Jean-Yves Mignolet : « MYOCENE va provoquer une révolution dans le monde du sport »

MYOCENE

Jean-Yves Mignolet, CEO de MYOCENE, présente ce nouveau dispositif, créé pour optimiser la récupération des sportifs. Il est déjà utilisé par de nombreux athlètes en Belgique et en France.

Comment est née l’idée de créer MYOCENE ? Et quand est-ce que le projet est né ?

L’idée initiale remonte au début des années 2000, quand deux leaders de la technologie sportive, Compex et Polar, souhaitent se rapprocher et collaborer pour la mise au point d’un nouveau produit disruptif d’optimisation de l’entraînement sportif. L’équipe en charge du projet se fait accompagner des meilleurs KOL (scientifiques européens de l’entraînement sportif) de l’époque. Elle est alors composée pour diriger le pôle physiologie musculaire du Docteur en médecine du sport Pierre Rigaux, alors directeur médical de Compex, et du Docteur en Physique Pierre-Yves Muller. Depuis lors, grâce aux progrès techniques substantiels dans les capteurs de force et en neuromodulation, ils ont décidé de fonder en 2020 la société MYOCENE, avec pour but de révolutionner le monde de l’entraînement sportif grâce à la mesure objective de la fatigue musculaire.

MYOCENE, comment ça marche ?

Le dispositif MYOCENE est un appareil de mesure objective de la fatigue musculaire du quadriceps. Sa technologie repose sur la physiologie de la fatigue musculaire bien connue dans de nombreuses publications scientifiques. Le principe de base repose sur ce que l’on appelle le recrutement temporel, c’est-à-dire la fréquence de répétition des influx nerveux sur les unités motrices ou les fibres musculaires. C’est un mécanisme essentiel de la contraction. A mesure que la fréquence des influx s’élève, la force de contraction augmente pour atteindre finalement son maximum. Lorsqu’il y a de la fatigue musculaire, les valeurs sont affectées et la courbe se modifie d’autant plus que la fatigue est plus importante. Ces modifications sont précisément mesurées et calculées par le dispositif MYOCENE, qui permet une quantification objective, très sensible et parfaitement reproductible du niveau de fatigue des quadriceps.

Le dispositif se repose sur 3 piliers technologiques :

– Un système de commande de la contraction des quadriceps à influx nerveux constant : le MYO-CONTRACTEUR. Il s’agit d’un neurostimulateur sophistiqué qui permet de produire des contractions musculaires parfaitement quantifiées avec un nombre d’influx nerveux exactement déterminé et constant.

– Un système d’enregistrement de la force de la contraction produite par les influx nerveux : le MYO-CAPTEUR. Il s’agit d’une jauge de contrainte (capteur de force) d’une grande précision et d’une haute sensibilité capable de détecter des variations de l’ordre du gramme dans une plage de zéro à deux cents kilos. Il a été spécifiquement développé pour notre application afin d’enregistrer très précisément les variations de force du quadriceps en réponse aux contractions à influx constant commandées par le MYO-CONTRACTEUR.

– Un algorithme de calcul : le MYO-AL. Il analyse les données enregistrées d’une série de quarante-huit contractions quantifiées, et exécutées en deux minutes, pour calculer l’indice personnel de du muscle testé.

« Un outil facile à utiliser »

Quels sont les avantages de MYOCENE ?

Le dispositif MYOCENE est le seul outil disponible pour fournir une mesure objective de la fatigue musculaire de longue durée du quadriceps. Il est facile à utiliser : le sportif s’assied sur le siège, on lui place les électrodes et le tour est joué. Il est rapide : il suffit de 2 minutes pour mesurer la fatigue d’un quadriceps. Il est transportable : son poids et son encombrement réduits permettent au préparateur physique d’emmener le dispositif partout (au bord du terrain, dans les vestiaires, en déplacement) ; il suffit d’une table pour le poser. Enfin, il ne demande pas d’effort volontaire de la part du sportif : la mesure peut donc être prise même après une compétition éreintante.

Pourquoi est-ce important de pouvoir mesurer avec précision la fatigue musculaire ?

