Just Kwaou-Mathey, toujours plus près des Jeux

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Révélé sur la scène internationale à l’été 2022, avec une médaille de bronze aux championnats d’Europe, Just Kwaou-Mathey a confirmé cet hiver qu’il est l’un des cadors des haies françaises. En salle, le hurdler a décroché son premier titre national, avant d’aller chercher un nouveau podium européen. Le Normand arrive lancé vers Paris 2024.

Franchir les étapes les unes après les autres, comme les haies sur la piste. A chaque grand rendez-vous, Just Kwaou-Mathey passe un cap pour se rapprocher toujours plus de ses objectifs. Dans les radars des haies tricolores depuis quelques années, le Normand a éclos au plus haut niveau international l’été dernier. Lors des championnats d’Europe de Munich (Allemagne), il remporte une médaille de bronze sur 110 m haies. A 22 ans, l’athlète d’Evreux décroche sa toute première médaille continentale chez les seniors, après seulement six ans d’athlétisme. Plus tôt dans l’été, il était du voyage à Eugene (Etats-Unis) pour ses premiers championnats du monde, avec une demi-finale à la clé. Cet hiver, celui qui s’entraîne à Poitiers a confirmé qu’il est non seulement le futur mais aussi le présent des haies tricolores. Après s’être emparé du titre de champion de France en salle, Just Kwaou-Mathey s’adjuge une nouvelle médaille de bronze européenne. Cette fois-ci en indoor, à Istanbul (Turquie). « C’est la belle conclusion d’une saison hivernale vraiment satisfaisante pour moi », résume l’athlète. « J’ai réussi à appliquer ce que je produis à l’entraînement. Ça prouve que j’ai les armes pour chercher de nouveaux podiums en grands championnats les prochaines saisons. »

Double médaillé européen sans pression

Après sa première médaille à Munich, Just Kwaou-Mathey savait qu’il était plus attendu dans l’Ataköy Athletics Arena d’Istanbul. Pas de quoi le déstabiliser pour autant. La pression et le stress n’ont pas vraiment d’effet sur lui, même avec la fatigue dans les jambes. « Je n’étais pas au mieux physiquement après les championnats de France. Rien de stressant non plus. Je savais que je pouvais le faire. La forme est montée au fur et à mesure de la compétition. Une fois arrivé en finale, j’étais vraiment dans le même état d’esprit qu’à Munich : prendre du plaisir et tout donner, en me disant qu’il y avait moyen d’aller chercher un très beau résultat. Une finale, c’est fait pour prendre une médaille ! Autant s’amuser en essayant d’aller la chercher… » Avec un chrono de 7’’59 au bout des 60 mètres, le hurdler normand finit à un souffle du Polonais Jakub Szymanski, médaillé d’argent en 7’’56. Une once de regret pour le Français : « Je garde un petit goût d’inachevé. Je ne fais pas la course parfaite. En revanche, cette saison hivernale me montre que je suis prêt pour la suite. »

L’hiver, c’est bien beau, mais c’est une fois l’été arrivé que les athlètes nourrissent leurs plus grandes ambitions. Après une saison en salle aussi aboutie, le pensionnaire du Creps de Poitiers peut s’appuyer sur une base solide, au moment d’aborder les grandes échéances. « Est-ce que mes performances de l’hiver réhaussent mes objectifs de l’été ? Je ne pense pas. J’ai déjà des objectifs très élevés ! (Rires.) Je veux être aux prochains championnats du monde, à Budapest (Hongrie). L’idée est de se qualifier via les minimas le plus vite possible ». Bien placé au ranking, Just Kwaou-Mathey s’avance serein et confiant en ses forces. Avec un record à 13’’27 sur 110 m haies, une marque qu’il compte encore améliorer, le double médaillé européen sait qu’il a les moyens d’aller encore plus haut au niveau international. Concrétiser son titre de champion de France en salle, en remportant l’or en plein air, est aussi un grand objectif. « C’est évidemment la suite logique », affirme l’athlète. « Quand on est champion hivernal, on veut défendre son titre en extérieur. D’autant que cet été, il y aura une concurrence encore rehaussée… »

Direction les Jeux de Paris 2024

Les haies, une discipline aussi dense que prolifique côté français, même sans ses absents de l’hiver. Parmi ceux qui ont décidé de faire l’impasse sur cette saison indoor : Wilhem Belocian, champion d’Europe indoor en 2021 et tenant du titre de champion de France, avant que Just ne chipe sa couronne. Sasha Zhoya, le phénomène de l’athlétisme français, était également absent aux championnats de France d’Aubière (Puy-de-Dôme). Pour remporter l’or, Just Kwaou-Mathey s’est imposé face à ni plus ni moins que Pascal Martinot-Lagarde et Dimitri Bascou, 16 médailles internationales à eux deux. « Quand j’ai gagné, j’ai tout de suite réalisé que j’avais fait quelque chose de très bien. Il y a de grands athlètes dans ma discipline en France. Voir qu’on est capable de battre ce genre de concurrents donne beaucoup de confiance. » Pour l’athlète de 23 ans, apprendre de ses compatriotes aux palmarès bien remplis est primordial. « J’ai commencé l’athlétisme récemment, en 2016. Je me rappelle avoir regardé à la télé les finales de Dimitri, le titre de champion d’Europe de Pascal… Ils sont des sources d’inspiration et de motivation pour moi. Sasha aussi : ce gars-là, il fait tout très vite ! Je suis content de progresser avec lui. On se tire vers le haut. Être plusieurs jeunes contre plusieurs anciens, c’est bien aussi pour le divertissement ! (Rires.) »
En route vers les Jeux de Paris 2024, Just Kwaou-Mathey voit toutes les pièces de son puzzle s’assembler au fur et à mesure de sa progression. « J’avance step by step. D’ici là, je me concentre sur chacune des compétitions, pour essayer de m’améliorer le plus possible de l’une à l’autre. » Les JO 2024 seront évidemment un moment très spécial pour le natif de Paris. « Cela nous donne un petit truc en plus à nous, les athlètes français. Personne ne veut rater cet événement. C’est un moment très important dans une carrière. Une fois qu’on a fait les Jeux dans son pays, on peut se dire qu’on a fait quelque chose de bien ! »

Par Etienne Le Van Ky