Perle Bouge : « Je suis une compétitrice dans l’âme »

Médaillée paralympique à Londres (2012) et Rio (2016), Perle Bouge vise la passe de trois, dans quelques semaines, à Tokyo. Candidate sérieuse au rôle de porte-drapeau pour les prochains Jeux Paralympiques, la rameuse française a déjà pu se rassurer avec une belle médaille de bronze en avril dernier lors des championnats d’Europe.

Perle, quel bilan faites-vous des championnats d’Europe, où vous avez décroché le bronze dans la catégorie PR2 ?
La compétition a été rassurante, car le bateau a pris un cran sur cette compétition. J’avais plutôt l’impression, même si ça évoluait, qu’il manquait quelque chose. La catégorie PR2 est très dense. Hormis la première place qui est réservée aux Anglais, il reste deux places pour énormément de nations. On savait qu’on allait jouer la troisième place, et qu’on serait plusieurs bateaux à la lutte. On avait surtout une revanche à prendre par rapport à l’année dernière, où on était complètement passé à côté de notre championnat d’Europe.

Cela n’a pas dû être simple de se préparer avec la crise sanitaire…
On a la chance en France de ne pas avoir des conditions d’entraînement trop contraignantes pour les sportifs de haut niveau. Je m’entraîne tous les jours, on peut aller au club, se déplacer en stage. Hormis les tests PCR qui sont demandés, on a la chance de pouvoir s’entraîner. Le petit bémol, c’est l’absence de compétitions et de confrontations en France, et le peu de compétitions à l’étranger pour pouvoir se jauger. L’entraînement, c’est bien, mais on a quand même besoin de repères, surtout l’année des Jeux. C’est ça qui peut être embêtant, mais nous sommes tous dans la même situation. Il faut voir le positif pour continuer à travailler et à progresser.

« Accompagner la jeune génération à Paris »


Les Jeux Paralympiques de Tokyo vont arriver vite. L’objectif, c’est la troisième médaille consécutive ?
SI je pars aux Jeux, c’est pour aller chercher une médaille, car je suis une compétitrice dans l’âme. Le but est aussi de partager mon expérience et permettre à mon coéquipier de vivre ses premiers Jeux. Accepter le projet avec quelqu’un de nouveau pour qu’il puisse vivre ça, et tenter d’avoir une médaille que j’ai déjà eue deux fois. Ces Jeux auront une saveur particulière, sans public européen, donc sans les familles, avec des restrictions sanitaires assez draconiennes. Ce sera particulier, je me dis : « Heureusement que j’en ai vécu d’autres avant, parce que pour moi, les Jeux, c’est la fête du sport, le partage, l’échange. »

Pensez-vous également à Paris 2024 ?
Je ne me projette pas, je me concentre sur Tokyo, et ensuite, j’irai peut-être sur d’autres orientations, toujours dans le domaine du sport. Paris c’est notre pays, on se dit que ça serait chouette d’y être, mais en même temps, j’aimerais aussi passer le relais aux jeunes qui arrivent, et préparer cette nouvelle génération. En para-aviron, on est quand même une équipe un peu vieillissante. J’aimerais passer le relais à cette nouvelle génération, l’aider, l’accompagner pour qu’elle puisse briller à Paris. Ce serait un premier objectif, d’accompagner les plus jeunes.

Les efforts faits par le Comité d’organisation de Paris 2024 pour mettre en avant le sport paralympique doivent vous toucher particulièrement…
Le sport est universel. Il n’y a pas une Marseillaise pour les Jeux Olympiques et une Marseillaise pour les Jeux Paralympiques. C’est la même. C’est chouette d’avoir décidé de réunir les deux événements sous le même logo. En aviron, ça fait quelques années que nous sommes intégrés sur les compétitions. Il n’y a que sur les Jeux que ça n’est pas au même moment, ce que je peux comprendre pour une question de logistique. Le même logo, une seule et même équipe, cette histoire de porte-drapeau avec la mixité hommes-femmes, des choses se font. Ça reste du sport, avec de la performance, et c’est ça qu’il faut retenir en priorité. Tony (Estanguet) défend ces valeurs, défend le paralympisme, on le remercie pour ça. C’est un grand champion valide qui défend aussi la performance paralympique. C’est une certaine reconnaissance quand on va s’entraîner tous les jours, de voir que des gens comme lui valorisent notre travail quotidien.

Retrouvez l’ensemble du dossier sur l’aviron français avec les interviews de Christian Vandenberghe, Matthieu Androdias, Hélène Lefebvre, Anne Tollard, Michel Andrieux, Ferdinand Ludwig et Audrey Feutrie.

Simon Bardet