-Marchand, Gwendoline Daudet et Aurélie Monvoisin) ont de l’expérience, moi je suis un peu la pièce rajoutée. (elle répète) C’était ma première compétition en senior, et pas n’importe laquelle, et déjà une première médaille… C’est génial !

Surtout que moins d’un mois plus tôt, vous n’auriez pas pu y participer, vous étiez blessée…
Oui, je me suis fait une lésion au quadriceps droit à l’entraînement en octobre. J’ai repris les séances pas longtemps avant la compétition. Mes coaches ont misé sur mon repos pour cet objectif. Je n’ai pas participé aux Championnats de France ni à l’Invitation Cup aux Pays-Bas pour me préserver pour les Europe. On a beaucoup travaillé avec les kinés en massage et en excentrique pour que je sois rétablie à temps. Je n’avais plus du tout mal en Pologne. Les coaches me faisaient confiance, ils me disaient que j’avais prouvé ma place au sein de l’équipe de France, notamment lors du stage de 2 semaines en Allemagne début octobre. C’était ma première session d’entraînement avec l’équipe de France senior.

Et trois mois plus tard, vous êtes championne d’Europe…
Oui, tout est arrivé très vite. C’est fou !

Quelles sont les prochaines échéances ?
Il va y avoir une manche de Coupe du monde aux Pays-Bas et surtout les Championnats du Monde, également aux Pays-Bas, en mars. Lesquels vont compter pour une qualification pour les JO 2022, même si les étapes de Coupe du monde de l’an prochain compteront aussi. On va avoir envie de faire honneur à notre titre et montrer de quoi on est capables.

Ce titre en relais vous donne-t-il des idées aussi en individuel ?
Oui, j’aimerais participer aux Europe l’an prochain, et puis aussi aux Coupes du monde, en individuel. Et puis, évidemment, il y a les JO et ça, c’est le Graal ! C’est un des objectifs que j’ai envie de réaliser à tout prix. Je vais tout faire pour le remplir.

Comment avez-vous commencé le short-track ?
J’ai commencé en 2010, à 9 ans. À la base, je faisais du rugby et du judo. Ma meilleure amie, Léa Cantero, faisait du short-track et m’a invitée à faire une séance au club d’Échirolles (le CGALE) alors que je n’avais jamais mis les pieds sur la glace ! Ça m’a plu et depuis je n’ai plus jamais décroché. En plus, ma coach Murielle Audemard avait été ma prof d’EPS en primaire. Un lien s’est mis en place entre nous. Elle m’a gardée sous son aile et on a avancé ensemble. Je l’ai eue au téléphone après notre titre, elle était en larmes, très fière. Elle a participé aux JO d’Albertville (en 1992). Je n’étais pas née mais j’aimerais bien suivre le même chemin.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud