Le Mans remet le contact

Reprogrammée les 19 et 20 septembre 2020, la 88ème édition des 24 Heures du Mans peut compter sur un plateau de choix. Mais aussi sur une belle capacité d’adaptation de l’organisation et des écuries afin que cette édition 2020 puisse avoir lieu dans le contexte actuel.

 
Double dose de Mans cette année. Durant la période de confinement, les 24 Heures du Mans virtuelles ont réuni un plateau exceptionnel avec des pilotes venus de tous les horizons du sport automobile. Mais les 19 et 20 septembre, la célèbre épreuve sera tout sauf virtuelle. 6 LMP1, 24 LMP2, 7 LMGTE Pro et 23 LMGTE Am seront sur la ligne de départ le 19 septembre, à 14h30. 60 équipages évolueront ainsi sur le mythique circuit de la Sarthe et ses plus de 13 kilomètres. Sur le papier, quatre vainqueurs au général des 24 Heures du Mans (Dumas, Buemi, Nakajima et Hartley) figurent sur la liste des engagés qui compte quelques rookies comme Tatiana Calderon, Sophia Flörsch ou encore Adrien Tambay, fils de Patrick Tambay. Cette édition 2020 sera historique, puisqu’il s’agira de la dernière venue au Mans des LMP1 Hybrides, qui verront les Le Mans Hypercars leur succéder au Mans en 2021. Autre changement important, le format de cette 88ème édition. Onze heures d’essais libres sont au programme entre jeudi et vendredi, avant l’Hyperpole, un exercice de vitesse pure, qui réunira le vendredi durant 30 minutes les 24 plus rapides, 6 dans chaque catégorie, à l’issue de la qualification. Le tout avant un Warm up de 15 minutes le samedi matin et la course dont le départ sera donné dès 14h30, avec un temps de course de nuit plus long, propice à un suspense supplémentaire. L’Automobile Club de l’Ouest, organisateur de l’événement, a cependant renoncé à accueillir des spectateurs sur le circuit sarthois. « Durant ces dernières semaines, nous avons réfléchi à de nombreuses options pour partager notre épreuve avec nos fans, même en nombre restreint, sur site. Cependant, les conditions d’accueil propres à notre événement, véritable festival populaire durant plusieurs jours, nous ont fait opter avec la préfecture, pour l’organisation de nos 24 Heures sans public cette année », confie Pierre Fillon, président de l’ACO. « Les incertitudes sont encore trop nombreuses pour notre course-festival, or nous ne voulons faire aucun compromis avec la sécurité. » Il y a encore quelques semaines, l’organisation avait envisagé l’accueil de spectateurs au sein de villages répartis sur l’ensemble de la zone du circuit, le tout couplé à un protocole sanitaire strict. Il n’en sera finalement rien.

Les écuries impatientes et ambitieuses

 
Une édition 2020 pas comme les autres donc, mais tout de même très attendue par de nombreuses écuries, à l’image de Panis Racing. L’écurie dirigée par Olivier Panis, ancien pilote de Formule 1 et dernier vainqueur français dans la catégorie reine du sport automobile, va participer à cette édition 2020 des 24 Heures du Mans avec impatience et ambition grâce à des soutiens importants. Loin d’être négligeable par les temps qui courent. « C’est une grande fierté pour nous d’être associés au manufacturier Goodyear et de pouvoir bénéficier de son héritage », assure Olivier Panis. « Nous sommes également très reconnaissants vis-à-vis de ELF pour sa confiance. Ce partenariat résonne de façon particulière pour moi, car cette marque m’a permis de faire mes débuts en F1 et m’a longtemps accompagné dans ma carrière de pilote. » Des soutiens qui permettent à Panis Racing d’envisager une belle édition 2020. « Nous avons une excellente équipe avec Julien Canal qui est avec moi depuis 2 ans, et le nouveau venu Nicolas Jamin que je connais depuis un moment. Je suis sûr qu’il peut apporter beaucoup à l’équipe. Nous sommes heureux d’avoir réussi à réunir trois pilotes de grande envergure pour s’attaquer à cette saison », se réjouit le Team principal, qui accorde beaucoup de confiance à Nicolas Jamin, très attendu au Mans cette année. « C’est une grande satisfaction d’accueillir Nicolas Jamin pour compléter cet équipage, ce jeune pilote a montré de très belles choses en LMP2 et nous connaissons son esprit d’équipe et sa capacité à s’intégrer. Nul doute que ce trio a les armes pour se battre en haut du tableau et remporter des courses. »
 

