Romane Pintard au galop !

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Championne de France As Poney 1 Excellence de saut d’obstacles cette année, Romane Pintard a réalisé un rêve : gagner avec son poney de cœur. Portrait de la jeune cavalière de 18 ans, qui voue une passion sans faille aux chevaux.

C’est l’histoire d’un coup de foudre. Celui d’une jeune fille pour l’équitation. « Depuis toute petite, j’ai eu envie de galoper (rires), glisse Romane Pintard. J’ai eu la chance d’avoir mes parents qui ont toujours été à fond derrière moi. Quand j’étais toute petite, ils m’ont offert un poney shetland avec lequel j’ai pu me mettre en selle lorsque je n’avais pas encore l’âge d’aller en club. Ma mère a été cavalière il y a longtemps, elle connaissait donc les chevaux. Au début, elle m’a donné beaucoup de conseils. Elle m’a tout de suite suivie dans cette passion, car ça a été la sienne aussi. Elle m’a inculqué beaucoup de valeurs, dont celle du travail. » Une mère présente au côté de Romane Pintard lorsque nous l’interviewons, aidant sa fille à remonter le fil des événements de sa jeune carrière. « Mes parents m’ont toujours donné la possibilité d’avoir des cours. Vers 11 ans, on a commencé à prendre des demi-pensions dans des poneys-clubs, puis des pensions complètes. Dès que j’avais des vacances, je les passais dans une caravane au centre équestre, raconte la jeune cavalière. Au début, c’était avant tout du plaisir. Puis j’ai commencé à prendre part à des concours. J’ai eu une période où j’ai fait une mauvaise chute quand j’étais petite, du coup j’ai eu un petit peu peur. Dès que j’ai repris confiance, vers 10 ans, on a commencé à bien travailler avec mon ancienne coach. Une fois que je suis tombée dedans, il y a eu une vraie passion pour les concours. » Les années s’enchaînent. Pour Romane, l’envie de participer à des compétitions de plus haut niveau est grandissante. Mais pour cela, il est nécessaire de trouver une monture adaptée. Alors qu’elle n’a que 16 ans, Romane Pintard vit le premier tournant important de sa jeune carrière, et peut-être même de sa vie.

« Beaucoup d’années de travail, avec des succès et des échecs »

« Lorsque j’ai eu 16 ans, j’ai eu la chance d’avoir Champion d’Ivi Duthot, qui est toujours mon poney à l’heure actuelle. J’ai eu énormément de chance d’avoir ce poney. Le meilleur ami de mon père l’a acheté et l’a mis à notre disposition. Ça a été la chance de ma vie, je ne pensais jamais avoir un poney de cette qualité-là », confie Romane Pintard. Une chance… qui a mis du temps à se dessiner. « Avec ce poney on a eu une année un peu compliquée, ça a été un peu chaotique la première année. On a passé un an à faire beaucoup de dressage, j’ai fait beaucoup de balades et de lien à pied avec. Au bout d’un an, on a commencé à bien s’entendre. Et c’est là qu’on a rencontré Victoire Darcelier, ma coach. C’est elle qui a opéré un vrai déclic. On a commencé à avoir une grosse progression et cette année, avec ce titre de championne de France, c’est l’aboutissement de tout ce travail et cette belle relation avec Champion. » L’été dernier, la jeune femme participait en effet au championnat de France As Poney 1 Excellence de saut d’obstacles. 76 couples au départ, dont Romane Pintard et Champion d’Ivi Duthot. Le duo, qui s’élançait pour la dernière fois sur un championnat de France sur poneys du fait de la limite d’âge, est le seul à réaliser le score parfait et empoche la médaille d’or. « C’était fou ! J’ai eu plein de souvenirs qui sont remontés, cela représente beaucoup d’années de travail, avec des succès et des échecs, témoigne une Romane Pintard émue. J’ai pensé à toutes ces années et à cette histoire avec Champion, qui est une histoire magique. C’est un poney d’exception, j’avais juste envie de lui dire merci. »

« Je mets des mots sur tout ce que je ressens »

