Nicolas Boigeaud : « Une petite organisation pour une grande cause »

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Ce dimanche 7 mai a lieu la 5e édition du Trail de Saint-Outrille, devenu cette année le Trail des Vallées Vertes. Nicolas Boigeaud, le directeur général de l’ADIASEAA, l’association organisatrice, présente l’événement et ses enjeux. 

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de cette nouvelle édition ? 

Nous sommes mobilisés avec une organisation qui se voit bouleversée, peut-être, par une météo assez incertaine. Nous avons prévu des abris pour permettre aux coureurs de se ravitailler à la fin de la course. La salle municipale, petite n’en demeure pas moins confortable, va permettre aussi d’accueillir les coureurs et les randonneurs dans les meilleures conditions possibles. Le stress est relatif, car malgré tout, même si c’est la première année d’organisation totale par notre association, l’ADIASEAA (Association Départementale de l’Indre pour l’Accueil et la Sauvegarde de l’Enfance de l’Adolescence et des Adultes), le Trail des Vallées Vertes existe depuis plusieurs années puisqu’il s’appelait jadis le trait de Saint-Outrille. Il était porté par le Vierzon Triathlon et nous étions déjà partenaires. J’étais moi-même membre du club de Vierzon et j’étais déjà chargé des tracés et du balisage. Le Vierzon Triathlon a souhaité arrêter cette organisation pour se recentrer sur le triathlon, ce que nous comprenons car une organisation comme celle-là est lourde. Nous voulions, avec la mairie de Saint-Outrille et l’association locale Bien Vivre à Saint-Outrille, poursuivre cette organisation qui anime la commune.

Comment est né le Trail des Vallées Vertes, qui regroupe trois distances de trail (8, 15 et 22 km) ainsi que deux randonnées ? 

Il est né il y a quelques années. La découverte des chemins alentours par mes camarades du club nous a donné l’idée de créer cette manifestation, car nous avons un terrain de jeu assez extraordinaire. Rien à voir avec un paysage montagnard, mais nous avons un peu de dénivelé et surtout une variété de paysages qui alternent entre la plaine céréalière, la forêt, les bocages, des lieux-dits isolés et assez atypiques. Notre bonne connaissance du terrain et aussi des propriétaires privés nous permet d’organiser une course dans des chemins peu empruntés et peu connus. Quand on aime un lieu, c’est un plaisir de le partager avec des personnes qui ont la même passion que nous.

En parallèle au trail, il nous a semblé important d’organiser des randonnées sur le même parcours afin de faire partager à des personnes moins férues de sport le plaisir de cette découverte. Par expérience, sur des petits trails, il y a aussi peu de spectateurs en dehors des passages dans des communes. La présence de randonneurs sur les chemins crée une ambiance qui permet une dimension beaucoup plus festive pour notre trail. L’idée est que, quel que soit l’âge, quelles que soient les capacités physiques, quelles que soient les motivations, chacun puisse participer d’une manière ou d’une autre à cette dynamique. L’ADIASEAA a été associée dès le début en 2017. Déjà, il semblait intéressant de faire participer les enfants et les adolescents à une activité peu habituelle pour eux : la randonnée. Ensuite, les enfants dont on s’occupe sont souvent vécus comme publics difficiles et malheureusement mis un peu à l’écart. D’ailleurs, eux-mêmes s’isolent souvent, se regroupant parfois quand ils sont dans la même école sans se mêler aux enfants de leur âge, comme si le fait d’être placé et d’avoir eu des difficultés en faisait des personnes à part. En croisant d’autres personnes sur les chemins, ils animent les ravitaillements, ils échangent, ils discutent. Ils deviennent membres de la communauté au sens large. Les enfants et adolescents qui, au début, semblaient vivre la randonnée comme une contrainte en redemandent aujourd’hui. Souvent, dans les structures sociales, l’activité de consommation est trop souvent la facilité. Dans le cas présent, on prend juste plaisir à marcher, découvrir, parler à des personnes qu’on ne connaît pas. On revient à l’essentiel.

Combien de participants attendez-vous ? 

Nous attendons une centaine de participants pour le trail et 150 randonneurs. Les années précédentes, nous avons pu atteindre 200 coureurs. Les manifestations de ce type sont fortement démocratisées et la diversité localement des organisations nous amènent certainement à revoir à la baisse notre taux de participation. Notre objectif premier n’est pas forcément de lancer une trop grosse manifestation, car nous n’aurions pas forcément les reins pour l’assumer, mais bien de passer un moment de convivialité et de plaisir.

Via le Trail des Vallées Vertes, des fonds seront reversés à votre association. Qu’espérez-vous ? 

L’idée est que les personnes qui participeront au trail ou à la randonnée, les spectateurs, les différents partenaires qui pourraient venir assister à cette manifestation, puissent tous être sensibilisés à la cause de la protection de l’enfance. C’est un secteur aujourd’hui qui souffre. Les enfants accueillis ont en général des difficultés très affirmées, les recrutements sont complexes, et les budgets sont souvent contraints. Globalement, parler positivement de ce secteur, c’est aussi pouvoir se projeter vers un avenir plus positif. Nous avons de très bonnes relations avec le département du Cher, qui soutient notre développement. Nous travaillons aussi très positivement avec la protection judiciaire de la jeunesse et avec divers départements de la région Centre. Nous sommes conscients que l’ensemble de ces collectivités ont elles-mêmes des contraintes budgétaires très importantes. Notre rôle associatif est bien de sensibiliser la population générale, les pouvoirs publics, l’ensemble des décideurs à une cause à laquelle nous croyons. La protection de l’enfance doit devenir une cause nationale, car ce sont ces enfants, nos enfants, qui seront l’avenir. Le Trail des Vallées Vertes est donc une petite organisation pour une grande cause. Mais c’est parfois à partir de petites initiatives qui viennent s’agréger avec d’autres initiatives que l’on peut faire parler un peu plus d’un sujet qui nous touche tous.

Propos recueillis par Séverine Bouquet