Margot Chevrier : « Sur ces Mondiaux, j’étais à ma place »

Icon Sport

Avant les championnats d’Europe, Margot Chevrier revient sur les Mondiaux d’athlétisme. La perchiste de la Team SPORTMAG, gênée par des blessures en finale, retient surtout le positif.

Même si c’était déjà acté, félicitations pour votre sélection aux championnats d’Europe ! Quel est le programme pour vous ?

Merci beaucoup ! Ça fait toujours quelque chose d’être appelée en bleu. Je fais le voyage jusqu’à Paris ce jeudi, où je rejoins l’équipe de France. On part tous ensemble jusqu’à Munich, même si on est une centaine ! Cette fois, ça va changer des Mondiaux à Eugene où on était une trentaine, et surtout des Mondiaux indoor de Belgrade où on était dix ! Je dispute les qualifications le lundi 15 août, et j’espère la finale le mercredi 17.

En amont du meeting Herculis de Monaco, vous avez donné des initiations à la perche au stade Louis-II. Comment ça s’est passé ?

C’était très sympa. Avec des enfants du centre de loisirs de Monaco, l’idée était de leur faire découvrir la perche et leur donner quelques bases. Il y avait une quinzaine de jeunes, très faciles. Ils ont sauté dans le sable et manié la perche, avant de faire quelques essais sur tapis. J’avais déjà fait des actions de ce genre avec des jeunes, par exemple au Perche Elite Tour. C’était plutôt du partage d’expérience, alors qu’à Monaco c’était surtout du saut.

« Deux-trois heures après la déception, j’avais déjà relativisé »

Pour revenir sur les Mondiaux : sur le moment, il y avait beaucoup de déception après la finale. Est-ce qu’avec le recul, votre vision des choses a évolué ?

Oui complètement. Deux-trois heures après j’avais déjà relativisé. Très vite, je me suis rendu compte que des championnats du monde, il y en a souvent, tous les ans en ce moment avec le décalage du Covid. En salle, on a des championnats tout le temps, les Jeux arrivent très vite… Tout ça permet de relativiser. Sur la finale, où j’ai été gênée par mes blessures aux pieds et les straps qui se desserrent, alors je me dis que d’une certaine manière, je n’y peux rien. Je peux retenir le positif de tout ce que j’ai réussi à accomplir avant cela. Sur tous ces championnats du monde, je me sentais vraiment bien, à ma place, que ce soit sportivement ou mentalement. Avec l’équipe de France, on était vraiment dans une bulle très saine. Je suis certaine que cette compétition me sera très utile pour la suite.

« J’avais les moyens de faire quelque chose d’exceptionnel »

C’est sûr qu’il y a beaucoup de bonnes choses à tirer de ces Mondiaux. A commencer par ces qualifications, et cette fameuse barre passée au 3e essai !

Juste avant le concours, j’ai eu ma prépa mentale au téléphone et on a justement parlé de ça ! Je me suis dit que les quatre ans de travail avec elle, c’était pour cette barre-là ! A ce moment-là des qualifications, on est onze à avoir un dernier essai pour passer 4m50. Et finalement, je suis la seule à avoir réussi. Depuis des années, je fais du travail de visualisation. Cela permet de mieux appréhender ce genre de situation qui draine beaucoup d’énergie et d’émotion. 95% des scénarios possibles et inimaginables sont déjà passés dans ma tête !

Un 3e essai, c’est la réussite ou rien, alors c’est beaucoup de pression. C’est difficile de rester concentrée seulement sur son saut, et pas sur les conséquences en cas d’échec. Sur la piste, je me disais que c’est un essai comme les autres. Et au même moment, Ninon Chapelle (autre perchiste de l’équipe de France) passe derrière moi et me dit « si le 3e essai existe, c’est qu’il faut s’en servir. » Ça m’a sauvé la mise, c’était toute la confiance dont j’avais besoin, et j’ai réussi la barre !

On retient aussi cette séance d’échauffement incroyable avant la finale. C’est du jamais-vu ?

Ah mais là, j’ai fait des sauts, tout simplement exceptionnels ! J’ai atteint des hauteurs inédites pour moi à ce niveau. 4m60 ça m’est déjà arrivé, souvent. Mais alors 4m70, mon record en compétition, ou même 4m80, c’est dingue ! C’est pour ça que j’étais d’autant plus déçue après le concours. Avec les straps qui s’en vont et mes douleurs aux pieds qui se réveillent, je ne passe aucune barre. Alors qu’après cet échauffement, je savais que je pouvais faire quelque chose d’exceptionnel. Physiquement et mentalement, j’étais au top. Malgré tout, je retiens surtout que ma préparation et mon entraînement m’ont permis d’arriver à ce genre de performance et que j’ai les moyens de faire 5m un jour. J’ai hâte de retrouver l’ambiance d’un grand championnat à Munich !