L’haltérophilie envoie du lourd

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Du 10 au 12 juin, Figeac (Lot) accueille les championnats de France d’haltérophilie. Un rendez-vous important pour une discipline qui surfe sur une dynamique intéressante et qui se projette, avec ambition, sur Paris 2024.

Des U15 aux Seniors, ils seront des centaines d’athlètes rassemblés à Figeac, durant trois jours. « Les championnats de France sont un rendez-vous incontournable pour notre fédération et notre discipline, confirme Philippe Geiss, directeur technique national au sein de la Fédération Française Haltérophilie-Musculation. Le dernier championnat de France remonte à l’automne dernier, du côté d’Istres. C’était après une saison très particulière. Là, nous avons un championnat de France qui s’inscrit enfin dans une saison « normale ». Ce que j’attends de ce rendez-vous, c’est de voir nos meilleurs représentants français en action. » Des Seniors qui, pour certains, reviennent tout juste des championnats d’Europe disputés en Albanie. Dora Tchakounte, quatrième des derniers Jeux de Tokyo, entend poursuivre sa progression en cette année 2022. Les championnats de France à Figeac font ainsi figure d’étape incontournable pour l’athlète de 27 ans. « Dora est en pleine progression depuis plusieurs années, sa quatrième place à Tokyo est venue confirmer cela, analyse Philippe Geiss. C’est un peu rageant, car elle échoue à un kilo de la médaille de bronze, mais ça a aussi montré que l’haltérophilie en France peut jouer des médailles au plus haut niveau. » En compagnie de Bernardin Kingue Matam, lui aussi présent lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo, la native de Yaoundé sera la principale tête d’affiche à Figeac.

« C’est une revue d’effectif »

« Chez les Seniors, les athlètes qui sont en course pour Paris 2024, on les observe tout au long de l’année. Sur les championnats de France bien sûr, mais surtout sur les championnats d’Europe et du monde. Je parle ici des athlètes les plus connus. L’avantage des championnats de France, c’est que l’on peut observer des athlètes plus jeunes, que l’on voit moins souvent sur les grandes compétitions », souligne le DTN. Du côté de Figeac, il aura ainsi l’occasion d’observer de près les jeunes talents dans les catégories U15, U17 et U20. « C’est une revue d’effectif. Le championnat est de retour à une date classique, ce qui va permettre d’évaluer le niveau de nos jeunes. C’est quelque chose qui nous a beaucoup manqué pendant la crise sanitaire. » Les retraites internationales d’Anaïs Michel et Gaëlle Nayo-Ketchanke, deux éléments présents à Tokyo, témoignent de l’importance de voir émerger une nouvelle génération. « Nous avons de jeunes athlètes qui arrivent avec de belles promesses chez les Seniors, je pense à Garence Rigaud ou Vicky Graillot par exemple, confie Philippe Geiss. Elles ont brillé sur les différentes compétitions de jeunes lors de l’olympiade précédente et arrivent désormais chez les Seniors avec des ambitions. En haltérophilie, il faut des années et des années pour faire un athlète de très haut niveau. À part ces deux-là, il n’y a pas vraiment d’athlète qui émerge afin de jouer la qualification pour Paris 2024. »

« Avoir le maximum d’athlètes à Paris »

Paris 2024, justement, est une échéance fondamentale pour la Fédération Française Haltérophilie-Musculation. « C’est un rendez-vous passionnant à préparer. On y met beaucoup d’engagement et d’enthousiasme. En tant que pays organisateur, on sait qu’on a droit à deux places, à la fois chez les hommes et chez les femmes. Nous avons aussi la possibilité d’avoir un athlète qualifié dans chaque catégorie. On va donc essayer d’avoir le maximum d’athlètes à Paris, à savoir trois chez les hommes et trois chez les femmes, assure le DTN. Dora Tchakounte a réalisé de grands Jeux olympiques à Tokyo. Elle va continuer à progresser et ce sera forcément un espoir de médaille à Paris. Cette médaille dans deux ans, c’est l’objectif de toute une fédération. C’est un objectif ambitieux, mais réaliste. » Des espoirs de médaille qui reposent principalement sur des athlètes féminines. L’haltérophilie tricolore peut en effet se targuer de bénéficier d’une dynamique très importante auprès du public féminin. « Nous avons aujourd’hui plus de filles que de garçons sur les finales nationales, et cela sur les différentes catégories d’âge, révèle Philippe Geiss. Chez les Seniors, c’est une dynamique qui a pleinement profité de bons résultats lors des Jeux olympiques de Tokyo. Ça a permis de montrer que c’était possible, que l’haltérophilie en France peut se montrer et performer au plus haut niveau. Pour les jeunes athlètes, c’est forcément un message fort et un exemple à suivre. »

« Une vraie démocratisation des pratiques de l’haltérophilie »

Comment expliquer un tel succès ? Celui qui occupe la fonction de Directeur technique national depuis octobre dernier a sa petite idée sur le sujet. « Il y a eu, ces dernières années, une vraie démocratisation des pratiques de l’haltérophilie et de la musculation pour les plus jeunes. Beaucoup d’adolescents se sont mis à ces pratiques et on en retrouve de plus en plus dans les compétitions. La démocratisation de ces pratiques a également été très forte auprès du public féminin. L’arrivée du crossfit, qui utilise de nombreux mouvements d’haltérophilie, participe aussi à cette dynamique. L’haltérophilie demeure un sport très intéressant pour se tonifier, muscler sa silhouette, travailler ses cuisses, ses fessiers, son dos… ça parle à beaucoup de gens. » Depuis plusieurs années, l’haltérophilie a également investi le milieu scolaire. « On organise notamment des sessions de formation pour les enseignants d’EPS. Nous travaillons également avec l’UNSS sur des formats de compétitions. Aujourd’hui, on voit que c’est un travail qui commence à porter ses fruits. Il y a beaucoup d’enseignants qui se tournent vers notre discipline. C’est à nous de les accompagner. » C’est donc avec confiance que la discipline continue d’évoluer, en route vers Paris. « Pour la fédération, l’un des grands objectifs de cette olympiade est de réussir les Jeux olympiques. Mais cela n’implique pas seulement les résultats sportifs. On doit aussi réussir le pari de la promotion de l’haltérophilie, souligne Philippe Geiss. C’est un sport assez méconnu, mais qui véhicule de belles valeurs. Nous avons beaucoup de choses à apporter à la jeunesse en termes de mixité, de santé et de lutte contre la sédentarité. Faire connaître ce sport et ses bienfaits, c’est là le véritable enjeu de Paris 2024 pour nous. »