Jean-Baptiste Chandelier : « Si je peux déclencher une vocation… »

Sa vidéo « Weightless » (qui ouvre le festival Montagne en Scène cette année) a dépassé les 40 millions de vues sur Internet. À 33 ans, le parapentiste professionnel Jean-Baptiste Chandelier vit son rêve de gamin en alliant voltige, vidéo et conception de parapentes, et prépare un projet encore plus fou…

 

Comment s’inscrit ce film par rapport au précédent « Touch » ?

Autant « Touch » mettait en exergue l’exploit sportif et la performance, autant « Weigthless » est plus poétique. Ce film n’est pas une finalité, mais c’est un produit abouti. Il aborde l’aspect apesanteur, la légèreté, le fait de flotter tout près des gens, de faire découvrir la magie du vol. Il y a plus d’interaction avec eux, j’ai la sensation de voler à la Peter Pan ou Superman. C’est un rêve de gamin qui se réalise.

Comment s’est déroulé le tournage du film ?

On a mis 2 ans à finir le projet. Le tournage a eu lieu sur 4 lieux : Briançon-Serre-Chevalier – je suis originaire de Briançon et j’habite aujourd’hui vers Embrun – l’Afrique du Sud, le Brésil et les Açores, cet archipel du Portugal au milieu de l’Atlantique. On est resté 10-15 jours sur chaque destination. Sauf dans les Açores, où n’a pas toujours bénéficié de la bonne météo. On y est retourné une deuxième fois.

Comment filmer aussi près les actions ?

Nous étions une équipe de 4, dont Guillaume Galvani, également parapentiste professionnel qui a réalisé toutes les images d’action et qui a pu me suivre de très près dans les airs. Les deux autres, Jean-Baptiste Merendet et Tristan Shu, sont restés à terre avec chacun une caméra, ce qui nous a permis de multiplier les cadrages. Il y a en plus quelques images de drone, je suis associé pour cela à une entreprise de Briançon. Mais 80 % de la vidéo se passent près du sol, c’est mon credo.

Quelle a été la figure la plus compliquée à réaliser ?

L’action la plus technique, c’est celle du soutien gorge (il s’approche tout près d’une femme allongée sur une une plage au Brésil pour décrocher le haut de son bikini, NDLR). Ce n’était vraiment pas évident… il y a eu une quinzaine de passages, j’ai réussi à attraper la bretelle 5-6 fois mais seulement deux fois de manière fluide et gracieuse ! (sourire) Le passage sur la grue a été très délicat, mais surtout très dangereux car j’étais en manque de repères et cela aurait pu assez mal se terminer. Après coup, je me suis rendu compte que c’était assez stupide et je ne le referai plus.

Quel est le but de ce film ?

Avant tout, c’est de s’amuser, jouer et, en quelque sorte, banaliser le parapente, en tout cas le démocratiser. Pour la plupart des gens, ce sport se pratique en montagne à Chamonix, à 3 000 m de haut. D’ailleurs, c’est un univers très sérieux : les termes sont très techniques, il y a beaucoup de jargon autour du vent, on parle de points hauts et de points bas. En fait, on est des grands gamins et l’idée c’est de ne pas se prendre au sérieux. On ouvre des portes pour faire plus de choses. C’est un jeu un peu magique, dans le domaine des super héros.

Vous voulez faire naître des vocations ?

Le premier objectif, c’est de donner un moment d’évasion et de liberté aux gens. Si je peux déclencher une envie, une vocation, c’est la cerise sur le gâteau. J’ai reçu des milliers de messages de personnes qui se sont mises au parapente en voyant mes films. « Light line » a été vu environ 1 million de fois sur internet, « Touch » 3-4 millions et « Weightless » plus de 40 millions ! Cela a fait un gros boom aux États-Unis où le parapente était moins développé. Il y a eu un énorme effet de surprise.

Le prochain projet inclut donc forcément un tournage là-bas ?

On a effectivement prévu un tournage au Arches National Park (dans l’Utah). L’idée du prochain film, c’est de parcourir 14 destinations atypiques. On a déjà fait 1/3 des images, notamment au Pérou, en Bolivie et au Brésil. On voulait aussi voler sur l’île de Pâques, mais on n’a pas réussi à obtenir les autorisations. Je repars cet hiver de l’autre côté de l’hémisphère pour plus de chaleur. Il y aura le Vietnam, la Namibie, l’Islande peut-être aussi. Ce film, d’une durée de 5-7 minutes comme les précédents, sortira dans un an et demi. L’innovation, c’est de réaliser un décollage avec le parapente le plus léger du monde (4 litres, 986 grammes) que j’ai conçu moi-même ces derniers mois.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud