Mélanie Percheron : « Une année exceptionnelle »

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Mélanie Percheron, ancienne Directrice Technique Régionale de la Ligue Île-de-France de Judo, fait un bilan sur la saison 2021/2022 ainsi que sur les axes de travail mis en place.

Quel bilan tirez-vous de cette année 2022 ?

C’est une année exceptionnelle sur les résultats sportifs et une très belle reprise post-Covid, qui a mis le pied à l’étrier à cette saison, puisque la saison 2022/2023 démarre sur les chapeaux de roue, sur les licences. Mais sportivement, c’est une excellente année parce que le pôle espoir a fait une de ses plus belles saisons en termes de résultat, tant au niveau national qu’international. La Ligue Île-de-France a eu beaucoup de participants sur les championnats nationaux qui ont été médaillés, même si la région est bien représentée. C’est autant, voire plus que d’habitude. Bien que l’année soit exceptionnelle, celle-ci est un petit peu en demi-teinte avec les récents résultats des championnats du monde, mais globalement, la saison écoulée est exceptionnelle.

Quelles sont les clés de ces nombreuses réussites selon vous ?

L’équipe dirigeante, Roger Vachon, le président, et son équipe, Cédric Henri, président du Comité 92, sont vraiment tournés vers la pratique du judo et le développement. Ils aiment l’activité. Ce sont des personnes qui veulent qu’il y ait de l’activité sur le terrain, plutôt que des gens qui aiment les réunions. Ce sont des gens de terrain. Roger (Vachon) a été compétiteur et donc il aime qu’il y ait de l’activité. Pareil pour l‘entraîneur du pôle. Et puis, je pense que tous les entraîneurs et les conseillers techniques de la Ligue étaient motivés à remettre de l’activité après-Covid. Donc tout le monde était content de reprendre. Il n’y a pas que les cadres, les salariés, il y a aussi les bénévoles et puis les compétiteurs. Tout le monde a été un peu privé et s’est relancé corps et âme dans la saison qui a été très fatigante.

« Stabiliser et asseoir ce qu’on faisait sur les compétitions » 

Quels ont été les axes de travail pour relancer la pratique ?

Les axes de travail ont été, tout d’abord, de stabiliser et d’asseoir ce qu’on faisait habituellement sur les compétitions. Il y a toujours une recherche qualitative. Je sais que je suis beaucoup dans cette recherche qualitative. L’objectif était de structurer la Ligue IdF. On en voit les fruits seulement maintenant. Il y a eu l’embauche d’un nouveau responsable administratif pour septembre, l’arrivée d’un emploi USQ qu’on n’avait pas pu faire l’année d’avant pour le para judo. Une personne a été embauchée à temps plein à partir de septembre. Il y a une personne qui vient à mi-temps en plus sur la formation. On a développé des formations pour les entraîneurs.

On a fait une formation des entraîneurs de haut niveau pour les clubs franciliens. Cela n’a jamais été fait avant, donc c’était une nouvelle offre dans des lieux de prestige, le Sénat et le Camp des Loges. Par exemple, on a commencé à monter une équipe de bénévoles qui, quand ils ne sont pas commissaires sportifs ou arbitres ou sur d’autres missions, venaient aider à l’organisation et à la régulation, à l’accueil et la vérification des pass sanitaires. On essaie de structurer et d’asseoir l’organisation, de mettre en place des process pour que tout le monde prenne du plaisir aussi en partageant des moments de convivialité. La convivialité sur toutes les actions qu’on a fait, ça a été un point d’orgue.

Aborder les thématiques sur la formation et la préparation mentale est-elle aussi un des enjeux de la Ligue ?

Oui. Il n’y a pas de formation continue d’entraîneur de haut niveau. C’est-à dire que les entraîneurs et les éducateurs passent des diplômes reconnus par le RNCP et par l’Etat pour exercer leurs fonctions. Mais après, il n’y a pas de modules de formation continue proposés par la Fédération Française de Judo ou par ses organes déconcentrés comme la Ligue. On a décidé de mettre en place une formation de haut niveau sous l’impulsion de Sylvain Havez, qui était élu à la formation.

