Marion Delespierre : « C’est un travail de longue haleine »

© Alanis DUC / FFA

Championne du monde sur le trail long du côté d’Innsbruck (Autriche), Marion Delespierre a parfaitement négocié sa course. Retour sur cette performance exceptionnelle avec la principale intéressée.

Marion, dans quel état de forme et avec quelles ambitions abordiez-vous ces championnats du monde ?

Depuis le début d’année, j’avais vraiment axé ma préparation en vue de ces championnats du monde, pour être en forme le jour J. D’ailleurs, je n’ai pas fait de trop de courses en amont. Je préférais vraiment me concentrer sur l’entraînement et privilégier cette date du 9 juin plutôt que d’aller courir à droite et à gauche. Et puis, j’ai aussi mon rythme au niveau professionnel. Il faut que je sélectionne bien les courses, parce que je ne peux pas être partout. L’objectif, c’était d’arriver en forme en Autriche et c’était le cas, je me sentais très bien. On avait eu des championnats du monde en Thaïlande sept mois avant, où j’avais terminé 7e. Le terrain n’était pas du tout le même en Autriche, c’était beaucoup plus technique, il y avait beaucoup plus de dénivelé qu’en Thaïlande. Les conditions étaient différentes et les cartes étaient vraiment rebattues.

A l’assaut de cette course, aviez-vous un plan précis en tête ? Ou, sur une épreuve aussi longue, est-ce avant tout de l’improvisation selon les circonstances de course ?

J’avais un plan, qui consistait surtout à ne pas partir bille en tête ! On avait une partie sur le plat avant la première bosse, je voulais bien me placer pour aborder cette difficulté. Sur les 17 premiers kilomètres, je ne voulais pas m’enflammer, je n’avais pas envie de partir trop vite. J’avais reconnu le parcours, et je savais que sur la deuxième partie, c’était très exigeant. Lorsque j’ai démarré, ce n’était pas forcément prévu. Je savais qu’il y avait une partie avec des relances, et j’en ai profité pour accélérer. Il était important de pousser un peu plus à partir du 40e kilomètre. Après, j’avoue, je ne me suis pas plus que ça préoccupée du classement (rires). J’ai même découvert sur le tard que j’étais en tête. J’étais vraiment dans ma course, je voulais juste donner la meilleure version de moi-même le jour-J.

« J’avais un plan, qui consistait surtout à ne pas partir bille en tête ! »

Le public français présent était très nombreux, cela a-t-il joué un rôle dans votre course ?

Oui, tout à fait, surtout que parmi ces supporters français il y avait mon conjoint et mes parents ! Savoir qu’ils étaient là, près de moi, à regarder ma course, ça m’a boosté un peu plus. Ça fait toujours plaisir et ça donne des ailes. Et puis ce maillot de l’équipe de France, j’ai l’impression que c’est comme une armure, ça permet de se transcender.

Et au moment de couper la ligne d’arrivée, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

C’est d’abord beaucoup de fierté, parce que c’est un travail de longue haleine. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Depuis 2019, j’organise vraiment ma vie et ma profession en fonction du trail. C’est donc une belle récompense. J’ai ressenti aussi beaucoup de soulagement parce que j’ai vraiment fait une belle course, et pouvoir la gagner, c’était beaucoup d’émotions en même temps.

Désormais, qu’est-ce qui vous attend en termes de compétitions, avec ce maillot de championne du monde ?

J’avoue que je ne me suis pas encore projetée, j’ai vite repris mon quotidien. Je m’étais promis de faire une pause, de récupérer un peu. J’ai dépensé beaucoup d’énergie ces six derniers mois. Je ferai le point sur la fin de ma saison au mois d’août. Mais c’est certain que reporter le maillot de l’équipe de France l’année prochaine ou même dans deux ans, c’est un objectif. Et puis j’ai aussi d’autres courses qui me font rêver à l’international, notamment aux États-Unis.