Nikola Karabatic : « Je ne suis pas éternel »

Nikola KARABATIC - 22.04.2013 - Sujet Magazine Photo: Amandine Noel / Icon Sport

Son palmarès est éloquent, son talent est immense. Que ce soit en sélection ou en club, Nikola Karabatic affole le monde du handball depuis déjà plusieurs années. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs au monde, « Niko » s’est confié à SPORTMAG. En toute sincérité…

 
On joue la vingtième minute entre le Paris Saint-Germain et l’USAM Nîmes, le 22 mars dernier. Sur un appui, au premier abord anodin, Nikola Karabatic s’écroule. La saison du PSG vient peut-être de basculer. En marchant involontairement sur le pied de son frère, Luka, le leader du PSG se tord violemment la cheville. Victime d’une « entorse pas bénigne », selon les premiers examens du club, l’international tricolore devrait être absent pendant quelques semaines. Un énorme coup dur pour le club parisien, seulement quelques jours après une victoire en Coupe de la Ligue au terme d’une finale parfaitement maîtrisée (40-30 face à Toulouse). « C’était un trophée très important pour nous, déjà parce que c’est le premier de la saison. Si je fais du sport de haut-niveau, c’est justement pour gagner des titres, pour remporter des trophées. En plus, on a affiché un niveau de jeu vraiment très intéressant, il y a beaucoup de positif à retenir de cette victoire ». Comme ses coéquipiers, et malgré un palmarès déjà impressionnant, Nikola Karabatic ne boude pas son plaisir. Il faut dire que dans une carrière où il aura tout gagné, « Niko » a connu un début d’année 2018 très difficile. En sélection, tout d’abord, avec une médaille de bronze aux derniers Championnats d’Europe. Habitués à avoir le plus beau métal autour du cou, les « Experts » sont totalement passés à côté de leur demi-finale, les privant ainsi d’un quatrième sacre après 2006, 2010 et 2014. En club également, puisque le PSG n’occupe que la deuxième position de Lidl Starligue. Un classement bien évidemment décevant au vu des ambitions du club. Derrière le MAHB, impressionnant cette saison, et s’ils veulent continuer à croire au titre, Nikola Karabatic et ses coéquipiers devront « mettre un maximum de pression à Montpellier et espérer un faux-pas ».

Une fin de saison passionnante…

Hormis ces deux échecs, et même si l’espoir de décrocher le titre national existe, le Paris Saint-Germain s’apprête malgré tout à vivre une fin de saison très intéressante. « On rentre petit à petit dans le sprint final. Nous sommes sur tous les fronts, il va falloir gérer de la meilleure des manières toutes les compétitions. Cette saison aura vraiment été longue et acharnée, ce sera à nous de bien négocier tous ces rendez-vous. On aura une demi-finale de Coupe de France qui s’annonce très intéressante, mais également la Ligue des Champions où nous sommes très performants cette saison. Il faudra tout donner pour remporter un maximum de trophées », explique l’international tricolore, qui espère être de retour pour les quarts de finale de Ligue des Champions. Une présence essentielle dans le groupe parisien, bien que l’effectif du club soit aujourd’hui de très grande qualité. Au milieu des Remili, Hansen, Omeyer et autre Abalo, Nikola Karabatic fait office de maître à jouer. « On a un super groupe avec des joueurs très talentueux. On poursuit notre progression, c’est très encourageant pour l’avenir. Se qualifier deux années consécutives pour le Final Four de la Ligue des Champions, c’est déjà énorme, ça prouve que nous faisons partie des meilleures équipes européennes. On a encore franchi un cap cette année, à nous de continuer sur cette lancée et de tout donner pour avoir des titres ».

Une exigence énorme…

Des titres, il en accumule des dizaines depuis le début de sa carrière. Né le 11 avril 1984, Nikola Karabatic s’est rapidement pris de passion pour le handball, notamment grâce au soutien de son père, Branko, ancien joueur et entraîneur. Très tôt, le jeune demi-centre impressionne et casse les codes. Formé à Montpellier, il effectue ses premiers pas dans le monde professionnel à seulement 17 ans. Un talent précoce que le natif de Serbie (ex Yougoslavie) explique par une remise en question et une soif de vaincre permanente. « C’est une source de motivation pour continuer à travailler et à performer. Vouloir être le meilleur, c’est ma manière de vivre mon sport depuis que je suis tout petit. C’est ce qui me pousse à toujours me donner à fond et à ne jamais baisser d’intensité. Chaque match est un départ à zéro où je dois faire mes preuves et montrer mes qualités ». Comme tous les plus grands champions de l’histoire du sport, Nikola Karabatic veut toujours aller plus loin, plus haut. Sûrement ce petit quelque chose qui fait passer du statut de grand joueur à celui de légende. « J’essaye juste de me concentrer sur moi, sur mon travail et sur ce que je sais faire. De toute manière, quand tu es amené à jouer tous les trois jours, tu es obligé de te mettre cette pression. Ça fait clairement partie du métier ».

