Roger Vachon : « Les gens retrouvent le goût du judo »

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Rentrée sportive, relations avec le mouvement sportif et la sphère politique, quête de nouveaux publics, événements, haut niveau… Président de la Ligue Île-de-France de judo, Roger Vachon aborde ces différents sujets à moins de deux ans de Paris 2024, échéance qui s’annonce décisive en vue d’une dynamique positive sur le long terme.

Quel bilan faites-vous de la rentrée de la Ligue Île-de-France de judo ?

Au niveau des licences, la rentrée a été très positive. Nous sommes revenus au niveau d’il y a trois ans, soit environ 68 000 licenciés. Je pense que la dynamique est très bonne, les gens retrouvent le goût du judo et font leur retour dans les clubs. La période de crise sanitaire avait marqué un vrai coup d’arrêt pour la pratique de notre discipline. Cette fois, la reprise est vraiment actée. C’est un aspect important, car les licences demeurent la plus grande source de revenus pour la Ligue. Dans les meilleures années, l’Île-de-France représentait 20% des licenciés au niveau national. Dans l’idéal, on aimerait atteindre de nouveau les 80 000 licenciés.

« Instaurer une dynamique durable »

Quels sont les éléments qui ont permis de retrouver une dynamique positive ?

Je pense évidemment que les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo ont joué un rôle important. Le haut niveau, c’est toujours capital en termes d’image pour faire parler de la discipline et attirer de nouveaux publics vers notre sport. Pendant deux ans, les gens n’ont pas pu s’exprimer à travers le judo, ils avaient donc hâte de retrouver le chemin des tatamis. Et puis il y a des choses intéressantes qui ont été mises en place, comme le Pass’Sport, qui favorise l’accès à la pratique physique et sportive et le retour dans les clubs. Sans oublier des acteurs comme les Comités départementaux et la Région Île-de-France qui ont mis le paquet pour que l’on retrouve cette dynamique positive. Désormais, c’est une dynamique à entretenir. Nous avons retrouvé le niveau qui était le nôtre avant la Covid-19, c’est bien. Mais se développer et aller plus loin, c’est également important.

Pour y arriver, les clubs sont évidemment au cœur de la politique mise en place…

L’idée, c’est de beaucoup s’appuyer sur les clubs. Nous avons mis en place des plans de sauvegarde pour aider et sauver des clubs en difficulté. Maintenant que beaucoup de clubs ont sorti la tête de l’eau, on peut avancer sur le développement du judo, la mise en place d’événements et la volonté d’instaurer une dynamique durable, qui s’appuie sur Paris 2024, mais qui ne se limite pas à ce rendez-vous.

Ce qui est positif, c’est que tout le monde avance dans le même sens. 2024 arrive très vite, on ne peut pas se permettre de se disperser entre les différents acteurs. Certains ont fait de gros efforts, je pense en particulier à la Région Île-de-France, qui est un grand pourvoyeur de moyens. Sans la Région, on ne pourrait rien faire. C’est une aide considérable pour 2024, bien sûr, mais aussi au quotidien dans le soutien aux clubs et dans les différents projets que nous souhaitons mettre en place.

« On met le paquet sur le para judo »

Quels sont les événements qui vont marquer l’année du judo francilien ?

En termes d’événements, il y a l’European Cup que nous avons organisée la saison passée à Nanterre et qui fera son retour. Ce sont de jeunes judokas et judokates qui sont au cœur de cette organisation, c’est un événement formidable qui a connu un vrai succès lors de l’édition précédente. Certains qui ont brillé à Nanterre seront peut-être là aux Jeux olympiques de Paris, c’est une belle manifestation qui assure la promotion du judo chez les jeunes. On met aussi le paquet sur le para judo. Nous avons déjà mis en place des organisations avec des entreprises comme Carrefour. La Région Île-de-France nous pousse dans cette direction, donc la Ligue entend continuer de développer le para judo le plus possible. C’est un sujet sur lequel nous sommes un peu en retard, et nous avons à cœur de rattraper nos lacunes. Nous avons d’ailleurs recruté une personne dédiée au para judo.

Comment aller chercher de nouveaux publics et les attirer vers le judo ?

Parmi les projets importants, on essaye de se rapprocher des écoles privées, où le judo est très peu implanté. Or, en Île-de-France, les écoles privées représentent un potentiel de pratiquants énorme. On a signé un partenariat avec le lycée Passy Saint-Honoré. Nous avons monté une section judo avec des aménagements d’horaires. Je pense que c’est une bonne chose et une belle avancée. Cela montre qu’il n’y a pas uniquement le haut niveau, il y a aussi des métiers où on doit rentrer dedans, où la pratique du judo a toute sa place. C’est évidemment une thématique sur laquelle nous allons continuer à nous pencher.

« Il faut se poser les bonnes questions pour 2028 »

Il y a aussi cette thématique du haut niveau, l’Île-de-France est-elle en pointe sur ce sujet ?

L’Île-de-France représente 95% des résultats de haut niveau sur le plan national. Notre territoire est donc essentiel. Sur les derniers championnats du monde, malheureusement, les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Les filles ont été performantes, même si ça aurait pu être mieux. Les garçons sont passés à côté. Certes, des têtes d’affiche étaient absentes lors de cette compétition. Mais il faut tout de même se poser les bonnes questions pour 2028. Il y a un vrai questionnement à avoir sur le haut niveau et sur l’encadrement, pas seulement en Île-de-France, mais aussi au niveau national. Ce n’est qu’en se posant les bonnes questions que l’on pourra être à nouveau performants.

Les clubs franciliens ont-ils opéré cette remise en question ?

Je pense qu’en Île-de-France, les clubs font leur travail, les comités aussi. Il y a beaucoup de remise en question. Il est important que tout le monde réfléchisse ensemble, une réflexion est nécessaire pour le moyen et long terme. De plus petits pays que la France, avec moins de moyens, performent mieux, notamment chez les garçons. Ce n’est pas normal et c’est un sujet sur lequel il faut se pencher.