Makenson Gletty : « Cette année 2023 a été une bulle d’émotions »

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L’actuel champion de France de décathlon, Makenson Gletty, a connu une année 2023 exceptionnelle. Au micro de SPORTMAG, le spécialiste des épreuves combinées est revenu sur ses performances et ses ambitions pour 2024.

En cette fin d’année 2023, quel bilan personnel dressez-vous ?

Cette année 2023 a été une bulle d’émotions, je suis passé par tous les sentiments, que ce soit de la tristesse ou de la joie. En effet, elle avait bien commencé par un titre de champion de France en salle, en réalisant la sixième meilleure performance française. Ensuite, j’ai pu me qualifier aux Championnats d’Europe à Istanbul. C’est à ce moment-là que la première larme a été versée, avec mon zéro qui m’a coûté la 3ème place. Mais j’essaye de toujours rebondir dans l’objectif d’aller chercher quelque chose de bien mieux, et ça a fini par payer au Décastar. Cette victoire a été exceptionnelle. Cela m’a permis de monter comme il faut au classement mondial et également de me classer dans le top 14 pour les Jeux Olympiques. Je suis très satisfait de cette année 2023.

Êtes-vous un peu frustré de vous être autant approché des minima olympiques, ou au contraire, est-ce une motivation ?

Je dirais que je suis plutôt partagé. Lorsque je courais le 1500 mètres, je savais ce qu’il fallait que je fasse pour aller à chercher les minima olympiques. J’étais très dégoûté de pas les avoir faits ce jour-là parce que j’avais tout. J’avais vraiment tout pour le faire. Mais j’ai fait des erreurs dans le décathlon, j’ai aussi fait des erreurs pendant la course, ce qui m’a coûté de rater de peu les minima olympiques. Néanmoins, j’ai relativisé et je me suis rendu compte que j’ai quand même réalisé une bonne performance en dépassant 8400 points. Ce qui équivaut à 200 points de plus par rapport à Albi. Cette performance m’a donc permis de mieux digérer ma non-sélection pour les Championnats du Monde.

En parlant du 1500 mètres, sur les dix épreuves d’un décathlon, quelles sont celles sur lesquelles vous êtes vraiment à l’aise ? Et sur lesquelles vous estimez devoir encore travailler ?

Je préfère davantage évoquer les épreuves où il faut vraiment que je travaille parce qu’au final tout le reste ça va très bien et je pense que ça va aller de mieux en mieux puisque je commence de plus en plus à comprendre certains détails. Mais la discipline qu’il faut vraiment que je bosse, c’est le lancer du disque parce que c’est dans cette discipline que j’ai trop d’irrégularité. Je peux lancer à 49 mètres un jour et le lendemain à 30 mètres, j’exagère un peu. Plus sérieusement, ce sont quand même des points qui s’envolent bêtement et ça ce n’est plus possible aujourd’hui. Je rencontre un peu le même problème pour le javelot, ce qu’il faut, c’est de la régularité. C’est sur ces deux épreuves que je dois un peu accentuer mon entraînement pour être encore mieux l’année prochaine.

Quelles sont vos prochaines échéances ?

Lundi prochain, on va partir en stage en Afrique du Sud pour bien préparer la saison hivernale. En fait, ce sera un regroupement national avec toute l’Équipe de France Olympique d’athlétisme. Ce stage va durer 3 semaines. Il nous servira à préparer les compétitions du début d’année. Surtout, la X-Athletics, ce sera un heptathlon à Aubière qui aura lieu fin janvier. Ensuite, si tout se passe bien, ce sera peut-être une qualification pour les Championnats du Monde en salle à Glasgow début mars.

Comment ça se passe entre athlètes d’épreuves combinées français, existe-t-il une émulation entre vous, notamment entre vous et Kévin Mayer ?

Dans l’équipe, il n’y a pas de concurrence directe parce qu’on a tous nos épreuves, on a tous nos objectifs qui sont totalement différents. On a une bonne relation humaine et on se connaît tous, donc ça stimule bien. Ces stages sont des petits rendez-vous qui font toujours plaisir, qui font du bien. Concernant Kévin, je dirais que c’est la même chose. Nous sommes totalement différents, puisqu’il a une approche du décathlon différente de la mienne. Ça nous réussit à tous les deux, c’est le principal. Ce qui est intéressant, c’est toujours de faire des compétitions avec lui parce que moi, j’apprends toujours des meilleurs.

Il y a un peu plus d’un an, vous avez changé de club et êtes arrivé à Nice pour préparer les JO. Comment se déroule votre préparation physique et mentale en vue de ces Jeux Olympiques de Paris 2024 ?

On ne va pas faire beaucoup plus que d’habitude, on ne va pas moins faire non plus, mais à chaque cycle en remettre une couche. Ça passe d’abord par faire un point sur l’année précédente, voir ce qui a marché, ce qui n’a pas marché, et ce qui peut marcher. Ensuite, repartir sur de nouveaux cycles d’entraînement où on accentue sur la musculation, les tests de souplesse, les tests de saut, les tests en ISO. Ça passe également par plus de travail sur les points faibles. Enfin, toujours garder la même optique sans essayer de trop en faire et toujours suivre le plan sans trop le garnir. Les Jeux se préparent aussi avec un bon staff autour de soi. C’est-à-dire un bon coach, un bon préparateur physique, un bon kiné, un bon ostéopathe et surtout un bon club qui te soutient comme le fait le club de Nice. Mais ça passe également par la Police nationale qui nous offre cette opportunité.

En effet, vous n’êtes pas un simple athlète spécialisé dans les épreuves combinées, vous êtes également policier. Comment arrivez-vous à combiner ce statut « d’athlète policier » ?

La chance que nous avons, nous en tant que sportif de haut niveau qui fait partie de la Police nationale, est le fait d’être libéré. Tout le long de l’année, nous sommes détachés et nous pouvons pratiquer à 100% notre pratique sportif. Et, ça nous laisse entre guillemets beaucoup plus de temps, de chance et de liberté aussi. C’est pourquoi, je tiens vraiment à les remercier. Je suis très fier de faire partie de cette institution.