Hugo Grenier : « J’ai toujours cru en mon projet »

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Il est l’homme en forme du tennis français. Non content d’avoir intégré le tableau final de Wimbledon puis, la semaine dernière, celui de l’US Open, le joueur natif de Montbrison, dans la Loire, a remporté dimanche le tournoi Challenger de Cassis. Se hissant, à 26 ans, pour la première fois de sa carrière dans le Top 100 mondial. Nous l’avons joint ce lundi en milieu de journée alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour Rennes où il dispute cette semaine un autre Challenger.

Hugo, vous êtes ce lundi 95e joueur mondial au classement ATP. Qu’est-ce que cela vous fait ?
C’est super, je viens de gagner un Challenger, finir sur une victoire ça n’arrive pas toutes les semaines avec à la clé une place dans le top 100, je suis vraiment content. C’est mon objectif depuis que je joue au tennis, j’en ai d’autres, je veux continuer à progresser…

Quels sont vos autres objectifs ?
Dans un premier temps, je veux me maintenir dans le top 100. J’ai quelques points à défendre dans les semaines à venir : l’an dernier, je suis arrivé en finale du Challenger d’Alicante, j’ai aussi gagné à Roanne, un tournoi qui me tient à cœur puisqu’il est tout près de là où j’ai vécu. Il se déroule la 2e semaine de novembre et je verrai avec mon entraîneur (Gérard Solvès qui le coache à l’Élite Tennis Center de Cannes) si j’y retourne. L’autre objectif de cette fin d’année, c’est de rentrer directement dans le tableau final de l’Open d’Australie. Pour ça, il faut être dans les 104 premiers du classement.

Vous dites que gagner un tournoi, ça n’arrive pas toutes les semaines… mais vous, c’est un peu votre actualité !
(il sourit) C’est vrai que je reste sur deux victoires lors des deux derniers Challengers que j’ai disputés (Cassis donc et Segovie, fin juillet), c’est fabuleux. Entre les deux, j’ai joué l’US Open. Depuis un mois et demi, j’obtiens des supers résultats, et je retiens beaucoup de positif.

Comment vous l’expliquez ? Il s’est produit un déclic ?
Je ne sais pas trop… disons que je travaille beaucoup et que le travail finit par commencer à payer, peut-être. En début d’année, je jouais bien, déjà, mais les résultats ne suivaient pas forcément. Cette fois, les planètes se sont alignées. Émotionnellement, je suis très stable sur les derniers matches. Cela va dans le bon sens, j’ai envie de continuer dans cette voie.

Vous pensez que cela se joue plus mentalement que tennistiquement ?
Ce n’est jamais évident dans la tête d’arriver à enchaîner les semaines. Mais j’ai joué plusieurs matches serrés et j’ai bien géré donc c’est de bon augure. D’un autre côté, j’ai forcément aussi progressé dans mon jeu, notamment le jeu vers l’avant, je suis plus percutant qu’avant. En même temps, j’ai une marge de progression intéressante. C’est plutôt cool.

Sur quels aspects particulièrement ?
Je vais beaucoup bosser sur tous les aspects, mais notamment les entrées de points. Tout ce qui est services et retours, c’est un secteur primordial au haut niveau.

Vous l’avez découvert contre Matteo Berrettini au 2e tour à New York, qu’est-ce qui vous manque pour dominer un joueur du Top 20 ?
Un peu d’expérience contre un joueur aussi fort. Et puis, c’était la première fois que je jouais dans un tel stade. J’ai une balle de 5e set au 4e, mais il sert très bien sur ce point. C’est un joueur très fort dans les tie breaks, il a mieux joué ces moments chauds que moi. Il m’a manqué un mix d’expérience et de lucidité dans les moments importants.

Que retenez-vous de votre aventure à l’US Open ?
C’était fabuleux, j’y suis resté 15 jours entre les qualifications et le tournoi final. New York est une ville que j’aime beaucoup, le Grand Stand est mythique, il y avait 8 000 personnes. Avant de jouer, j’étais tendu mais dès que le match a commencé j’étais bien, j’ai pris beaucoup de plaisir. C’est le genre de match qui motive.

Et qui vous donne envie de jouer l’Open d’Australie sans passer par les qualifications cette fois. En attendant, vous allez peut-être remporter un troisième Challenger d’affilée à Rennes.
(il rigole) Je vais d’abord essayer de bien récupérer et de ne pas me blesser.

Vous connaissez votre éclosion à 26 ans.
Je n’ai pas eu le même parcours que la plupart des autres joueurs, je perce un peu sur le tard même si à 26 ans dans le tennis on n’est pas vieux. J’ai toujours cru en mon projet et le fait que je sois entouré des bonnes personnes, ma famille et mon coach, m’a aidé, ils m’ont poussé dans le bon sens.

Quel a été votre parcours ?
En fait, j’ai décidé d’attaquer le circuit pro à 18 ans. Avant, je n’avais pas envie de ne me consacrer qu’au tennis. J’étais à l’école et je suis allé jusqu’au bac, j’habitais à Saint-Étienne. Puis je me suis lancé, cela n’a pas été facile pour moi au début, mais j’ai progressé. Et depuis 2 ans, mon évolution est intéressante, je me retrouve là où j’avais envie d’être. Sur le circuit, je me sens bien, je fais mon truc et je prends beaucoup de plaisir. Voyager toutes les semaines, j’aime ça. Je suis pleinement épanoui.

Vous vous verriez bien participer au renouveau tant attendu du tennis français ?
Je pense que je ne suis pas le seul joueur à me dire ça. On est quelques nouveaux parmi les Français à être entré dans les 100 comme Hugo Gaston, même si cela fait un petit moment, Constant Lestienne ou moi. Après, je suis focalisé sur moi. Je prends beaucoup de plaisir à enchaîner les matches. Pour le moment, cela suffit à mon bonheur.

Comment avez-vous débuté le tennis ?
J’ai commencé au club de Montbrison. Mon père est un ancien bon joueur, il a été 28e joueur français mais il ne m’a pas du tout poussé. J’étais pas mal au foot, que j’avais commencé en même temps que le tennis à 9 ans, mais comme j’étais plus sport individuel, j‘ai fini par choisir le tennis. Je garde des liens très étroits avec les gens de mon club : je suis très ami avec Jérôme (Dildarian), le président, et David (Picot), le moniteur. Jérôme et d’autres amis étaient dimanche à Cassis pour voir ma finale. Je rentre à Montbrison très rarement mais c’est une petite ville que j’apprécie.

Propos recueillis par Sylvain Lartaud