Gymnastique : Olivier Moriano, jamais K-O

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Le champion de boxe et préparateur physique Olivier Moriano accompagne le gymnaste Samir Aït-Saïd sur la route de Paris 2024.

La blessure, Samir Aït-Saïd la connaît. Après sa chute au saut de cheval lors des Jeux de Rio, il aurait pu tout arrêter. Mais il repart. Cinq ans plus tard, l’histoire semble vouloir se répéter, mais plus fort que la blessure, le spécialiste des anneaux va chercher une quatrième place sur cet agrès. Une force dans l’adversité qu’Olivier Moriano connaît bien.

Olivier Moriano, le champion de boxe

Bercé par les exploits de Rocky ou de Bruce Lee, il se passionne très jeune pour les sports de combat. Il les découvre en poussant la porte du club de kung-fu près de chez lui. Une révélation. Passionné, mais insatiable, son parcours l’emmène, toujours plus haut, à la découverte du sanda, puis du sambo. Le champion remporte de nombreux titres dans les différentes spécialités. Mais malgré tout ses efforts et ses facilités, il pratique en amateur. Qu’à cela ne tienne, Olivier Moriano part en 2006 pour le Japon pour disputer son premier combat de MMA (Mixed Martial Arts) alors que la discipline est encore interdite en France. Ensuite, direction la Thaïlande où il intègre un club traditionnel où personne ne parle anglais. Il y découvre la boxe thaï. “Une expérience humaine hors du commun”, confit-il. De retour en France en 2009, il ajoute quelques lignes à son palmarès en remportant le titre de champion de France en boxe thaï et en kick-boxing.

Une blessure et son monde s’écroule

Enfin professionnel, le champion de France peut rêver plus haut. Mais tout s’écroule en décembre 2010. Blessé à la hanche, il accepte de se faire opérer. Une opération, normalement anodine, pour suturer une petite déchirure du ligament de la hanche. L’opération ne se passe pas comme prévu, le chirurgien a touché l’os de la hanche. Le boxeur refuse de s’avouer vaincu, il multiplie les recours judiciaires, accepte de combattre, malgré la douleur, à la Nuit des Champions en novembre 2011. “Je me suis vraiment rendu compte à ce moment précis que j’étais handicapé”, avoue-t-il. Finalement, il s’éloigne de sa passion d’enfance et trouve un travail dans un hôtel de luxe à Cannes. Celle-ci le rattrape rapidement, d’abord en donnant des cours, puis grâce à de nouvelles opérations. Olivier Moriano choisit de se faire poser une prothèse de hanche. Une décision portée par une seule envie : retrouver les sensations du combat. Aujourd’hui, après des mois de rééducation et plusieurs formations, il a pu retrouver sa passion, qu’il mêle avec son travail de coach et de préparateur physique.

Un nouveau rêve : celui des JO

Le boxeur, évoluant dans des disciplines non olympiques, n’a jamais pu rêver des Jeux en tant que sportif. C’est aujourd’hui en qualité de coach qu’il rêve d’olympisme avec Samir Aït-Saïd. Les deux hommes se sont associés avant les Jeux de Tokyo, malgré les réticences de la Fédération Française de Gymnastique. Il y a parfois des blessures qui rassemblent. Un travail loin des anneaux et des salles de gymnastique avec un programme d’entraînement atypique. Une recette qui semble avoir porté ses fruits à Tokyo et qu’ils reproduisent pour Paris 2024. Avec, en tête, un objectif de médaille, sans quoi “son histoire [celle de Samir] n’aura pas de fin”, conclut Olivier Moriano.

Solenn Ravenel