Ensuite, on avait aussi l’idée de développer un catalogue de formations. Pour moi, il y a deux vecteurs. Tout d’abord, le haut niveau, pour faire passer les messages. Et le deuxième vecteur, c’est clairement la formation. Il faut mettre des contenus dans les formations des profs et des entraîneurs pour qu’ils puissent être pertinents et capables de s’adapter à l’évolution de la pratique et proposer des nouveaux profils, donc de la formation du haut niveau. C’est pour cette raison que nous avons choisi des lieux prestigieux, pour bien recevoir les entraîneurs, pour que ce soit un vrai moment pour eux.

Ensuite, on a développé une formation axée sur la préparation mentale.  On a essayé de monter une formation où l’idée  serait de sensibiliser les entraîneurs à la préparation mentale, de leur donner les clés et outils, et ensuite de voir comment ils réceptionnent cela. S’ils sont intéressés par d’autres modules de formation qu’on pourrait mettre en place, on pourrait les cibler soit pour des catégories d’âges ou pour des publics particuliers.

« L’objectif est de pérenniser la structuration de la Ligue Île-de-France au-delà de Paris 2024 » 

Vous avez parlé de la structuration de la Ligue d’Île-de-France. Est-ce quelque chose qui va être amené à se pérenniser au-delà de Paris 2024 ?

Oui, ça va se pérenniser au-delà de Paris 2024. L’objectif, c’est de développer l’organisme de formation, avec une offre de formation plus adaptée comme le judo à l’école. Anne Morlot, ma collègue, s’occupe de ça. Il y a un projet, à l’étude, de création de classes sportives, de pôle espoirs, voire peut-être d’un pôle France. Tout comme le maillage du territoire pour la pratique du judo, en lien avec les structures de formation, l’école ou les institutions. Stabiliser les emplois est aussi un enjeu. Tout comme se rendre dans les quartiers populaires, développer des actions pour les féminines, des actions sur le développement durable, sur tout ce qui est la démarche RSE (Responsabilités sociétales des entreprises) où nous avions mis en place des bus électriques durant l’European Cup.

La Ligue IdF a récemment embauché Lucie Dupin en qualité de Cadre Technique Fédérale para-judo. Quelles seront les actions mises en place ?

L’idée, c’est qu’on développe des temps de pratique dans chaque comité, c’est pour ça qu’elle a été embauchée. Le but est aussi de développer des lieux de pratique du judo dans les structures et institutions. Il y a le projet dans les 1 000 Dojos solidaires, mais aussi dans les établissements spécialisés. Il y a l’INJA (Institut National des Jeunes Aveugles), qui est en partenariat avec le Comité 75. Lucie Dupin suivra aussi les para-judokas s’ils viennent s’entraîner sur le Pôle Espoirs ou sur l’Institut du Judo. Il y a un rayonnement départemental, régional et un petit peu national. Récemment, une action au siège social de Carrefour à Massy a eu lieu. Tout comme la Journée paralympique. Le but est de multiplier les actions de sensibilisation aux personnes en situation de handicap, à la pratique et à l’incitation à organiser la pratique pour que tout le monde puisse pratiquer.

Vous parlez de la Journée paralympique, qui était une belle fête. Que pensez-vous de ce type d’événements qui assurent la promotion du handisport ?

Je reprends ce que dit mon collègue Antoine Hays, ce genre d’actions est très bien, mais on n’en parle toujours pas assez. C’était une belle journée avec beaucoup de personnes qui se sont rendues sur le stand de la FFJudo et c’est vraiment un coup de promotion pour la pratique du para-judo. Donc c’est très bien, mais il n’y en a pas assez et c’est considéré comme une action à part, alors que ça devrait être « normalisé ».