Léo Le Blé-Jaques : « Mon premier partenaire reste ma mère »

Troisième par équipes avec Julia Pereira de Sousa Mabileau lors des Mondiaux de Idre Fjäll, le snowboarder du Grand-Bornand, 24 ans, espère que cette médaille de bronze va lui permettre d’obtenir plus de visibilité pour attirer des sponsors.

 
Léo, on vous a vu vous jeter sur Julia à l’arrivée pour fêter cette médaille de bronze. Comment avez-vous vécu cette récompense ?
Une médaille pour mes premiers Mondiaux, c’était un grand moment. J’ai couru le premier relais donc c’était très stressant de suivre la course de Julia. Quand elle passe la ligne en 3e position, c’est un soulagement. J’étais vraiment content, vraiment heureux. La descente se finissait par une très longue ligne droite et avec beaucoup de vent. Avec le coach Kevin Strucl, on s’était dit qu’il ne fallait pas que je me classe 1er pour éviter que Julia, dans la deuxième manche, soit en tête et se fasse rattraper par l’aspiration. J’ai fini 3e donc tout était encore possible. Julia a confirmé cette place, c’est parfait !
 
Cette médaille était inespérée avant le début des Mondiaux ?
On n’était pas la plus attendue des deux équipes de France car on était l’équipe 2. On a appris la veille que nous allions courir ensemble pour la première fois mais on avait des objectifs. Le matin, on s’était dit qu’on allait chercher le podium. C’est différent d’une course individuelle, cela permet de partager ce genre d’émotions. Stratégiquement, c’est complètement différent aussi. Même si on vit tous ensemble toute la saison avec le groupe, c’est un ressenti plus fort. C’est pour ça que je l’ai prise dans les bras et je l’ai remerciée.
 
Qu’est-ce qu’une médaille aux Mondiaux peut changer ?
Je ne mesure pas encore trop l’impact de la médaille, j’espère qu’elle m’offrira plus de visibilité pour attirer des partenaires, cela pourrait être un argument supplémentaire. Je n’en ai pas beaucoup, mon premier partenaire reste ma mère (sourire). Je ne suis pas encore autonome, elle m’aide beaucoup à titre individuel. Je n’ai pas encore revu mes proches, ni mes copains du club du Grand-Bornand. On a tout de suite enchaîné avec une étape de Coupe du monde en Autriche. Je ne sais pas s’ils me réservent un accueil spécial pour fêter la médaille. Peut-être plutôt en fin de saison.
 

 
Comment justement cette médaille se situe dans votre saison ?
Là, je vous avoue que je suis un peu sous le coup de la déception : je viens de me faire éliminer en qualifications de l’étape de Reiteralm. Passer de la médaille à ça, l’ascenseur émotionnel est très fort mais je sais ce qui n’a pas marché. Techniquement, je n’étais pas au top de ma forme et puis, la fatigue a enclenché tout ça. Le voyage entre la Suède et l’Autriche via une longue escale à Paris n’a pas été de tout repos. J’accuse le coup, je sens qu’il me manque de l’énergie. Une petite semaine off à la maison devrait me permettre de repartir car j’étais content de mon début de saison : j’ai terminé 24e à la première étape de Coupe du monde, puis 9e à la deuxième. C’est mon meilleur résultat en Coupe du monde.
 
Vous sentez que vous progressez ?
Complètement. En fait, cette saison, c’est un renouveau après deux saisons rendues compliquées par une rupture des ligaments du genou dès ma première course sur le circuit de Coupe du monde. Là, je commence à m’exprimer enfin, j’ai d’autres ambitions. Je fais 24e et 9e (il a également terminé 12e aux Mondiaux) mais à chaque fois, je suis éliminé de pas grand-chose, je ne suis pas loin derrière. J’ai les moyens d’aller chercher plus loin et cette médaille de bronze me l’a confirmé.
 
Les JO de Pékin sont dans un an. Vous y pensez ?
Les Jeux, c’est le summum de notre sport. C’est vraiment le plus gros objectif dans une carrière. Le côté prestigieux et le fait que cela se déroule tous les 4 ans rendent le truc encore plus exceptionnel. Il faut que je continue sur la lancée des premières courses de la saison, à construire sur ces résultats et passer des tours supplémentaires pour me rapprocher des meilleurs.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud