Judo : les Hauts-de-Seine par ippon

Avec plus de 16 000 licenciés, le judo est une activité majeure dans les Hauts-de-Seine. Le Comité des Hauts-de-Seine de Judo n’hésite d’ailleurs pas à s’ouvrir à de nouveaux types de pratique pour mieux toucher tous les publics.

 
36 communes, 63 clubs, 16 000 licenciés : président du Comité des Hauts-de-Seine de Judo depuis vingt ans, Roger Vachon le reconnaît volontiers, « la dynamique est excellente au sein du département. » Amoureux de son territoire, le champion d’Europe 1981 chez les moins de 95kg défend aussi bien son département qu’il combattait sur les tatamis. « Sur le département, nous sommes le troisième sport derrière le football et le tennis, ce qui n’est pas rien. Les Hauts-de-Seine figurent également parmi les cinq départements comptant le plus de licenciés en judo au niveau national. Notre département est donc l’un des moteurs du judo français. » Un moteur alimenté par des clubs performants, à l’image de l’Athletic Club de Boulogne-Billancourt, en plein renouveau. « Nous avons restructuré le club récemment. La structure est professionnalisée, il y a donc beaucoup plus de compétences et d’efficacité », explique Yoann Catherin, président de l’ACBB. « Notre politique est axée sur trois thématiques fortes : l’accomplissement de la personne pour les pratiquants loisir, la formation des jeunes et le haut niveau. » Ce dernier axe est abordé « différemment », confie Yoann Catherin. « Historiquement, l’ACBB est l’un des clubs les plus titrés de France. Nous avons mis en place une nouvelle philosophie avec moins de quantité et plus de qualité, basée sur un suivi de la formation. » Une philosophie qui a permis de créer un esprit de groupe, hissant les féminines jusqu’au titre de championnes de France. « Nous pouvons aussi compter sur d’autres clubs performants, je pense à Courbevoie (1 500 licenciés), Asnières (1 000 licenciés) ou encore Levallois (900 licenciés) », poursuit Roger Vachon. « Nous avons des pratiquants de loisir, mais le haut niveau est aussi très représenté. Il faut savoir qu’en France, 80 % des judokas et judokates de haut niveau évoluent dans le bassin parisien. Tous les plus grands clubs sont quasiment franciliens. Boulogne-Billancourt brille avec un titre de champion du monde cadet acquis récemment, mais nous avons aussi des clubs comme celui d’Asnières qui est très performant chez les jeunes avec des résultats probants et constants. »

Le handi-judo en plein développement

Directeur technique en charge du judo au sein du club Arts Martiaux d’Asnières, Fabrice Ruimy confirme que « notre public est majoritairement jeune. Le judo, par le code moral qu’il inculque, continue de plaire beaucoup. Nous avons un public loisir, mais aussi un public compétiteur. Au club, notre philosophie est vraiment de former de bons judokas. Depuis plusieurs années, nous avons ouvert une section baby judo. » Une activité d’éveil destinée aux enfants de 4 à 5 ans, avec une pédagogie adaptée favorisant le développement physique et intellectuel des très jeunes pratiquants. « C’est une activité de plus en plus prisée. C’est aussi l’avantage du judo, c’est une activité que l’on peut commencer très jeune. » Asnières est une véritable ville de développement pour le judo, puisque c’est aussi dans cette cité de 90 000 habitants qu’a récemment été monté un club destiné aux personnes en situation de handicap. « Le développement de la pratique pour les personnes en situation de handicap fait partie de nos priorités », assure Roger Vachon. « Le judo est une discipline ouverte à tous les publics. C’est une thématique que nous mettons progressivement de plus en plus en avant dans les Hauts-de-Seine, avec un nombre croissant de licenciés en situation de handicap. Pour eux, la pratique du judo est un vrai plus. » Le Comité des Hauts-de-Seine de Judo tente ainsi de s’ouvrir de plus en plus à de nouveaux publics. « Le développement du sport santé répond aussi à cette volonté. Être présent sur ce type de créneau est important, car cela fait partie des nouveaux types de pratique. Le judo a de la concurrence, notamment quand on voit le développement de sports comme le MMA. Nous nous devons donc d’innover, de proposer de nouveaux créneaux et de développer de nouveaux types de pratique. »
 

