Hockey sur glace – Philippe Bozon : « Une vraie motivation pour les JO »

KLAGENFURT,AUSTRIA,08.FEB.20 - ICE HOCKEY - Oesterreich Cup, international match, Norway vs France. Image shows Guillaume Leclerc (FRA). Photo: GEPA pictures/ Daniel Goetzhaber Photo by Icon Sport - Guillaume LECLERC - (Autriche)

L’équipe de France de hockey sur glace va vivre coup sur coup un championnat du monde où l’objectif est de remonter en Elite et un tournoi de qualification olympique pour Pékin 2022. L’entraîneur des Bleus, Philippe Bozon, fait le point sur le travail effectué.

 
Quel est votre bilan du tournoi de Klagenfurt (défaite face au Danemark 1-6, victoire contre la Norvège 2-1 tab) ?
Au niveau des résultats, le bilan est mitigé. L’objectif n’était pas uniquement de faire un résultat, on avait dans la semaine à consolider le travail qu’on avait fait au mois de novembre. Notre préparateur mental est venu en immersion dans le groupe pendant trois jours, il a tenu des réunions et il y a eu beaucoup d’entretiens. La qualité des entraînements était très bonne, et on a été un peu surpris du non-match contre le Danemark par rapport à la semaine qu’on avait eue, qui avait été excellente. Cela peut aussi s’expliquer par tout ce travail, qui a demandé pas mal d’énergie mentale et qui a peut-être un peu vidé les gars. Le lendemain, on a bien réagi contre la Norvège, on était bien présent dans l’attitude. Le contenu de la semaine reste très intéressant et important.
 
Il n’y a donc pas d’inquiétude particulière quelques mois avant le Mondial ? Vous vous attendiez à être à ce niveau-là ?
Non, pas d’inquiétude, la dynamique à l’entraînement était vraiment bonne, il y avait une bonne intensité. Le groupe participait bien aux échanges, beaucoup de joueurs ont demandé des entretiens, on a senti que c’était un vrai besoin. Maintenant, dans le jeu, il a encore fallu changer un peu le groupe après une défection de dernière minute. On essaye tout de même de consolider le travail effectué au mois de novembre.
 
J’imagine que c’est un casse-tête de faire l’équipe, en devant se passer à chaque fois de nombreux joueurs…
Oui, je vous avoue que c’est compliqué et un peu frustrant. On a une idée d’une liste que l’on couche sur papier et, à la fin, pour différents problèmes (les blessures, les gens qui ont des problèmes dans les clubs), on change entre 6 et 8 joueurs. C’est beaucoup, mais c’est la réalité pour toutes les nations. Cela permet aussi de voir d’autres joueurs, c’est le point positif. Et on sait que le gros du travail aura lieu lors de la préparation avant le Mondial. Mais ce qui se passe en février, ce sera surement le cas aussi lors du championnat du monde. C’est une manière de se préparer à ça.
 

 

« Se concentrer sur notre jeu »

 
Quelle est la suite de la préparation avant les Mondiaux ?
On va commencer la préparation à partir du 29 mars. On a une première semaine à Cergy, qui va être l’occasion de remettre tout le monde à niveau physiquement, de voir qui est disponible et qui est éliminé. C’est l’état des lieux. Dans un deuxième temps, on a un bloc qui comprendra deux matches en Russie et deux matchs contre la Lettonie à Epinal. On devrait être assez proche de l’équipe qui jouera le Mondial, indépendamment des play-offs de tout le monde à l’étranger, et des joueurs NHL qui ne seront toujours pas disponibles. Après ça, on aura une petite pause, et on reprendra directement en Slovénie, avec un dernier match de préparation contre l’Autriche quatre jours avant le début du Mondial.
 
Quel sera l’objectif pour ce Mondial ? Remonter tout de suite en Elite ?
Oui, c’est l’objectif qui a été fixé, c’est important pour nous de remonter, et on va essayer d’y arriver.
 