Le problème dans le sport, ce n’est pas la fatigue de courte durée dont on récupère rapidement, mais bien la fatigue de longue durée pour laquelle il faut parfois plusieurs jours pour récupérer et qui va être la cause de la chute des performances et du syndrome de surentraînement. La mesure MYOCENE est d’autant plus importante qu’elle observe précisément la fatigue musculaire de longue durée qui persiste plusieurs heures jusqu’à plusieurs jours après l’effort. Si la récupération complète se faisait en quelques minutes ou tout au plus une heure, il n’y aurait pas vraiment de problème ; mais la fatigue persistante est particulièrement importante. En effet, lorsque l’athlète effectue un effort alors qu’il y a fatigue de longue durée, il ne peut pas développer sa force et sa vitesse maximum. Il essaye alors de compenser partiellement en poussant son système nerveux à décharger plus fort sur les muscles sans même pouvoir obtenir une aussi bonne réponse que lorsqu’il n’y a pas de fatigue longue durée. Ainsi, tout le système est mis d’avantage sous contrainte en étant toutefois moins performant. On va donc avoir une charge d’entraînement mal adaptée, un risque de pousser l’athlète en surentraînement et davantage de risques de blessures.

Quels sont les premiers sportifs à vous avoir fait des retours ? Quels ont-ils été ?

Nous ne pouvons pas librement citer tous les noms à cause des règles en matière de publicité et sponsoring… Mais nous sommes dans plus de 50 clubs de premier niveau et aussi en individuel dans les mains de nombreux préparateurs physique en Europe.

« Nous sommes contactés de toutes parts »

Êtes-vous, aujourd’hui, très demandé par les clubs et les sportifs ? Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Oui, nous sommes contactés de toutes parts. De manière globale, les différents préparateurs physiques de grands clubs et équipes qui nous ont approchés, ont tous identifié l’intérêt majeur de mesurer objectivement la fatigue musculaire de leurs athlètes. Nous avons par exemple été sollicités par des clubs de Ligue 1 en football, de Starligue en handball, des équipes cyclistes, des entraîneurs de tennis …

Quels sont vos objectifs à court, moyen et long termes ?

La possibilité de mesurer objectivement la fatigue musculaire va provoquer une révolution dans le monde de la compétition sportive. Nous entendons devenir le leader mondial des moyens de mesure et d’analyse de la fatigue musculaire dans le sport. Dans 10 ans, tous les sportifs de compétition auront intégré la technologie MYOCENE dans leur pratique.

A court terme, nous visons les centres sportifs universitaires européens et le top niveau dans le football, le ski et le cyclisme. Ensuite, dans deux ans nous aurons obtenu l’autorisation de mise sur le marché pour les Etats-Unis et nous prévoyons une explosion de la demande avec une extension à d’autres sports.

Comment faire si l’on est intéressé par votre dispositif ? Et combien coûte votre innovation ?

Nous gérons toutes les demandes en direct. Toute personne intéressée peut prendre contact avec nous. Le dispositif coûte 19 800 euros (HTVA) à l’achat, et des possibilités de financement ou de location sont offertes.

Le témoignage de Thibaut Schnitzler, kinésithérapeute et préparateur physique du skieur Armand Marchant

« MYOCENE est vraiment bien indiqué pour les kinés et les préparateurs physiques : il est d’une grande facilité d’utilisation. C’est un truc incroyable de mesurer la fatigue en si peu de temps et sans réelle contrainte pour l’athlète ! Nous l’avons utilisé avec Armand pour la saison 2021-2022. Il nous a accompagné sur toutes les courses de l’hiver, c’est un outil facilement transportable et qui se met en place pratiquement n’importe où.

C’est extrêmement utile pour l’optimisation de la préparation physique. En effet, durant la présaison, nous cherchons à travailler au maximum, en étant à la limite mais en respectant la capacité de l’athlète à encaisser la charge. MYOCENE permet de vérifier que l’athlète a tout donné, et de réduire la charge s’il ne récupère pas suffisamment. Nous avons eu l’occasion de mesurer la fatigue générée par des séances d’entraînements différents (exercices de force, de vitesse…). Grâce à cela je sais maintenant que je peux pousser bien plus les exercices qui génèrent moins de fatigue, à condition toutefois qu’Armand récupère correctement, ce que je peux mesurer facilement avec MYOCENE.

C’est également un moyen pour l’athlète d’apprendre à mieux connaître son corps. MYOCENE permet de mettre en corrélation les sensations subjectives du sportif ou de son préparateur avec des valeurs objectives de la fatigue musculaire. Je trouve cela très intéressant de pouvoir confronter quasiment quotidiennement la perception de la fatigue de l’athlète et celle du staff à son égard avec ces valeurs chiffrées.

Un autre intérêt est que les préparateurs physiques doivent souvent prouver les décisions qu’ils prennent par des chiffres ou des données pour, par exemple, «calmer» le sportif et donc réduire la charge. MYOCENE peut donc être utile dans ce cas pour démontrer au sportif ou à un membre du staff qu’il est limite au niveau de sa fatigue musculaire. »