 

Un tissu économique favorable

L’ouverture à de nouveaux publics concerne aussi le public féminin. « Aujourd’hui, les féminines représentent environ 20 % du total de nos licenciés, ce qui n’est pas énorme. C’est un domaine dans lequel nous pouvons faire mieux et nous nous y attelons », confie Roger Vachon. « Cet intérêt du public féminin peut commencer dès le plus jeune âge, et notamment à l’école. Tout au long de l’année, nous travaillons étroitement en compagnie de l’UNSS et de la FFSU. Nos licenciés les plus jeunes sont aussi des élèves, il est donc important de créer un lien fort avec les fédérations sportives scolaires. Ce lien entre monde scolaire et monde fédéral me paraît primordial. » Si le Comité des Hauts-de-Seine de Judo met en place autant de choses, c’est aussi parce que le terreau y est particulièrement favorable. « Nous avons la chance de bénéficier d’un tissu économique de grande qualité », révèle l’ancien champion d’Europe. « Nous n’avons d’ailleurs pas de préoccupations concernant les infrastructures. Nous avons la chance d’avoir des élus qui se préoccupent beaucoup des jeunes et un réseau très développé de professeurs de judo. Nous avons donc tout ce qu’il faut pour regarder vers l’avant et continuer à nous développer. » Le 92 s’affirme ainsi comme un territoire leader pour le judo français, d’autant qu’il travaille en étroite collaboration avec ses voisins. « Nous œuvrons en effet beaucoup avec les autres départements franciliens. L’Île-de-France, c’est 110 000 licenciés en judo sur un total de 600 000 pour toute la France. La région est donc une terre incontournable pour le judo français. Il y a des vases communicants, nous travaillons main dans la main avec les autres départements. C’est nécessaire si nous voulons continuer à développer notre discipline. »

Paris 2024 en ligne de mire

Un travail avec un point de mire : Paris 2024. « Nous y travaillons à tous les échelons. Je suis également vice-président de la Fédération française de judo en charge du haut niveau, il est donc nécessaire que tout le monde travaille ensemble en bonne intelligence, de la fédération aux régions, aux départements en passant par les clubs. Nous avons un bon vivier de cadets et juniors et nous les préparons en vue de ce rendez-vous crucial. On se projette vers Paris 2024 avec une forte attente de dynamique économique et sportive », confie Roger Vachon, déjà prêt à rassembler tous les Bleus dans son département. « Nous allons organiser les Mercredis de l’équipe de France à Nanterre. Ce sera le 6 mai prochain et ce sera un rendez-vous majeur de l’année 2020 dans les Hauts-de-Seine. Tous les athlètes de l’équipe de France seront présents, nous allons ouvrir cet événement à tous les jeunes pratiquants des Hauts-de-Seine, mais aussi plus largement de l’Île-de-France. » Un territoire francilien plus que jamais vêtu de son judogi, les pieds sur le tatami. « Le judo demeure un sport incontournable. Je vois souvent les parents mettre leurs enfants au judo, car c’est une discipline qui inculque des règles et des valeurs fortes. Il y a une forme de respect que l’on ne retrouve pas partout. Il faut aussi savoir évoluer pour être en phase avec son temps et continuer d’attirer les jeunes. Mais il y a une base à conserver : notre code moral. »

Sarah-Léonie Cysique, fierté du 92 à Tokyo ?

Et si les Hauts-de-Seine ramenaient une médaille des prochains Jeux olympiques de Tokyo ? Roger Vachon y croit fermement. « Nos espoirs reposent sur Sarah-Léonie Cysique. Elle est encore toute jeune, elle n’a que 21 ans et évolue en moins de 57kg. Elle reste sur une magnifique médaille d’argent lors de la compétition par équipes aux derniers championnats du monde. » La judokate de l’ACBB devrait faire figure d’outsider lors de la compétition individuelle, elle qui sera avant tout au Japon pour apprendre et vivre ses premiers JO. Avant de goûter, pourquoi pas, au podium à Paris en 2024.

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Par Olivier Navarranne