Quels seront vos principaux adversaires ?
Bien évidemment l’Autriche. On n’a pas joué contre eux, mais on a vu leurs matches. Ils ont fait deux excellents matches où ils ont gagné contre le Danemark et la Norvège. C’est une équipe qui est en train de changer un peu d’effectif. Ils profitent de la dynamique des 20 ans, qui sont montés. Ils ont de jeunes joueurs avec beaucoup de patinage et d’agressivité. Ils ont été très performants, donc c’est un gros adversaire. Mais on a aussi vu les résultats des qualifications. La Hongrie, qui est dans notre groupe, s’est qualifiée pour le tournoi olympique. La Slovénie, chez elle, ça ne sera pas facile. La Corée du Sud a eu précédemment de bons résultats aussi. Dans ce groupe-là, ça ne sera pas évident, mais on doit se concentrer avant tout sur notre jeu.
 

 

« Lettonie, Italie et Hongrie sur la route des Jeux olympiques »

 
La France est actuellement à la 13e place mondiale. Jusqu’où peut-elle grimper ? 
Le Top 8 (Canada, Russie, Finlande, Suède, République tchèque, Etats-Unis, Allemagne, Suisse) est très difficile à aller chercher. Ces équipes sont là depuis des années, et le Top 8 bouge très rarement. Pour nous, l’idée est de remonter dans l’Elite et de se rapprocher des équipes qui sont entre la 9e et la 12e place.
 
Comment se dérouleront les qualifications pour les Jeux olympiques l’an prochain (le Top 8 mondial et la Chine sont qualifiés d’office) ?
La qualification est au mois d’août pour la deuxième fois. D’habitude, c’était en février. Cela permet aux nations de pouvoir utiliser leurs joueurs NHL. Pour nous, cela se déroulera en Lettonie, qui est le pays le mieux classé (les pays classés 9e, 10e et 11e reçoivent). Et nous connaissons nos adversaires. En plus de la Lettonie, il y aura l’Italie et la Hongrie. C’est un tournoi à quatre équipes et seul le premier se qualifie pour les Jeux olympiques.
 
La qualification, c’est jouable pour les Bleus ? La dernière participation de l’équipe de France date de 2002…
Effectivement, on a un double objectif cette année : les championnats du monde et les qualifications olympiques. Les deux vont ensemble. Depuis trop longtemps maintenant, la France n’a plus participé aux Jeux olympiques. Je sens chez les joueurs une vraie motivation pour essayer de qualifier.
 

 

« On a besoin de moyens financiers »

 
Comment se passe le travail avec la Fédération ? Sentez-vous une volonté de développer le hockey sur glace en France ?
Nous sommes une Fédération assez jeune encore, on s’est séparé des sports de glace (FFSG) il y a une dizaine d’années maintenant. Le nerf de la guerre, ce sont toujours les budgets, les financements. Dans le sport en France maintenant, ça devient de plus en plus compliqué avec la création de ce groupe centré sur la performance géré par Claude Onesta. Il nous faut des moyens, on a besoin de moyens financiers pour essayer de mettre en place notre projet. A la Fédération, on essaye en tout cas d’impulser une dynamique identique pour les Seniors et les 16 ans. Que l’on puisse avoir des choses communes qui soient travaillées pour progresser et faire évoluer notre hockey.
 
Justement, chez les jeunes, quel est le niveau de performance ? 
Je ne vais pas vous le cacher, au niveau des résultats, nous sommes un peu en difficulté. Contre les nations avec lesquelles on rivalisait – le Danemark, la Norvège, la Lettonie – on a un peu plus de mal dernièrement. On a pris un peu de retard, et ce sont les équipes derrière qui poussent très fort, grâce à de gros plans de développement. Il faut qu’on réagisse, qu’on relance une dynamique et qu’on puisse raccrocher le bon wagon chez les jeunes.
 
Le hockey souffre-t-il de la concurrence en France ?
Le hockey est une culture dans certains pays, qui sont les meilleures nations mondiales. Le hockey sur glace est dans le Top 3 ou dans le Top 5 de ces pays-là, c’est un sport très important. Il n’y a pas de secret. En France, ce n’est pas le cas. C’est difficile à vivre. On sait qu’en France, le football vampirise beaucoup de choses. Après, il y a le rugby et d’autres sports qui marchent très bien aussi. C’est compliqué. D’autres pays sont aussi un peu plus sportifs que nous et ont lancé de beaux projets avec des finances à côté, de belles dynamiques chez les jeunes. C’est la réalité des choses. De notre côté, il faut trouver les moyens d’avancer.
 

Propos recueillis par Simon Bardet