Pierre Houin : « Je ne me lasserai jamais d’une victoire »

Pierre Houin during JNSS Journee Nationale du Sport Scolaire UNSS in Paris on September 14th 2016 Photo : Anthony Dibon / Icon Sport

Son palmarès est incroyable. À seulement 24 ans, Pierre Houin a déjà remporté tous les titres possibles et inimaginables. Retour sur les derniers mois d’une véritable star de l’aviron…

 

Pierre, comment avez-vous abordé cette période souvent redoutée de la préparation ?

Assez sereinement. Déjà parce que c’est la seule où je ne suis pas en régime, ce qui est plutôt agréable (rires). Et puis cela me permet d’encaisser un peu mieux les entraînements pendant la saison estivale. J’ai toujours aimé m’entraîner, je ne prends pas cela comme une contrainte mais plutôt comme une manière de construire mes performances futures. D’autant que nous avons chaque année deux tests à l’ergomètre que tous les sportifs redoutent. C’est un moment compliqué mais essentiel car ces tests constituent des points intermédiaires très importants dans ma saison. Après, je ne vais pas mentir, c’est évident que je préfère la saison estivale. Mais je ne fais pas partie de ceux qui dépriment pendant l’hiver.

Vous avez remporté l’or olympique en 2016. Un sacre aux JO peut-il changer une vie, ouvrir des portes ?

Même si les choses se sont calmées et que mon quotidien ressemble à celui que j’avais avant, certains choses ont changé. Mes projets ne sont plus les mêmes, mon statut non plus. Après, il ne faut pas croire non plus que ça ouvre toutes les portes. Il faut être opportuniste, savoir ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Tout dépend également du contexte, de la discipline, des relations que l’on a. Après les Jeux, nous n’avions pas tous les mêmes cartes en main. Donc oui, je dirais que ça ouvre des portes, mais pas les mêmes pour tout le monde.

Depuis ce titre olympique, beaucoup de choses se sont passées avec la fin de carrière de votre partenaire, Jérémie Azou. Avez-vous le sentiment de ne pas être allé au bout de cette histoire ?

Oui et non. D’un côté, je dirais non car on a gagné tous les titres possibles ensemble. On a déjà écrit un bouquin avec à chaque fois des chapitres différents. On aurait pu en écrire d’autres mais ils auraient été identiques. Après, je pense également qu’on aurait pu aller encore bien plus loin. On commençait seulement à être en pleine possession de nos moyens, on continuait à progresser à chaque course. Je nous sentais vraiment capables d’avoir de plus en plus de marge sur nos adversaires. Finalement, ce qui est dommage, c’est que nous ne soyons pas de la même génération, même s’il m’a déjà transmis tout ce qu’il a pu. J’étais prêt à reprendre le flambeau, j’aurais aimé surfer sur la vague encore quelques temps.

Vous avez encore remporté un titre national dimanche dernier en skiff poids légers, le seul qu’il manquait à votre incroyable palmarès. Avez-vous la crainte d’être un jour lassé par les victoires ?

Non, jamais. Je ne me lasserai jamais d’une victoire. Je m’entraîne pour ça, c’est comme si tu demandais à quelqu’un s’il sera lassé un jour d’être payé à la fin du mois. Les titres, c’est pour cela que je travaille et que je m’investis depuis toutes ces années.

Enfin, un dernier mot sur l’aviron en France. Quel est votre regard sur l’évolution de la discipline ?

Elle fait son petit bonhomme de chemin en France, elle n’explose pas en nombre de licenciés mais ne sombre pas non plus dans l’anonymat. C’est une discipline qui fait parler de plus en plus d’elle, mais petit à petit, à son rythme. Un petit peu à l’image du biathlon mais dans une moindre mesure. Quand il y a un championnat du monde ou les Jeux, les projecteurs sont braqués sur nous. Et comme on réalise souvent de bonnes performances, on gagne un petit peu en notoriété. Surtout qu’elle renvoie vraiment une bonne image, et ça, c’est très important. Il faut continuer à travailler et ne pas oublier qu’il y a beaucoup d’autres sports qui peuvent également émerger. Il faut savoir partager le gâteau et ne pas avoir des ambitions trop grandes. Je suis le premier à dire que c’est sympa à regarder mais également que ça peut parfois être chiant à voir, et même encore plus chiant à pratiquer (rires). Je ne cherche pas à ce qu’on explose et qu’on devienne de supers stars, et c’est aussi ce facteur qui fait que nous conservons notre authenticité, ce côté simple.

Propos recueillis par Bérenger Tournier