Renaud Clerc : « Je me sens très confiant »

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Sélectionné pour les prochains championnats du monde de para athlétisme, Renaud Clerc se confie à quelques semaines de l’événement du côté de Paris.

À seulement quelques semaines de la compétition, comment vous sentez-vous ? 

Je me sens très bien, très confiant. Je progresse très vite et je sens que je ne suis pas encore arrivé à mon pic de forme. C’est déjà un bon signe qui laisse présager de très bonnes choses pour les championnats du monde.

Sur quoi s’est axée votre préparation ?

On espère une très bonne performance sur ces championnats. Hormis le développement côté vitesse et aérobie, je n’ai pas axé ma préparation sur quelque chose de spécifique, j’ai simplement essayé de tout optimiser pour que tous les voyants soient au vert. On essaye aussi de se préparer à la chaleur.

Quelles sont vos ambitions pour ces Mondiaux  ?

Mon objectif est d’atteindre la finale. Après, une fois en finale, on sait que tout peut arriver. La première étape est de faire un top 8, soit finaliste au championnat du monde. C’est quand même quelque chose. Ensuite, je regarde tout particulièrement le top 6 et le top 4, car ce sont des minima pour se qualifier presque directement aux Jeux paralympiques. Mais je pense qu’à mon jeune âge, faire un top 6 serait déjà un résultat plus que satisfaisant.

Un championnat à domicile représente-t-il des enjeux différents pour vous ?

Oui, bien sûr, ça représente différents enjeux. On a la chance d’avoir ce test un an avant les Jeux de Paris, c’est important de l’exploiter au mieux sportivement. Par ça, j’entends que, hormis la performance des athlètes, les instances à nos côtés doivent aussi être performantes pour pouvoir utiliser cet événement comme marqueur de l’évolution de l’athlétisme handisport dans le paysage du sport français. Il est important de permettre aux gens de s’identifier à nous et de leur montrer que l’athlétisme handisport n’est pas un sous sport. C’est un sport de haut niveau comme un autre qui prône aussi des valeurs importantes.

« Je suis en pleine phase de reconstruction par rapport à l’entraînement et à la compétition »

Parvenez-vous à trouver l’équilibre entre la pratique du sport et vos études ? 

C’est un équilibre qui est assez difficile à trouver parce que ce sont des études qui demandent beaucoup de temps. Cette année mon emploi du temps était assez chargé, je me levais très tôt le matin et je m’entraînais deux fois par jour. À seulement un mois des championnats du monde et à quelques mois des Jeux, il faut savoir prioriser ce qui semble le plus important. C’est pourquoi j’ai fait le choix de me tourner vers le sport et de mettre mes études légèrement de côté pour l’instant. L’idée derrière, c’est d’être très performant et de pouvoir gagner des médailles. Je reste toutefois très attaché aux études et je vais continuer à étudier, seulement à une fréquence plus moindre.

Quelles sont vos perspectives pour Paris 2024 ?

Ce sera quelque chose à voir après les Mondiaux. À 22 ans, je me donne principalement des objectifs très succincts et à court terme, mais j’ai aussi une vision à long terme. Je suis en pleine phase de reconstruction par rapport à l’entraînement et à la compétition donc j’ai besoin de voir une étape après l’autre. Mes plans pour Paris 2024 sont déjà préparés, je les mettrai en pratique juste après les championnats du monde. Le but, c’est vraiment de faire un très bon championnat pour me rapprocher des minima pour les Jeux 2024. Ensuite, il faudra faire mieux aux Jeux qu’aux championnats du monde, entre top 3 ou top 5, pour honorer mon entourage, moi-même et plus généralement tout le travail accompli.

Comment envisagez-vous l’avenir au sein du para athlétisme ? 

Lorsqu’on est sportif de haut niveau, c’est bien d’avoir des performances et des médailles, mais quelques jours après ça ne sert plus à rien. Le but, c’est vraiment de venir partager, raconter, inspirer les gens qui nous écoutent et de montrer qu’il est possible de mettre des choses en place. Le sport et le sport paralympique peuvent être porteurs de valeurs et de messages politiques pour les personnes en situation de handicap. Nous, sportifs paralympiques, devons être porteurs de messages et de discours rationnels pour les personnes en situation de handicap. Il ne faut pas rationaliser le handicap par rapport au sport paralympique. Aujourdhui, le handicap reste un vrai frein au quotidien, car la société n’est pas encore adaptée.

Qu’espérez-vous que ces Mondiaux vont changer pour le handisport et pour les sportifs en situation de handicap ?

Il faudra faire les comptes après les Mondiaux, même si je ne pense pas qu’ils soient les seuls porteurs de changements. J’aimerais que les responsables politiques viennent sur place et se rendent compte de ce qu’est réellement le sport paralympique. Ce que je souhaite, c’est la reconnaissance du paralympisme et du handisport en termes de respect de la discipline, certes, mais aussi en termes d’argent. Ça peut paraître bête, mais beaucoup de sportifs craignent qu’après Paris 2024, les subventions et les moyens accordés au handisport retombent. Ce que nous visons, c’est la pérennisation de cette discipline et j’espère que les championnats du monde pourront être une première étape sur le chemin qui mène aux Jeux de 2028.

Propos recueillis par Valentine Vernouillet