Laurent Hetet : « L’anticipation sur le Tour de France m’anime »

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Laurent Hetet, responsable logistique sur le Tour de France pour Sodexo Live !, la filiale de Sodexo, se confie sur les coulisses de la restauration et logistique de la plus célèbre course cycliste du monde.

Cela fait 11 ans que vous êtes responsable logistique sur le Tour de France pour Sodexo et Sodexo Live !. Comment se passe l’organisation en amont ?

Dès le parcours dévoilé au mois d’octobre par Christian Prudhomme, on se met en ordre de bataille pour caler toute cette partie logistique, découvrir ou rechercher des produits régionaux et organiser toute cette logistique qui se gère par rapport à cet événement. Sodexo gère la logistique et la restauration sur le Tour de France depuis plus de trente ans (1991, ndlr.). Sodexo Live !, la filiale à laquelle j’appartiens, s’occupe plus particulièrement des gros événements sportifs.

Y a-t-il un cahier des charges à respecter ?

Il y a bien entendu un cahier des charges à respecter qui nous oblige à mettre en avant des produits partenaires, surtout les produits alimentaires et les boissons. Une règle que s’impose le Groupe Sodexo est d’être de plus en plus dans cette démarche RFA zéro plastique sur le Tour de France et de travailler de façon la plus proche possible avec les producteurs locaux.

« Nous accueillons environ 2 500 personnes par jour sur le village-départ »

Le Groupe Sodexo confectionne environ 3 500 repas quotidiens. Comment cela se passe-t-il ?

Sur le village-départ le matin, nous accueillons environ 2 500 personnes chaque jour. En fonction des horaires d’ouverture, tôt le matin, nous sommes plus sur une offre petit-déjeuner. En milieu de matinée, il y a une partie sucrée et une partie salée pour le moment de l’apéritif. Cela concerne la partie village. En ce qui concerne la course, la prestation que l’on réalise pour l’ensemble des caravaniers et motards est une lunchbox pour environ mille personnes. Celle-ci possède des sandwiches, salades. Pour les sandwiches, nous travaillons avec des boulangeries en local. Nous les contactons à travers notre réseau national dès que nous avons pris connaissance du cahier des charges ainsi que du parcours. Pour les invités du jour suivant la course dans des voitures VIP, plusieurs types de prestations sont proposés : cela va du plateau repas qui se déguste dans un endroit magique au coffret tapas pour déguster sur la route.

Comment sélectionnez-vous les produits pour les repas ?

Comme pour la préparation des repas, une fois que l’on connaît le parcours, on sélectionne des produits régionaux qui correspondent aux règles du Groupe Sodexo. On ne va pas travailler avec des produits qui ne correspondent pas ou des produits interdits.

« Ce qui m’anime plus particulièrement, c’est l’anticipation »

En 11 ans de Tour, avez-vous des anecdotes à raconter ?

Effectivement, il y en a quelques unes. Celle qui me vient en tête est celle d’un ministre qui est venu sur le Tour de France et qui a commandé en 9 minutes 13 plateaux repas. Il a fallu redoubler d’énergie et d’intelligence pour délivrer cette prestation qui n’était pas du tout prévue dans nos commandes.

« Une journée, c’est quatre jours »

Quelle est la journée type en termes de logistique et préparation sur le Tour de France ?

Je ne dirai pas une journée mais il faut savoir qu’une journée, c’est quatre jours. A J-3, nous recevons l’ensemble des produits que nos laboratoires contrôlent. Ensuite, à J-2, nous allons fabriquer les prestations qui seront délivrées sur le terrain le jour J. Un jour avant, les produits sont transportés depuis notre plateforme à un endroit déterminé au préalable pour ravitailler nos camions qui sont sur le Tour de France. Douze heures avant le départ, nous chargeons les camions pour délivrer les prestations dès le lendemain matin en fonction des horaires d’ouverture du village-départ entre 6 et 18 heures pour l’ensemble des prestataires. Le soir, on répète la boucle. Notre personnel quitte le village-départ pour rejoindre le point de ravitaillement. Nous avons plusieurs équipes. Une sur le départ de l’étape où nous accueillons environ 2 500 personnes par jour. Une autre sur le relais-étape situé à environ 50 kilomètres de l’arrivée qui délivre une prestation servie à table pour les invités, partenaires mais également collectivités locales. Pour finir la journée, nous possédons trois espaces de réception dans lesquels nous accueillons les partenaires qui ont suivi la course tout au long de la journée et un autre espace pour accueillir les vainqueurs du jour avec une coupe de champagne et des cocktails amenés avec des produits régionaux. De plus, on propose aussi de ramener les invités du point d’arrivée au point de départ.

Qu’aimez-vous par-dessus tout avec ce poste ?

Ce qui m’anime plus particulièrement, c’est l’anticipation. C’est ce que j’aime dire à mes équipes. Il ne faut pas que l’on ne subisse pas au quotidien, que l’on ait toujours un coup d’avance. Tout doit être calé, préparé pour que l’on puisse préparer l’imprévisible. Une route qui s’effondre. Il faut toujours savoir comment on peut gérer ce genre de problèmes. C’est pour ça que le matin, on prend le temps de tout vérifier pour que tout roule. C’est une remise en question perpétuelle, c’est aussi une découverte des lieux. On a beau avoir des routes qui sont très bien faites mais on n’est pas à l’abri d’une colline qui s’ébranle ou d’un terrain vague décrit comme catastrophique qui peut être viabilisé avec toute la partie refaite avant notre arrivée.