Basket-ball : Juhann Begarin, l’immensurable force tranquille

À seulement 17 ans, Juhann Begarin a entamé cet été sa carrière professionnelle avec le Paris Basketball. L’arrière athlétique (1,96 m) a quitté sa Guadeloupe natale il y a un peu plus de deux ans et se place déjà comme l’un des principaux prospects NBA européens de la génération 2002. Rien que ça.

 
Le rendez-vous est fixé à seize heures. Finalement, après un premier entraînement individuel improvisé et une couche supplémentaire avec le collectif, le voilà enfin avec un peu de retard. Juhann Begarin n’est jamais le dernier lorsqu’il s’agit de s’imposer un peu de travail en plus. Arrière du Paris Basketball et de l’équipe de France U18, le basketteur de 17 ans est un solide talent de sa génération, celle de 2002. L’un des plus attendus, aussi, alors que le jeune homme livre déjà des performances prometteuses. Mais Begarin ne se précipite pas, il sait où il va. Lui qui, dans un coin de sa tête, a déjà rangé en bonne place deux objectifs un peu fous : devenir un joueur majeur en NBA et participer à Paris aux JO 2024.
 

 

« Je me suis mis au basket un peu par hasard »

 
Et pourtant, rien ne prédestinait ce grand gaillard d’1,96 m, actif des deux côtés du terrain, à percer un jour avec la balle orange. Car c’est plutôt le ballon rond qui a bien failli l’attirer dans ses filets. La faute, finalement, à un imprévu de dernière minute. « Je me suis mis au basket un peu par hasard », s’amuse à se souvenir Juhann Begarin. « Je me suis essayé à pas mal de sports, mais à un moment donné, je devais choisir entre le foot et le basket. Et le jour où je suis allé m’inscrire au foot, le coach n’était pas là… Donc mes parents m’ont mis au basket, à dix ans, et ça a démarré comme ça. » Comme quoi, parfois, des carrières se jouent vraiment à peu de choses. « En tout cas, aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix ! (Rires) » C’est en Guadeloupe, sur son île natale, que le jeune Juhann inscrit ses premiers paniers avec un talent certain. Et rapidement, tout s’enchaîne : il devient champion de Guadeloupe en poussins et vice-champion en benjamins avec le Baie-Mahault BC, puis champion en minimes avec l’ASC Ban-E-Lot. Et c’est parce qu’il est convoqué en équipe de France U16 avec un an d’avance que le jeune adolescent débarque en Métropole, à quinze ans avec sa famille de sportifs (son père et sa mère ont été joueurs et coachs sur l’île, son frère Jessie (31 ans) a joué en Jeep ELITE avec Le Portel, NDLR). Peut-être était-il prédestiné à jouer au basket, finalement ?
 

L’ASVEL de Tony Parker le voulait

 
Juhann Begarin pose ses valises à Corbeil-Essonnes (Essonne) et intègre le Centre Fédéral de l’INSEP durant deux saisons, où il poursuit sa progression fulgurante et tape déjà dans l’œil de plusieurs recruteurs français de Pro B et de Jeep ELITE. Sur le dernier exercice de Nationale 1, il vaut 11,3 points à 39,5 % de réussite aux tirs, 3,3 rebonds, 1,6 passe décisive, 2 interceptions et 0,7 contre pour 8,4 d’évaluation en 25 minutes. L’ASVEL de Tony Parker notamment lui fait les yeux doux – il coupera sa convention avec le club de Villeurbanne, qu’il devait rejoindre au terme de sa première année, à cause de « quelques soucis », sans trop vouloir rentrer dans les détails -, mais c’est finalement au Paris Basket, qui est alors en train de mettre sur pied un nouveau projet, que le Guadeloupéen signe pour un an l’été dernier. « C’est un club récent mais ambitieux, où il y a une vraie alchimie entre les plus jeunes dont je fais partie et les plus anciens, pleins d’expérience, comme « l’Amiral » Amara Sy (38 ans, ancien international franco-malien, NDLR). » À Paris, déjà prêt physiquement à batailler dans le monde pro, le jeune homme grappille du temps de jeu, beaucoup pour un joueur de son âge : « en moyenne, j’ai une quinzaine de minutes de temps de jeu par match, c’est bien. » Surtout, le numéro 23 peut s’épanouir dans un environnement qui le rassure. « C’est le club de ma région », renchérit-il. Couvé par le directeur des opérations basket du club, Mamoutou Diarra, un ancien international tricolore (46 sélections), et son entraîneur Jean-Christophe Prat, réputé pour sa propension à mettre les jeunes joueurs sur le terrain, Begarin possède toutes les cartes en main pour devenir, déjà, un maillon essentiel d’une équipe de Pro B. Avant d’intégrer la Jeep ELITE rapidement ? Car si le Paris Basketball vit un début de saison 2019-2020 compliqué, le jeune homme ne manque pas d’ambition et a un plan de carrière bien défini.
 

 

« Je dois aller en NBA le plus rapidement possible »

 
« Mon objectif est déjà d’aider mon club à atteindre le sien, c’est-à-dire la montée dès cette année », assure Begarin. « Personnellement, je veux aller haut. Je ne resterai pas toute ma vie au Paris Basketball, mais c’est un bon club pour progresser, pour qu’on me fasse confiance rapidement. Signer directement en Jeep ELITE, ç’aurait été un peu prématuré. » S’il sait qu’une étape intermédiaire sera probablement nécessaire, l’arrière fait d’atteindre dans les prochaines années la NBA un objectif viable. « Dès que j’ai commencé le basket, ça a été mon but. Je dois y aller le plus rapidement possible. Et ensuite, prouver que je peux y exister. » Surtout qu’en juin, Juhann Begarin a été élu meilleur joueur de l’étape européenne du Basketball Without Borders, prestigieux tournoi de jeunes organisé par cette même NBA. Signe que cet objectif n’est peut-être pas si lointain… « Et si j’atteins ce but-là, l’équipe de France ne sera pas très loin non plus. Mais on va procéder step by step. » Régulièrement appelé en équipes de France jeunes, il participe cet été avec un an d’avance à l’Euro U18 avec les petits Bleus, éliminés en quarts par la Turquie (64-69). Une déception. « Collectivement, il y avait largement la place de faire mieux vu le talent qu’il y a dans cette équipe. J’étais également déçu de ma performance globale durant le tournoi, j’étais un peu en-dedans et pas forcément content de moi. » Qu’importe, Begarin reste motivé à franchir les étapes une à une. Jusqu’à rêver d’atteindre les étoiles américaines et l’équipe de France A, dont il a suivi avec attention le parcours jusqu’à la troisième place, cet été lors de la Coupe du monde en Chine. « Forcément, ça fait envie. Je rêve depuis toujours de remporter un titre de champion du monde… et en battant les États-Unis ! »

« Une médaille d’or à la maison, une obligation »

 
Quand il se balade dans Paris, Juhann Begarin peut déjà constater l’effervescence qui grandit, petit à petit, dans les rues de la capitale qui se construit pour accueillir les Jeux olympiques de 2024. Et ça, ça le rend déjà impatient d’y être. « Si tout se passe comme je l’ai prévu, j’en serai. Ce serait un honneur de faire partie de cette aventure-là et de jouer devant toute ma famille, mes amis… Ce serait fou ! » Et encore plus, dans sa région d’adoption. « Décrocher la médaille d’or à la maison, c’est un peu une obligation ! (Rires) Ce ne sera pas facile, mais avec l’appui du public, ça te donne un surplus de confiance. Rien ne devient facile alors pour les adversaires. »

La bio express de Juhann Begarin :

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Par Romain Daveau