Global Games 2019 : les athlètes français en ordre de bataille

Après l’Équateur en 2015, les Global Games, les grands jeux mondiaux du Sport Adapté, se tiendront pour leur 5e édition du 12 au 19 octobre à Brisbane en Australie. Ils accueilleront plus de 1 000 sportifs dans 10 disciplines. Triés sur le volet, les 16 athlètes de l’équipe de France Sport Adapté peuvent légitimement espérer briller lors de la plus grande compétition pour les sportifs en situation de handicap mental ou psychique.

Les athlètes avaient jusqu’au championnat de France Sport Adapté organisé fin juin à Montreuil pour se qualifier. Après l’annonce officielle des sportifs retenus et une courte pause, les 16 sélectionnés ont repris l’entraînement fin juillet avant de se retrouver en stage les deux dernières semaines d’août ; la seconde partie de ce dernier se tenant au CREPS de Vichy avec les 83 sportifs de la délégation française. Ce long stage fut l’occasion de se concentrer sur l’entraînement physique et de mettre en place quelques séances techniques. Par exemple Sébastien Mengual et Quentin Foratier, engagés tous deux sur le 3 000 m steeple, en ont profité pour peaufiner leur technique de franchissement de haie ; Marion Candelier et Rachid Boutasghount ont travaillé le fractionné, surtout pour améliorer leur vitesse maximale aérobie, tandis que Jason David – qui a l’habitude de courir des trails et des 10 km mais qui sera engagé sur 400, 800 et 1 500 m – a tout particulièrement travaillé sa vitesse.
Avant de se rendre à Vichy, retrouver leurs collègues, les sprinters avaient, pour leur part, passé une semaine à Gap : la préparation effectuée en altitude a été l’occasion de proposer des exercices différents et de se concentrer sur les capacités physiologiques. Cela a également permis de les confronter à un environnement inhabituel et donc de solliciter leurs capacités d’adaptation, tout en travaillant les différents aspects de la vie quotidienne et de la vie en groupe. Le stage de la fin août a permis non seulement de s’occuper de la préparation physique mais aussi de veiller à tout ce qui leur permettra d’être en forme le moment voulu. « En plus de la préparation sportive qui se fait de manière très étroite avec les clubs Pôle, nous sommes très vigilants en ce qui concerne l’hygiène de vie (alimentation, hydratation, sommeil, récupération…) : nous essayons de les sensibiliser à ces notions, de les rendre acteurs et autonomes, car nous ne sommes pas au quotidien avec eux », souligne Quentin Schillé, Conseiller technique national. « Nous avons aussi veillé à ce qu’ils bénéficient de suffisamment de sommeil car, dans ces périodes, leur organisme est très sollicité et ils ont besoin de récupérer pour supporter l’enchaînement des séances. L’utilisation des écrans étaient donc limités le soir, tandis que le début d’après-midi était consacré à la sieste. Nous avons également beaucoup sollicité les kinés et effectué avec eux un important travail de récupération et de prévention des blessures. »

De réelles chances de médailles

Malgré l’absence de l’Ukraine, grande nation d’athlétisme, la compétition s’annonce très relevée avec la venue de sérieux clients comme la Russie, la Pologne, le Portugal… tandis que des nations habituellement peu présentes sur les compétitions INAS mais tout aussi dangereuses – comme l’Équateur, le Brésil, la Malaisie ou l’Australie – seront de la partie.Heureusement, les 16 athlètes français sélectionnés sont tous capables de faire un podium. Dans la catégorie II1, les lanceurs devront affronter une forte concurrence polonaise et malaise ; Gloria Agblemagnon (championne du monde indoor du lancer de poids, championne d’Europe du lancer de marteau et vice-championne d’Europe du disque) et Damien Rumeau (vice-champion du monde du poids et champion d’Europe du marteau) sont en mesure de tirer leur épingle du jeu même si leurs concours s’annoncent âpres. Béatrice Aoustin (championne d’Europe junior IPC au poids et vice-championne du monde junior IPC) et Aminata Camara (médaillée de bronze au poids lors du championnat du monde indoor et vice-championne d’Europe au marteau) ont suffisamment d’atouts pour se faire une place au soleil. Thierry Washetine (champion du monde du lancer de javelot 2015 et médaillé de bronze lors du championnat d’Europe INAS 2018), quant à lui, vise une médaille au javelot. En sprint, la toute jeune Nawa Adama (médaille de bronze au championnat d’Europe indoor sur 60, 200, 4×200 et 4×400 m) et Danielle Delage (médaille d’argent sur 60 m lors du championnat d’Europe indoor et médaille de bronze sur 4×200 m) sont en capacités de décrocher une médaille. Sur 3000 m steeple, Quentin Foratier (champion du monde des cross courts et longs par équipe INAS 2017) vise la première marche, tandis que Sébastien Mengual (médaillé de bronze du 3000 m steeple lors du championnat d’Europe INAS 2018) est capable de monter sur le podium. Marion Candelier (championne d’Europe du 3000 m indoor et détentrice du record de France du 5000 m, réalisé à l’occasion de sa sélection pour les Global Games) a une belle chance de médaille sur le 5000 m. Rachid Boutasghount (médaille de bronze du 3000 m lors du championnat du monde), en grande forme, vise aussi une médaille sur le 10 000 m. Virginie Dreux (vice-championne d’Europe de l’heptathlon et vice-championne du monde indoor de l’heptathlon INAS 2018) et Daniel Royer (vice-champion du monde indoor de l’heptathlon INAS 2018) ont l’expérience et les capacités nécessaires pour figurer en bonne place sur les podiums des épreuves combinées.
Pour la catégorie II2 – destinée aux sportifs ayant une déficience intellectuelle associée à un autre handicap, ce qui permet aux sportifs porteurs de trisomie 21 de concourir en toute équité – c’est un peu l’inconnu car, la catégorie étant nouvelle à l’INAS, nul ne connait les adversaires engagés. Nicolas Virapin, champion du monde 2018 SU-DS et indoor INAS du saut en longueur et du 200 m, disputera les 100 et 200 m ainsi que le saut en longueur. Cette année, il a établi le nouveau record du monde du saut en longueur, autant dire que tous les espoirs sont permis. Ce sera en revanche une découverte pour Mickael Païman (poids, disque, javelot, 100 m) et Jason David (400, 800 et 1500 m) qui fêtent leur première sélection ; ils se sont préparés avec le plus grand sérieux et peuvent légitimement espérer une médaille chacun.
Après Vichy, les athlètes se sont retrouvés une dernière fois en stage mi-septembre à Reims. « On se rapproche de l’échéance, le travail physique étant quasiment terminé, les sportifs ont donc travaillé les aspects techniques, l’occasion pour les entraîneurs nationaux de régler les derniers petits détails », explique Quentin Schillé. Les athlètes sont partis début octobre avec l’ensemble de la délégation française, et se sont installés au Sport Super Center, sur la Gold Coast à une petite heure de Brisbane – un centre proposant hébergements et terrains d’entraînements – afin de récupérer du décalage horaire, de s’acclimater au pays et de terminer la préparation.

Par Geoffroy Wahlen