Martin Ferrié : « J’espère que le roller sera olympique »

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Martin Ferrié rapporte deux titres et une médaille d’argent des Championnats de France. Après deux semaines intenses, le patineur répond aux questions de SPORTMAG.

De retour des Jeux mondiaux avec deux médailles d’argent, Martin Ferrié disputait les championnats de France. Fatigué, mais revanchard, le double champion du monde s’adjuge l’or pour la course à élimination et le 10 km à point et l’argent pour le 1000 mètres.

Vous avez découvert le roller très tôt, pouvez-vous nous raconter votre parcours sportif ? 

J’ai débuté le roller à l’âge de 3 ans dans un petit village proche de Toulouse, Launac, au départ juste pour me dépenser. À 14 ou 15 ans, je suis parti à Nantes pour aller au pôle France et construire mon projet petit à petit pour aujourd’hui essayer de devenir le meilleur patineur au monde. Au lycée, j’étais au CENS (Centre Educatif Nantais pour Sportifs), c’était hyper cool pour les études. J’ai rarement vu ou pu apercevoir des écoles qui faisaient aussi bien ce double projet. Tout était fait pour que le sportif soit au centre du projet et que l’école marche en plus du côté sportif. Après mon bac S, je suis parti en BTS prestation logistique. À la fin de mon BTS, j’ai enchaîné avec une licence, avec le covid, tout s’est un peu compliqué donc je n’ai pas pu continuer sur la voie du double projet. Mais mon souhait, c’est de finir ma carrière sportive avec un bac+3 pour pouvoir enchaîner avec un master en alternance pour commencer la vie active. Aujourd’hui, je fais du roller  7 jours sur 7. C’est là la complexité de trouver un emploi à côté pour subvenir à ses besoins et on a beaucoup moins d’aide. Mêler vie professionnelle et carrière d’athlète de haut niveau, c’est très compliqué en sachant qu’on n’est pas un sport olympique.

Le roller est une discipline peu connue. Comment l’expliqueriez-vous à quelqu’un qui ne connaît pas du tout ce sport ?

Le roller, je pense que ça se rapproche beaucoup du vélo piste. Il y a les mêmes épreuves qu’en vélo piste, c’est-à-dire que nous avons la course à élimination : des courses où l’on élimine tous les tours des patineurs, des courses à points, c’est l’inverse : à chaque tour les premiers gagnent des points-. Après, nous avons les courses au km et les courses de vitesse. Il y a ensuite le roller sur route, avec les mêmes disciplines, mais sur un circuit routier. L’épreuve la plus populaire, c’est le marathon en roller. L’avantage, c’est qu’il se déroule en centre-ville, donc cela accroît la visibilité, la proximité, et l’épreuve est très compréhensible : une course de 42,195 km.

Ces dernières semaines ont été très intenses pour vous, entre les Jeux mondiaux et les championnats de France. Vous rentrez de Birmingham avec deux médailles d’argent dans vos valises. Quel bilan faites-vous de cette compétition ? Au niveau des performances ? Mais aussi de l’événement plus globalement ?

C’est clair que c’était une chance d’y participer, c’était giga stylé, parce qu’il y avait plein de sports, on était tous au même endroit. Il y avait vraiment cet esprit olympique, notamment avec la cérémonie d’ouverture dans un stade où il y avait énormément de monde.

Après, sur le plan personnel, c’était un peu plus compliqué, le but, c’était de remporter l’or. Malheureusement, il y a parfois des imprévus, j’ai eu plusieurs blessures (côtes cassées, traumatismes crâniens…), un accident de voiture cinq semaines avant les Jeux mondiaux. Donc la préparation ne s’est pas très bien passée. Et je suis tombé sur plus fort (c’est le Belge Bart Swings, champion olympique en patinage de vitesse aux Jeux de Pékin, remporte l’or devant Martin sur les deux courses qu’il disputait, ndlr). Alors, il faut retourner s’entraîner le lendemain pour les rattraper ou les dépasser.

Comment voyez-vous l’impact de ce genre de grands événements sportifs sur la médiatisation du roller, sport connu et qui n’est pas une discipline olympique ?

C’est clair que c’est une chance pour notre sport d’obtenir de la visibilité. Par exemple hier, on est passé en différé sur l’Équipe 21 (pour les championnats de France, ndlr). On voit enfin le roller à la télé, c’est quelque chose de super rare. La dernière fois, c’était lors des Jeux mondiaux de 2017. Il faut vraiment saisir ces opportunités pour parler du roller collectivement, avec un plan de développement pour essayer d’accroître la pratique. Cela permettrait d’avoir une vitrine olympique, qui permettrait une visibilité bien plus importante.

Le roller aux Jeux Olympiques, la prochaine étape ?

Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Cela fait plusieurs années que le roller essaie de devenir discipline olympique, à Tokyo, ils ont préféré le skate. Ce n’est pas moi qui prends les décisions, mais j’espère réellement que le roller sera discipline olympique un jour. C’est une discipline très spectaculaire et peu commune.

Propos recueillis par Solenn Ravenel