Marion Mortefon, plein cap vers 2024

Sailing Energy

Nouveau support intégré en 2024 au programme olympique, le foil pourrait bien faire briller la France à domicile. Sacrée championne du monde de slalom foil en 2021, Marion Mortefon est une des meilleures représentantes tricolores au niveau mondial. La Sigeanaise est tournée vers son objectif : se qualifier aux Jeux et performer à Marseille, le plan d’eau des épreuves de voile.

La saison a déjà commencé pour vous, quelles sont vos premières sensations à la reprise de la course ?

C’était une bonne remise en jambe. J’avais déjà fait une reprise d’entraînement en Bretagne, ça m’a bien aidé. A Lanzarote, j’avais un gros bloc d’entraînement qui se terminait ensuite par une compétition [l’IQFoil International Games ndlr]. Et ça s’est très bien passé pour moi, avec une belle remontée sur la dernière medal race ! J’étais partie 10e, et je vais chercher une deuxième place à l’arrivée. C’est un format courant dans notre sport, une dernière course sur laquelle tout se joue. C’est la guerre pendant la qualifications, et ensuite tout est à refaire, c’est très intéressant à suivre autant qu’à courir.

La voile pour vous, c’est aussi une histoire de famille, avec votre frère Pierre Mortefon qui pratique à très haut niveau. Qu’est-ce qui vous amené à la planche à voile ?  

C’est mon frère qui a commencé avant moi. Puis je m’y suis aussi, à 10 ans. On passait tous nos étés sur la planche, sur lac de Bages-Sigean, dans l’Aude. J’y suis venue d’abord par le bateau, j’ai commencé par un petit Optimist. Vers chez nous, autour de Narbonne, c’est une région où il y a beaucoup de vent et donc beaucoup de planchistes, alors c’était naturel. Moi et mon frère, on n’était pas prédisposés à en faire. Nos parents n’avaient rien à voir avec le milieu, et pas grand-chose en rapport avec l’eau d’ailleurs ! En revanche, on a toujours baigné dans les sports de nature et de plein air. Et la voile, c’est le genre de sport qui nous rend vite passionné.

Vous êtes devenus passionnée, à tel point que vous avez démissionné de votre emploi d’ingénieur, c’est bien ça ?

Oui c’est vrai ! D’abord, j’ai passé mon diplôme d’ingénieur, je faisais mes études en même temps que mes compétitions. J’ai travaillé pendant un an, avant d’arrêter. J’avais trouvé de bons partenaires alors je pouvais me le permettre. Et depuis huit ans, maintenant, je ne fais que de la planche. Enfin presque : après le confinement, Pierre et moi avons monté un club. Quand on a du temps, on y donne des cours particuliers, pour transmettre ce que l’on a appris, mais surtout partager notre passion. Donner des cours, ce n’est pas quelque chose que j’avais fait avant, mais ça me plaît. L’échange avec les autres est très enrichissant. Je compte développer cette activité qui dure depuis deux ans maintenant.

« Je ne me serais pas tourné vers les JO si ce n’était pas pour du foil »

Et aujourd’hui, vous n’avez aucun regret de vous être consacrée entièrement à la voile, d’avoir pris ce chemin ?

Ah non, aucun regret. Tout s’est bien ficelé, c’était une suite d’opportunités. Je ne pensais pas du tout vivre de la planche un jour quand j’étais plus jeune. Pour moi, c’était inatteignable ! Et pourtant, ça s’est construit petit à petit. C’est vrai qu’on a moins de sécurité, ce n’est pas comme un CDI où tout est réglé. Mais c’est un style de vie qui a ses d’avantages, et beaucoup de libertés.

En 2024, le foil sera présent aux Jeux Olympiques. Après votre titre de championne du monde l’an passé en slalom, vous êtes parmi les noms à surveiller à l’approche de cette échéance.

Oui, même si en 2021 j’ai été championne du monde en slalom foil, ce qui n’est pas exactement la discipline qui sera présente aux Jeux. Aux JO, l’épreuve est un mélange entre plusieurs formats. J’avais fait de la planche olympique par le passé, mais ce n’est pas ce qui me convenait. Maintenant j’y reviens. Mais je ne me serais pas du tout tourné vers les Jeux si ce n’était pas du foil. J’aime vraiment ce support, ce sont des sensations supers. Avant de faire face à la concurrence internationale, il faut d’abord faire face à la concurrence française. La France est une grosse nation de la discipline, je dirais même qu’on est les meilleurs mondiaux sur cette planche. Et pourtant, aux JO, il n’y a qu’une fille et un garçon qui seront sélectionnés.

« Il n’y a rien de plus gratifiant que d’aller aux Jeux »

Justement, comment se passe la concurrence au sein-même de l’équipe de France ?

On n’est clairement pas le pays où ça sera le plus simple de se qualifier ! Il y a vraiment un niveau très élevé. A titre d’exemple, aux derniers Mondiaux, je suis 20e au général et 5e française. Cette concurrence est une difficulté, mais ça a aussi ses avantages. On est sûr de ne pas manquer de monde pour des entraînements de haut niveau ! C’est très utile pour se jauger, se préparer. Et il y a une vraie émulation, puisqu’on se côtoie souvent en stage. On se tire vers le haut pour progresser, même si on sait que ça sera très dur à la fin !

Qu’est-ce que représente pour vous les Jeux Olympiques ?

Dans le sport en général, il n’y a rien de plus gratifiant que d’aller aux Jeux. Arriver à se qualifier, c’est un véritable accomplissement qui demande un énorme niveau d’exigence. C’est LA compétition. J’ai toujours regardé passionnément depuis toute petite, et pas seulement la voile. Tous les sportifs qui y performent, sont vraiment inspirants de par leur parcours et leurs exploits. C’est quelque chose d’incomparable.

En 2024, les épreuves de planche à voile auront lieu à Marseille. Vous y avez déjà concouru, c’est un spot qui vous plaît ?

L’année dernière, on a eu beaucoup de stage avec l’Equipe de France et on y a disputé les championnats d’Europe. Comme ce n’est qu’à deux heures de chez moi, j’y vais assez souvent. C’est vraiment un beau plan d’eau, mais exigeant et compliqué. Concernant les conditions météo, c’est totalement imprévisible. Rien n’est écrit à l’avance, on est encore trop loin des Jeux Olympiques. Alors c’est difficile de dire si les conditions vont me convenir ou pas.

Quelle est la suite de votre programme cette saison, et quels sont les objectifs qui vous mèneront jusqu’aux Jeux à Paris ?

J’ai un programme bien chargé de compétition, entre le circuit professionnel et le circuit du support olympique. La Coupe du Monde va me mener du Portugal au Japon, à Israël, l’Allemagne…Le gros objectif de la saison, ce sont les championnats du monde à Brest en octobre. D’ici les Jeux, la route est encore longue.