Léonie Cambours : « Maintenant, j’ai un statut à assumer »

(Aude Alcover/Icon Sport)

Championne de France de pentathlon cet hiver, Léonie Cambours (21 ans) a tourné la page de sa belle saison indoor pour se lancer vers un été chargé. Entretien avec l’athlète de la Team SPORTMAG.

Pour lancer votre saison estivale, vous avez pris part au réputé Meeting de Ratingen en Allemagne. Qu’est-ce que vous retenez de ce retour à la compétition ?

Ça s’est plutôt bien passé, même si je suis un peu déçue du résultat. Je termine troisième, alors je suis contente d’être sur le podium d’un meeting de cette ampleur. D’autant que les deux Allemandes qui sont devant moi ont de meilleurs records que moi, alors je suis à ma place. Mais au niveau de mon score, je suis un peu frustré. Je fais 5933 points, je visais plus et c’est quand même assez loin de mon record, à 200 points. Ce qui est quand même beaucoup en heptathlon. Une reprise ce n’est jamais facile, et je revenais à la compétition après un mois et demi de coupure. Malgré tout, je bats deux records personnels, sur le javelot et les haies, et j’égale mon meilleur temps sur 800m. C’est une bonne nouvelle quand même.

Contrairement à de nombreux athlètes, vous n’avez pas fait votre rentrée sur les Interclubs mais sur ce meeting de Ratingen. Pourquoi ce choix ?

Ce premier tour de début mai est plutôt un tour de chauffe, le plus important étant de performer le 22 mai prochain. Si je suis allée sur ce meeting allemand, c’est parce qu’il rapportait des points pour le ranking mondial. Ce qui peut avoir son importance pour les championnats d’Europe, et même les championnats du monde. D’autant que dans les épreuves combinées, on dispute peu de compétitions complètes. Au total, on fait trois ou quatre heptathlons complets, et sur d’autres meetings, on vient disputer des épreuves « à la carte », du saut, du lancer ou de la course par exemple.

« Mon premier objectif : les championnats d’Europe »

Après cette saison hivernale très fructueuse, comment avez-vous coupé, et depuis quand avez-vous repris l’entraînement ?

Après les Mondiaux, j’ai coupé une semaine à peine, et j’ai vite repris l’entraînement en vue de l’été. Ensuite, je suis parti en stage à Monte Gordo. À un moment donné, j’étais un peu dans le creux, je ressentais un peu le contrecoup de cette saison hivernale très chargée. Petit à petit, la forme va remonter, je sais qu’il faut être patient. En période de reprise, comme en ce moment, on est sur une vingtaine d’heures d’entraînement par semaine environ, pour ne pas trop se cramer. Il faut arriver à faire monter la forme sans trop s’user, car mon premier objectif, ce sont les championnats d’Europe, à Munich fin août. C’est dans trois mois, alors il faut avoir des réserves et assurer son pic de forme.

Durant cette période d’entraînement, est-ce que vous mettez l’accent sur certaines épreuves en particulier  ? Les lancers ?

Oui, certaines disciplines prennent plus de place à l’entraînement que d’autres, même si je les travaille toutes à la fois. Évidemment, je travaille plus sur mes points faibles, qui sont les lancers, parfois au détriment des autres épreuves telles que les sauts, où je suis plus à l’aise. Ce point faible sur le poids et le javelot, je l’ai encore ressenti lors de cette rentrée en Allemagne. Je me suis un peu fait marcher dessus ! Mon objectif, c’est de rattraper le retard que j’ai sur les autres, pour limiter la casse. Comme j’ai commencé tard, je n’ai pas ce qu’on appelle un « bras lanceur ». Au niveau du poids, je sens que je progresse. Le javelot se joue bien sur l’élasticité et le timing, ce que je ne maîtrise pas encore de manière optimale. J’espère un jour avoir un déclic ! En attendant, je continue à m’entraîner dur sur ces points et à enchaîner les répétitions.

« Avant, j’étais plutôt l’outsider »

Le premier objectif désormais, ce sont donc les championnats d’Europe à Munich. Vous pensez aussi aux Mondiaux à Eugene (dans l’Oregon, aux Etats-Unis) ?
J’y pense aussi, mais c’est plutôt un bonus. La qualification sera bien plus dure à obtenir, et j’aurais sûrement dû faire un meilleur résultat à Ratingen pour ne pas prendre de retard. Pour moi, ce sera encore plus difficile que d’aller aux Mondiaux indoor à Belgrade, puisqu’en extérieur, il y a un lancer supplémentaire, avec le javelot. Ça ne m’avantage pas. Je suis encore dans ma dernière année Espoirs, alors je prends encore le temps de progresser. Je suis focus sur les Europe à Munich. D’ici là, je participerais aussi aux championnats de France fin juin, sur l’heptathlon.

Après ce titre de championne de France en pentathlon (indoor) et les Mondiaux à Belgrade, est-ce que vous vous sentez plus attendue ?

C’est clair que maintenant, on me connaît un peu plus ! Avant, j’étais plutôt l’outsider qui arrivait, alors que maintenant, je suis parmi les favorites en France. Je ne me mets pas plus de pression par rapport à ça, même si j’ai maintenant un statut à assumer. Je ne peux pas l’ignorer, alors il faut assurer ! En Allemagne, j’ai senti une différence, surtout dans les annonces du speaker. C’était en allemand, alors je n’ai rien compris, mais c’était beaucoup plus long qu’avant !