« Gentleman driver », un mythe toujours vivant en 2020

 
Malgré une édition 2020 bouleversée, le parfum historique du Mans sera toujours bien présent. Notamment grâce à la présence de fameux « gentlemen drivers », autrement dit des pilotes amateurs désireux d’assouvir leur passion, volant en mains. François Perrodo en est la définition parfaite. Président de la compagnie pétrolière Perenco, l’homme d’affaires français entretient une histoire d’amour avec le sport automobile, lui qui a débuté sa « carrière » sur les circuits en 2012. Depuis, six participations aux 24 Heures du Mans, avec une deuxième place en 2016 dans la catégorie GT, puis une troisième place, l’année passée, en LMP2. « En termes de plaisir, je suis fier d’avoir pu piloter ces voitures-là, je tenais absolument à rouler en LMP2, car ce sont des machines extraordinaires », explique le chef d’entreprise. Cette année, c’est au volant d’une Ferrari 488 GTE EVO que François Perrodo tentera à nouveau de briller, accompagné d’Emmanuel Collard et du danois Nicklas Nielsen. Un retour en catégorie GT qui, forcément, pousse à quelques changements de comportement et de pilotage. « En GT, on regarde autant dans ses miroirs que devant soi. En LMP2 le trafic reste une donnée tout aussi importante. Il faut bien anticiper, notamment quand on va arriver sur les GT. Se dire là ça passe, là ça ne passe pas, je peux leur faire le frein ou non, constitue un exercice différent en LMP2, mais tout aussi important qu’à bord d’une GT. » Désormais doté d’une expérience solide et fort d’un équipage soudé et performant, François Perrodo peut, pourquoi pas, envisager la gagne cette année au Mans, une épreuve qui nécessite « une préparation physique assez poussée, c’est quand même une course très fatigante et longue. Il faut rester concentré à 100%. Une préparation nutritionnelle et une bonne hydratation doivent permettre de ne pas faire d’erreur pendant la course. » Ce n’est qu’à ce prix que professionnels et amateurs entretiennent le mythe qu’est Le Mans.


Une Alpine A 450 unique signée Ghass
Une Alpine A 450 unique et complètement métamorphosée. C’est le projet un peu fou lancé par GRK Gallery et mis en œuvre par l’artiste iranien Ghass. « Habituellement, après les compétitions, les ART Car sont rachetées par des collectionneurs. Là, nous l’avons récupérée afin de créer un modèle unique », explique Golan Rouzkhosh, fondateur et directeur de GRK Gallery. « Ghass a d’ailleurs usé d’un procédé unique. La voiture a été recouverte de toile, puis travaillée avec la peinture beaux-arts. C’est le même procédé que pour un tableau. Au total, il y a eu 126 jours de travail. » Résultat : un modèle sans moteur, devenu une véritable œuvre d’art qui attire le regard. « L’automobile raconte une histoire. Des ART Car ont déjà été réalisées par de très grands artistes, pour Ghass et pour moi-même c’était donc un véritable challenge de se différencier et de créer quelque chose d’exceptionnel », confie Golan Rouzkhosh. « La marque Alpine a été totalement séduite par la démarche. Ghass a voulu humaniser la démarche du véhicule, notamment en plaçant la ceinture de sécurité à l’arrière. Cela montre que la sécurité est visible et demeure une démarche importante. La mère de Ghass est décédée dans un accident de la route, il a donc été très sensible et attentif à la mise en avant de cet aspect sécuritaire. Ce modèle est également une base afin de pourquoi pas imaginer un modèle en série. C’est quelque chose sur lequel nous allons peut-être travailler avec la marque Alpine. » En attendant une possible déclinaison en série, cette Alpine A 450 totalement unique sera vendue lors d’une vente aux enchères en 2021.

Par Olivier Navarranne