Un titre de championne de France intervenu peu après un autre grand moment : celui du passage du baccalauréat. « Je crois que ça a été l’année la plus chargée et dure de ma vie, confirme la cavalière. J’étais en bac S et ça a été très dur, j’étais dans une classe où beaucoup étaient très en avance sur moi, étant donné que j’avais au moins trois heures par soir dédiées à l’équitation. J’avais, en plus, une heure de route entre le lycée, le cheval et chez moi. Je travaillais très tard, je me couchais très tard, ce qui a conduit à une année où je n’avais pas de très bonnes notes. En revanche, pendant les vacances qui étaient juste avant le bac, j’ai vraiment travaillé à fond. L’organisation a été assez compliquée, mais j’ai tout de même eu le bac. Avec la mention assez bien en plus ! » Depuis la rentrée, Romane Pintard a commencé une formation en alternance du côté du club de Lauret, dans l’Hérault, pour préparer un BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse de l’éducation populaire et du sport). « Mes études se passent très bien ! Je me régale et j’apprends beaucoup de choses. Je ne savais pas si j’allais aimer enseigner, mais je m’éclate vraiment. Ça me fait aussi beaucoup progresser techniquement, je mets des mots sur tout ce que je ressens. Je n’y suis pas allée pendant un mois, car j’ai eu un accident avec Champion. Il m’est tombé dessus en balade, je me suis cassé la clavicule gauche et le pied. Tout de suite après la chute, je me suis surtout inquiétée de savoir si le cheval allait bien. J’ai commencé à pleurer en me disant que je n’allais plus pouvoir monter à cheval pendant une certaine période. J’ai passé un mois en fauteuil roulant, mais là ça y est, je bouge à nouveau ! »

« Le but est toujours de progresser le plus possible »

Tout en poursuivant ses études, Romane Pintard se projette également sur la suite de sa carrière de cavalière. « On va racheter Champion au propriétaire. Puis on va le garder jusqu’en septembre 2023, avant de le mettre en location. Je sais que ça aurait été plus raisonnable de le vendre, mais il est tellement exceptionnel et attachant. On va pouvoir veiller sur sa carrière sportive et ensuite il va passer sa retraite à nos côtés. Avant ça, j’aimerais participer au championnat E-Elite, ce sont des épreuves poney, mais avec des adultes. Ça va me permettre de finir ma saison avec lui et de ne pas rester sur cet accident, confie la jeune femme, qui monte également Kastello. Avec lui aussi, les débuts ont été compliqués ! Kastello a un passif, c’est un cheval qui a été débourré assez tard. Il a fait cheval de commerce, il a changé de famille en permanence. Lorsqu’on l’a récupéré, il n’était pas stable mentalement et émotionnellement. Les débuts ont donc été très compliqués, d’autant que je n’avais pas encore le niveau pour cette technicité de cheval. Au début, je n’arrivais rien à en faire », avoue même Romane Pintard. « Du coup, ça a été énormément de remise en question. À un moment, j’ai pris conscience du fait qu’il fallait qu’il me fasse confiance. J’ai voulu écouter mon cheval pour qu’il prenne plaisir à travailler. Ça a été dur, il y a eu pas mal de larmes, mais aujourd’hui, ce n’est que du plaisir. Avec lui, on va essayer de participer au championnat amateur, si on est prêt. Il y a une vraie progression avec ce cheval, mais nous n’avons pas encore de très bons résultats. Je pense que les résultats ne vont pas tarder à venir, car la progression est là. Avec lui, j’aimerais évoluer le plus possible sur les épreuves amateurs. J’aimerais également m’ouvrir au concours complet. » Pour Romane Pintard, « le but est toujours de progresser le plus possible. De participer à des internationaux, à des épreuves de 1m35 ou 1m40, ce serait super. Il y a beaucoup de chemin pour arriver jusque-là, mais je pense qu’avec du travail, on va y arriver. » Le travail, une valeur essentielle aux yeux de Romane Pintard, qui se confie également sur un projet à long terme. « On aimerait ouvrir une écurie de propriétaires, permettant d’offrir de belles conditions de vie aux chevaux, en obtenant notamment le label EquuRES sur le bien-être animal. » Un projet où l’amour de la jeune femme pour le cheval sera une nouvelle fois central.