Koumba Larroque : « Je veux goûter à l’or »

Qualifiée pour les Jeux olympiques un mois avant de devenir championne d’Europe, Koumba Larroque vit une magnifique année 2021. A tel point que la lutteuse française s’avance comme favorite pour la médaille d’or dans sa catégorie.

« Je reviens de tellement loin… » Koumba Larroque n’oublie pas de parler de son passé au moment d’évoquer l’avenir et les Jeux olympiques de Tokyo. En 2018, la Française est la grande favorite des Mondiaux, elle qui est alors âgée de 20 ans et qui surfe sur d’excellents résultats, avec notamment une médaille de bronze obtenue lors des Mondiaux à Paris, un an auparavant. Mais en pleine finale, le genoux de Koumba Larroque lâche. Une douleur vive, inattendue et sans appel. « Je gagnais, j’étais toute proche de l’or, ça a donc été vraiment dur à vivre. » Pour la jeune lutteuse française, le plus dur commence : une opération et un niveau qui tarde à revenir, entamant forcément la confiance de la Française. « J’ai connu une très grande période de doute après l’opération », reconnaît Koumba Larroque. « J’ai été arrêtée presque un an et je n’ai pas pu me qualifier pour les championnats du monde. C’était vraiment très dur, je me suis posée pas mal de questions. Mais j’avais toujours en tête cet objectif d’être aux Jeux olympiques, c’est ce qui m’a guidé pour revenir et tenter de me qualifier. » C’est avec cet objectif JO en tête que Koumba Larroque redouble d’effort à l’entraînement, elle que le report d’un an des Jeux olympiques a forcément arrangé. « Quand les JO ont été reportés, le tournoi de qualification olympique (TQO) a également été décalé d’un an en raison de la Covid-19. Bien plus que les prochains JO, j’avais ce TQO en tête et je me suis préparée spécifiquement pour ce rendez-vous. Je savais que si je ratais ce TQO, les JO c’était fini. Je voulais être à Tokyo. Je suis jeune c’est vrai, mais le rendez-vous des Jeux olympiques, ça ne repasse peut-être jamais, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. »

« Quand j’ai su que j’allais à Tokyo, j’ai pu respirer »


Un rendez-vous que Koumba Larroque ne manque pas, grâce à un excellent tournoi de qualification olympique accompli au mois de mars dernier. « Je suis entrée en lice dès les quarts de finale, car j’étais tête de série. Je ne savais même pas que je l’étais (rires). C’est mon entraîneur qui me l’a dit. Je me suis alors dit que c’était vraiment une belle opportunité pour moi, car seulement deux combats me séparaient d’une qualification pour les Jeux olympiques. Chaque match est éliminatoire sur une telle compétition, il y a donc pas mal de pression, mais ça m’a forcément aidé de n’avoir que deux combats à disputer », confie Koumba Larroque. « Quand j’ai gagné mon deuxième combat et que j’ai su que j’allais à Tokyo, j’ai pu respirer. C’était vraiment un soulagement. » Le soulagement, aussi, de retrouver des sensations après cette longue période d’incertitude liée à sa blessure au genou. « Je ne sais pas vraiment expliquer dans quel état j’étais, mais en tout cas je n’étais pas sereine. Vraiment pas du tout ! Je me suis simplement focalisé sur mon objectif. C’est une compétition où je n’ai pas pris de risques, car je n’étais pas dans une forme optimale. J’ai « assuré » ma lutte et cela m’a permis d’aller jusqu’au bout. » Ce succès obtenu lors du TQO sonne alors comme un déclic : celui d’un retour sur le devant de la scène au meilleur des moments. Un mois plus tard, Koumba Larroque a rendez-vous à Varsovie, en Pologne, pour les championnats d’Europe de lutte. Un événement que la Française de 22 ans survole avec aisance, remportant largement chacun de ses combats jusqu’à obtenir la médaille d’or, sa toute première sur la scène internationale chez les seniors.

« Je suis beaucoup plus en confiance à l’approche de l’événement »

« C’est un titre qui m’a rendu très heureuse, d’autant que c’est vrai que c’est mon tout premier. C’est un peu une revanche pour moi, je suis surtout très contente d’avoir pu surmonter une période difficile liée à une blessure et d’avoir pu revenir pour montrer ce dont je suis capable », lâche Koumba Larroque. « Ce qui est certain, c’est que depuis ma blessure, j’ai dû m’adapter par rapport aux douleurs et donc modifier pas mal de choses. Je recommence à me sentir bien sur le tapis. C’est le plus important à mes yeux. Je suis arrivée sur les championnats d’Europe avec moins de pression, puisque j’étais déjà qualifiée pour les Jeux olympiques. Je me suis donc mis moins de pression et j’ai pu bénéficier de cette confiance. Je me suis par exemple laissée aller à une lutte plus offensive. Sur le TQO, il y avait beaucoup plus d’enjeu, j’avais donc beaucoup plus de mal à attaquer. Sur le championnat d’Europe, j’ai pu profiter de beaucoup plus d’opportunités d’attaque. C’est la lutte que j’aime pratiquer et qui me correspond et c’était bien d’avoir pu profiter de cette compétition pour mettre en place cela. » Un style de lutte que l’on retrouvera à Tokyo ? « Oui, c’est clair ! », lance Koumba Larroque, désormais favorite en vue de la médaille d’or dans sa catégorie de poids. « Favorite je ne sais pas », tranche-t-elle. « Mais je suis beaucoup plus en confiance à l’approche de l’événement. L’or a toujours été mon objectif. La période difficile que j’ai vécu m’a éloigné de cet objectif, mais j’ai finalement réussi à revenir, d’abord pour retrouver mon niveau, puis pour obtenir mon ticket pour ces JO. Le titre européen me donne beaucoup de confiance en vue de Tokyo. Là-bas, la première place sera mon objectif. Je veux goûter à l’or. »

Olivier Navarranne