Pauline Déroulède : « Le sport m’a sauvé »

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Amputée de la jambe gauche en 2018 après s’être fait percuter par une voiture, Pauline Déroulède est désormais une tenniswoman accomplie, avec les JOP de Paris 2024 en ligne de mire. Présente mardi lors de l’événement Télé.visionnaire organisé par France TV Publicité pour la table ronde Le Sport, terrain d’épanouissement, l’athlète de haut-niveau est revenue sur son accident, la façon dont le sport l’a sauvée et sur sa carrière de tenniswoman handisport.

Comment vous êtes-vous relevée de votre amputation ?

Pauline Déroulède : Malheureusement, je n’ai pas eu le choix de rebondir parce que je n’ai pas choisi cette amputation. Ça s’est fait sur le coup. Je me suis réveillée tout de suite avec un membre en moins et en même temps heureuse d’être en vie. Donc ça prend le dessus sur tout et avec des proches autour de moi, une équipe qui a été hyper solide dès le départ, qui m’a toujours tiré vers le haut et pour qui je ne pouvais pas me laisser aller. C’était ma mission de m’en sortir. Cela a été un long parcours du combattant, les montagnes russes émotionnelles, mais toujours entourée d’une équipe de choc autour de moi et la certitude de tout faire pour aller jusqu’à mon objectif des Jeux paralympiques de Paris en 2024. J’avais quatre ans devant moi. Il ne reste plus qu’un an et demi. Cela m’a toujours boosté, parce que je sais que je n’ai plus de temps à perdre. J’ai suivi cette ligne de conduite, ce fil conducteur du sport de haut niveau. Le sport m’a sauvé et m’a permis de me relever au sens propre comme au figuré.

Quel a été l’apport du sport dans cette quête ?

PD : Le sport libère de l’endorphine, c’est quelque chose qu’on ne contrôle pas. Dans mon cas, cela a été vraiment un outil de reconstruction, de rééducation puisque j’ai dû faire connaissance avec ce nouveau corps, prendre des repères, avoir une nouvelle proprioception. Il n’y a que dans l’activité physique que l’on peut se rééduquer. Je me souviens de gestes très basiques comme refaire du poids de corps, de prendre conscience de ce nouveau corps, de marcher avec des charges lourdes pour vraiment sentir la prothèse, l’appui sur la prothèse, me forcer à marcher avec cette prothèse, me forcer à intégrer cette jambe de robot dans mon nouveau schéma corporel. Donc c’est passé vraiment par une activité physique très régulière. Avant mon accident, j’étais extrêmement sportive et après cela, il était hors de question pour moi de ne plus faire du sport, bien au contraire, Je pense que j’en ai fait encore plus qu’avant, même si on faisait déjà beaucoup. C’est le chemin que j’ai choisi pour m’en sortir.

« Le soutien de la FFT a été important »

Vous êtes devenue joueuse professionnelle de paratennis. Comment s’est passée votre intégration ?

PD : Ça n’a pas été un long fleuve tranquille. Il faut savoir que j’avais quatre ans jusqu’aux Jeux. J’arrive sur un circuit professionnel où il y a des joueuses françaises et étrangères qui jouent depuis des années, qui ont beaucoup d’expérience. J’étais la petite nouvelle qui débarque, qui avait joué au tennis avant. Il faut déconstruire beaucoup de choses de ce qu’on a connu avant debout. Même si on parle de tennis, la pratique n’est pas la même. Je ressentais tout de même cette pression d’y arriver. Mais finalement bien accueillie, avec le soutien de la Fédération Française de Tennis, sans qui je n’aurais pas pu m’entraîner correctement, rencontrer les bonnes personnes. Je savais que je n’avais pas de temps à perdre. Je devais prouver rapidement en remportant des matchs et que je rattrape le temps perdu, car toutes les tenniswomen handisport ont toutes le même objectif, à savoir les Jeux de Paris. Il fallait se mettre au diapason. J’y suis plus ou moins arrivée puisque je figure actuellement dans le top 20 mondial (Pauline Déroulède est 17e, ndlr.) Le chemin est encore très long, mais comme je l’exprime souvent, je connais la route.

Il reste un peu plus d’un an et demi avant les Jeux paralympiques à domicile. Comment vous sentez-vous et où en êtes-vous dans votre préparation ?

PD : C’est assez étrange. C’est un mélange d’excitation. Bien qu’on ait toujours évoqué cet objectif de Paris 2024, cela paraît loin et en fait, on va rentrer dans la dernière ligne droite. Je vais reprendre la compétition dans un mois et on sait que chaque match, chaque tournoi va compter encore plus qu’avant puisqu’on se rapproche de l’objectif final. C’est hyper excitant puisque c’est un désir qui m’a aidé à me relever. Vivre les Jeux, ce sera inouï, puisque je n’ai pas seulement envie de participer à cette compétition, je ressens la volonté de gagner le plus possible.