Samuel Dumoulin : « J’ai toujours cette rage de vaincre »

À 36 ans, Samuel Dumoulin est rentré il y a quelques mois dans l’histoire du cyclisme. Premier coureur à remporter trois fois la Coupe de France, le capitaine d’AG2R La Mondiale n’a rien perdu de sa soif de vaincre et de son amour de la discipline. Entretien…

 

Samuel Dumoulin, à 36 ans, vous semblez plus fort que jamais…

C’est vrai que j’ai trouvé le bon équilibre entre force physique et expérience. J’ai également toute la confiance de mes coéquipiers, c’est aussi ce collectif soudé qui me permet de décrocher des victoires, même si je ne suis pas à 100% de mes moyens.

Votre expérience est-elle un atout ?

Oui, bien-sûr, elle me porte dans tous les aspects du métier. Que ce soit dans l’approche des entraînements, de la compétition ou encore dans la gestion de mes courses. L’expérience aide à faire les bons choix et à utiliser au mieux son potentiel. Ce sont les détails qui font la différence et plus on est expérimenté, plus on est attentif à cela.

Avec du recul, que est le meilleur souvenir de votre carrière ?

J’ai gagné une étape du Tour de France mais j’ai également remporté trois fois la Coupe de France. L’année dernière, alors que j’étais en pleine préparation de l’ouverture de mon commerce avec mon frère, je suis allé chercher cette victoire sur un sprint de 200 mètres lors de la dernière manche. C’est une immense fierté et une très grande joie de rentrer dans l’histoire avec ce titre. Toute l’équipe a participé à ce succès tout au long de la saison, c’était vraiment particulier. Après, c’est clair que le Tour de France, c’est également très intense.

Certaines étapes du Tour de France sont d’ailleurs d’une intensité incroyable. Notamment les étapes de montagne où les coureurs et le public ne font qu’un…

Je ne suis pas un grimpeur, je n’ai donc jamais connu cette adrénaline du coureur qui fend la foule pour aller jouer la gagne au sommet. Ce sont des images que l’on a tous en tête. Pour Romain (Bardet) par exemple, qui était seul dans la dernière montée lors de sa victoire à Saint-Gervais Mont-Blanc l’année dernière, ça devait être fantastique. On a une chance exceptionnelle de vivre ces moments-là, même si on a du beaucoup travailler pour y arriver. Au fur et à mesure des courses, les souvenirs disparaissent un petit peu. Mais il nous reste des images, des flashs. Avec le temps ils diminuent, mais les émotions restent.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

De continuer à me faire plaisir et à gagner des courses. Quand je lève les bras, j’ai toujours cette rage de vaincre. C’est toujours autant de plaisir, de bonheur et d’adrénaline. J’espère que l’on pourra construire de belles victoires avec mes coéquipiers. Je suis capitaine de l’équipe, je dois montrer la voie mais j’aimerais aussi pouvoir faire gagner les copains. Si on pouvait remporter le Tour de France avec Romain, ce serait formidable. À titre personnel, j’espère gagner une quatrième fois la Coupe de France.

On vous sent très attaché à cette compétition…

Oui, ce sont des courses que je maîtrise. Je suis également conscient que sur des épreuves de plus haut-niveau, je suis un peu limité. Ce que j’aime, c’est gagner. C’est pour cela que je préfère faire des courses où j’ai ma chance plutôt que de participer à des classiques et viser la dixième place. J’ai 36 ans, si je fais du vélo, c’est pour vivre des moments intenses. J’ai conscience de mes capacités et cet objectif de la Coupe de France me permet d’avoir un fil conducteur tout au long de la saison. Collectivement, cela permet également à des jeunes de rouler pour la victoire. On prend toujours beaucoup de plaisir dans cette compétition.

Après toutes ces années de carrière, vous semblez avoir conservé ce même plaisir et cette même envie de gagner…

C’est assez improbable mais c’est le cas. J’extériorise cette rage de vaincre dès que je gagne. Quand on libère cette joie sur la ligne d’arrivée, c’est une émotion particulière. J’adore ces moments-là !

Vous avez ouvert il y a quelques mois une boulangerie – pâtisserie avec votre frère. Êtes-vous devenu meilleur dans ce domaine que dans le cyclisme ?

Hier, j’ai essayé de faire du pain et il vaut mieux que je reste dans le vélo (rires). En tout cas, je prends énormément de plaisir avec mon frère. Nous avons un concept de boulangerie – pâtisserie haut de gamme. J’attends impatiemment les beaux jours pour que l’on soit un point de ralliement pour de nombreux cyclistes afin d’échanger sur cette passion commune. J’espère qu’ils viendront nombreux pour profiter du lieu.

Propos recueillis par Bérenger Tournier