La puissance des émotions…

Cette exigence, qui fait sa force depuis plus de 15 ans, Nikola Karabatic a su également la construire par un entourage toujours très présent. Bien au-delà des qualités qui en font l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du handball, l’international français s’appuie depuis maintenant plusieurs années sur son frère, Luka, avec qui il partage le maillot tricolore et parisien. Une immense chance pour celui dont les valeurs et l’amour familial sont restés omniprésents. « Notre présence nous bonifie mutuellement. On a l’habitude de jouer et de gagner ensemble. Vivre ces aventures, ces victoires avec son frère, c’est un vrai bonheur et une réelle chance. Gagner dans un sport collectif avec quelqu’un d’aussi proche, c’est génial. Ça décuple les émotions qui sont déjà énormes quand on gagne avec un groupe de copains », avoue Nikola, dont l’exaltation des succès est devenue omniprésente et essentielle à son équilibre de sportif de très haut niveau. « Remporter des trophées avec des amis, qui au fil des années sont eux-mêmes devenus des frères, c’est un bonheur inqualifiable. C’est pour cela que le sport collectif est tout simplement génial. Tu ne peux pas vivre de telles émotions dans une discipline individuelle ».

Un joueur attentif à la relève…

Ces sensations si particulières, qui frappent les sportifs à chaque victoire et à chaque défaite, Nikola Karabatic n’a pas fini d’en vivre. À 33 ans, l’international tricolore aux quelques 287 sélections a encore de belles années devant lui. Une situation qui ne l’empêche pas de penser à la suite et de s’impliquer dans cette relève qui pointe le bout de son nez. « La France n’a jamais eu autant de succès dans les catégories de jeunes. On a eu de très belles victoires ces dernières années, que ce soit des titres mondiaux ou européens, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant. Maintenant, le but, c’est de sortir quelques garçons par génération. C’est tout le challenge qui nous attend. On a des joueurs qui ont arrêté comme Daniel Narcisse ou Thierry Omeyer. Moi-même, je ne suis pas éternel. C’est important que des jeunes talentueux prennent la relève et s’aguerrissent pour briller avec les A et porter le handball tricolore », conclut Nikola Karabatic. Un joueur hors-norme qui laissera à jamais sa trace dans la grande histoire du sport français. Bien qu’il ait connu des moments difficiles dans sa carrière, sur et parfois en dehors du terrain, le joueur de 33 ans a définitivement inscrit son nom dans la légende du handball mondial. Jamais personne n’oubliera les Maradona, Bolt et autre Federer. Cette présence inébranlable dans la mémoire collective, c’est justement ce qui fait la force de ces joueurs hors-norme, de ces légendes du sport. Personne n’oubliera Nikola Karabatic. Personne…

« Le sport est une vraie école de la vie »

Il y a quelques années, Nikola Karabatic devenait ambassadeur UNSS. Un engagement dicté par la volonté de transmettre et d’encourager les plus jeunes à la pratique sportive…
« J’ai été sollicité il y a quelques années pour être ambassadeur UNSS. J’avais bien évidemment accepté. Tout ce que je peux faire de mon temps “extra handball” pour aider les associations qui veulent pousser les jeunes à faire du sport, je le fais volontiers. Et puis, contribuer à aider des jeunes qui n’ont pas la chance que j’ai eue, c’est toujours important pour moi. Dès que les projets font sens, j’essaye de m’investir au maximum. Si je devais donner un conseil à un jeune sportif ? Je lui dirais qu’il y a peu de choses au monde qui procurent autant d’émotions que le sport, et notamment le sport collectif. C’est une vraie école de la vie. Avec le handball, et plus globalement les disciplines collectives, je lui dirais qu’il pourra rencontrer des amis qu’il gardera pour la vie et avec lesquels il prendra énormément de plaisir. Il connaîtra des défaites, des moments difficiles, mais également de magnifiques aventures à partager. Qu’il atteigne un jour le plus haut niveau ou pas, ce plaisir et ces émotions seront toujours au rendez-vous. Ce sont des choses qui n’ont pas de prix ».

Par Bérenger Tournier