Mattéo Baud : « Fier de ma régularité cet hiver »

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Dès le premier rendez-vous de la saison en Coupe du monde, Mattéo Baud a décroché le premier podium de sa carrière à ce niveau de compétition. Il a mis fin à une disette de cinq ans sans podium pour le combiné nordique français. Constant dans la performance cette saison, invité régulier du top 10 mondial, le Jurassien du Team SPORTMAG revient sur son hiver réussi.

Le grand temps fort de votre saison, c’est ce premier podium en Coupe du monde. Qu’est-ce que cela représente ?

Beaucoup de fierté mais aussi du soulagement. Plein d’émotions et de sentiments se mélangeaient avec la pression, la joie, le partage avec le reste de l’équipe… Être deuxième derrière (le Norvégien Jarl Magnus) Riiber, une référence de notre sport, ce n’est pas rien ! Ce premier podium était vraiment un moment incroyable. Je suis encore plus fier du reste de ma saison. Bien sûr, elle a démarré bien au-delà ce que à quoi je m’attendais, avec ce podium dès novembre, mais j’ai réussi à maintenir de la constance toute la saison. Je me suis régulièrement battu pour le top 10. C’était mon objectif en abordant cet hiver.

Les championnats du monde (fin février-début mars à Planica en Slovénie) n’ont pas débuté comme prévu avec une 30e place sur le petit tremplin. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

C’était l’un des moments les plus durs de ma carrière. Je suis totalement passé à côté… Je ne saurais pas vraiment dire ce qui a déraillé. C’est un ensemble. Il y avait beaucoup de pression, d’envie de bien faire. Pourtant, j’avais très bien construit mon approche de la compétition. J’étais très en forme en arrivant à Planica mais je n’ai pas concrétisé tout ça. J’ai un peu perdu mes moyens le jour J. En revanche, ce qui est intéressant, c’est que j’ai réussi à me remobiliser juste après.

« Mon premier podium en Coupe du monde était un moment incroyable »

Comment vous êtes-vous remis à l’endroit ?

Je me suis tout de suite remis au travail les deux jours suivants, avant l’épreuve par équipes. Je voulais vraiment montrer autre chose. J’ai tout donné et je n’ai rien regretté sur la compétition (4e place, au contact de l’intouchable podium Norvège-Autriche-Allemagne). Ça m’a permis de remettre les pendules à l’heure. Ensuite, sur le grand tremplin, je vais chercher une belle 7e place, en étant longtemps dans le coup pour la médaille. C’est un petit piment qui a rendu cette course vraiment incroyable ! Avec ce résultat, je sais ce que je vaux sur les grandes compétitions si je saute bien et que je skie vite. Même lorsqu’il y a des incertitudes et des doutes, je suis capable de me remettre d’aplomb et de performer à la hauteur de ce que je sais produire. C’est de bon augure pour le futur.

Confirmer au plus haut niveau, c’est encore plus dur ?

Oui, complètement. De grandes performances uniques, c’est… presque facile. Il faut le faire bien sûr mais si ce n’est pas suivi par de solides résultats sur les courses d’après, ça perd de sa valeur. Je suis content de ma régularité. Il n’y a pas vraiment eu de trouée. Lorsqu’il y a eu des écueils, j’ai toujours trouvé le moyen de me remettre en route et repartir de l’avant.

En parlant de confirmation, cette saison, vous avez conservé votre titre de champion de France. Ça veut dire quelque chose en termes de régularité…

Ce titre était également un de mes objectifs. Ça s’est très bien passé pour moi. J’avais une bonne avance dès le saut et j’ai bien capitalisé dessus sur les skis. J’ai encore accentué mon avance. Je savais que j’étais attendu, en particulier après mes résultats du début de saison. Je me sentais très bien pour réussir à faire ce que je sais faire. C’était une super journée.

« Avec l’équipe de France, c’est notre meilleure saison depuis un moment »

Ce bel hiver ne vient-il pas déjà d’un été réussi ? Au moment d’attaquer la saison, vous nous aviez confié sortir de la meilleure préparation estivale de votre carrière…

C’était beaucoup de travail. Physiquement, j’en ai vraiment senti les effets. Mon ressenti sur les skis était très bon cet été. Etonnamment, j’étais un peu moins bien sur le saut, alors que c’est mon meilleur hiver de ce point de vue. Savoir que les sensations du tremplin peuvent venir au fil de la saison, c’est intéressant à retenir.

Tout l’hiver, vous vous êtes souvent retrouvés à l’avant avec votre ami Laurent Muhlethaler. Est-ce une fierté d’être acteur de ce renouveau du combiné nordique tricolore ?

Avec Laurent, on s’est tiré la bourre sur beaucoup de manches de Coupe du monde. Entre nous, c’est déjà de très bons moments. On s’amuse et on se tire vers le haut. Quand on se retrouve à deux Français devant, ça aide beaucoup en termes de stratégie. On se soutient l’un l’autre et on prend beaucoup de plaisir. Tout le groupe est dans cet état d’esprit. Avec l’équipe de France, c’est notre meilleure saison depuis un moment. Ça nous rend fiers de faire remonter notre pays sur les podiums. Après les Mondiaux, on a tous ressenti beaucoup plus d’attention et de sollicitations. C’est super pour notre discipline.

En revanche, l’annulation de l’étape de Coupe du monde française à Chaux-Neuve (Doubs) a été un coup dur…

Avec toute l’équipe de France, on attendait cette étape avec impatience. Ça faisait un sacré bout de temps qu’on n’avait pas eu de Coupe de monde à domicile (1) ! On est plusieurs Jurassiens dans le groupe, c’est d’autant plus décevant. On était tous très déçus mais on a réussi à rester concentrés sur nos objectifs pour continuer à aller de l’avant.

Propos recueillis par Etienne Le Van Ky