Marion Mortefon, quand la passion rime avec filiation et détermination

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Pour Marion, la planche à voile est une histoire de famille. Cette jeune Sigeanaise est, comme son frère Pierre, au Cercle nautique de Port-Mahon depuis 1999. Les Mortefon font partie de l’équipe de France de Funboard et, depuis de nombreuses années, des figures mondiales du windsurf. Pierre et Marion affichent des dizaines de podiums, des titres mondiaux et européens au compteur. En 2019, Marion a été vice-championne du monde de Slalom; championne de France 2020, elle est actuellement en tête de la coupe du monde de Foil. Après une année blanche, en raison de la crise sanitaire, les Mortefon sont, comme tous les riders, dans les starting blocks des prochaines compétitions. Pour les années à venir, elle s’est lancée le défi olympien d’être sélectionnée aux J.O 2024 afin de représenter la France dans la discipline « planche à voile à foil ».

Ton humeur aujourd’hui ?

Je suis très heureuse d’être ici pour démarrer une nouvelle aventure. Je ne connais pas l’ensemble des tenants et des aboutissants mais c’est extrêmement dynamisant. Je trouve cela très sympa de rencontrer d’autres sportifs.

Est-ce que tu as une idée de la banque ? Est-ce, pour toi, un monde complétement étranger ?

Oui, j’en ai une idée bien précise. J’avoue préférer le monde de la mer. Toutefois, il me semble que ces univers différents ont en commun l’idée de performer.

Quelle serait pour toi la définition de la performance ?

La performance est intimement liée à la passion, à la dimension plaisir et bien entendu au travail.

La planche à voile : comment tout a commencé ?

Toute petite, hyperactive, j’ai fait beaucoup de sports différents, du tennis à la natation en passant par la voile. J’ai commencé par un Optimist, et puis autour de moi il y avait beaucoup de véliplanchistes notamment mon grand frère Pierre. Admirative, j’ai souhaité marcher dans ses pas. Depuis l’âge de 10 ans, je fais de la planche à voile.

Ton premier podium qui t’a fait dire : « je fais le sport qui me plaît, je suis au bon endroit » ?

Celui d’un championnat de France de moins de 18 ans. J’étais très fière de ma performance.

La pression de concourir, c’est comment pour toi ?

Au début, je n’aimais pas du tout cette pression, ce stress avant une compétition. Par contre on devient très vite « addict » à la victoire. Gagner efface tout ! Maintenant, plus mature, je supporte la pression beaucoup mieux qu’autrefois. Il faut toujours remettre les choses à plat : pourquoi je fais ça ? Je suis là parce que je ne pourrais pas m’en passer.

Parle nous de la confiance en soi…

Incontestablement, la confiance en soi est une construction de chaque jour. Il ne faut donc pas craindre la confrontation et c’est bien cela, dans nos jeunes années, que nous redoutons. Tout est un savant équilibre. Je dirais qu’avant tout c’est l’action qui pause les choses.

Un autre sport tout aussi captivant…

Un sport d’équipe très certainement.

Au bout du rouleau, de la vague, l’as-tu été un jour ?

J’ai travaillé pendant un an comme ingénieur et depuis cinq ans, je ne fais que du sport. Et à chaque fois je me dis que j’adore la vie que j’ai, cela me motive à continuer. Donc pour répondre à la question : non car je surfe et veux surfer sur la vague encore fort longtemps.

Parle nous donc de ta formation…

J’ai fait une école d’ingénieur à Toulouse en alternance en travaillant dans l’entreprise de cimenterie Lafarge à Port-La-Nouvelle. Ce qui me permettait d’être proche de la mer pour pouvoir continuer à m’entraîner. Mais c’était rude, dans une journée, de caser toutes les activités pour conserver les qualités d’un sportif de haut niveau. Par la suite, j’ai été embauchée et j’ai pu saisir des nouvelles opportunités qui se sont présentées en même temps. J’ai trouvé des partenaires qui m’ont permis de me consacrer uniquement à mon sport.

Tu as aussi un diplôme d’entraîneur…

Je m’en sers pour donner des cours pour tous les niveaux de planche à voile.

Tu as créé ton école avec ton frère, « MortefonWatersports ». Y interviens-tu personnellement ?

Oui, c’est un projet que l’on a lancé l’année dernière avec Pierre et oui j’interviens personnellement. Je chapote l’ensemble mais on échange constamment sur l’organisation et l’évolution. Forcément cette année cela va être un peu plus compliqué à gérer car on reprend les compétitions, mais on le savait. On va faire au mieux pour jouer sur les deux tableaux, il va forcément y avoir des temps forts et des temps plus calmes, mais c’est ce qu’on veut tous les deux en ne proposant que des cours avec l’un de nous deux.

A court terme, ton objectif dans la compétition ?

J’ai été vice-championne du monde en 2019 et depuis 2020, je m’entraîne sur la nouvelle planche olympique. Une nouvelle dimension débute. Au préalable la discipline n’était pas olympique, il y a donc un circuit de coupe du monde et un circuit de professionnels, où nous sommes sponsorisés par des marques de planche à voile. J’ai intégré le groupe France depuis le début de l’année. C’est hyper structuré et cela m’a fait énormément progressé. Une nouvelle corde à mon arc. C’est TOP !

2024, I have a dream ?

J’en rêve bien évidemment. Quel est le sportif qui n’en rêve pas ! Mon essentiel est néanmoins d’être toujours heureuse dans ce que je fais.

Quels sont tes principaux concurrents ?

Sur la planche à voile à foil, il y a une fille et un garçon par nation qui vont aux jeux olympiques. Mes premières concurrentes sont donc déjà des françaises. Nous sommes sept filles sélectionnées et on s’entraine ensemble… et il n’y aura qu’une seule qui va aller au combat olympique.

C’est difficile à gérer, non ?

C’est très étrange… et en même temps le groupe permet de nous faire toutes progresser individuellement. En ce moment, par rapport aux étrangères, et après des mois et des mois d’entraînement, notre niveau a explosé. Du coup, cela montre que ça marche !

Les clefs de la réussite ?

Le groupe, l’entrainement avec le geste de plus et une motivation à toute épreuve. Le mot passion résume bien tout cela !

Sais-tu naviguer par tous les temps ?

J’apprends tous les jours pour le savoir. Il y a des conditions que je préfère, notamment quand il y a de l’adversité.

Est-ce que tu as des spots de prédilection ?

Les plages de Nouvelle Calédonie et de Polynésie sont des endroits magiques que je garde en souvenir. De plus avec la planche à foil, la navigation prend une autre dimension. On a plus de champ pour se déplacer sur le plan d’eau. Ça va vite et on peut remonter au vent et même faire des balades. C’est ce que j’ai expérimenté avec une amie aux Antilles où l’on a pu faire le tour de certaines îles. Cela rajoute une dimension supplémentaire à l’entraînement notamment avec la vie marine autour. On se retrouve au milieu de rien. C’est géant !

Et après, l’autre passion ?

La planche à voile, c’est 80% de ma vie. La relation avec les autres me passionne presque tout autant.

Des doutes, en as-tu eu ?

Bien sûr. Un sportif de haut niveau a constamment des remises en question. Par contre, je suis fière de mon parcours.

Quelles sont les méthodes de récupération d’une championne ?

Il faut s’en tenir aux éléments basiques que réclament le corps : bien manger, bien dormir, bien s’entraîner. Après cela dépend aussi du type de sport. Par exemple, en ce qui me concerne, il est conseillé que je fasse un certain poids. L’enjeu cet hiver, malgré des préparations importantes, fut que je ne perde pas trop de poids. Il faut donc manger bien et en conséquence. J’ai un suivi avec une diététicienne.

Comment se positionne l’organisation française « à faire des champions » sur le plan international ?

Au niveau de la voile, en France nous sommes super structuré et cela depuis le commencement de la pratique de ce sport. Les anglais nous talonnent. Je pense, toutefois, que nous pouvons en apprendre… au reste du monde ! Nous sommes, de manière générale sur le plan de la voile, une nation très forte. Au final, je pense que nous sommes un exemple pour les autres nations. Why not ?

Par Banque Populaire du Sud