Gaël Angoula : « Important de faire connaître la fonction d’arbitre car elle est négligée »

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Ancien joueur professionnel (SC Bastia, Nîmes Olympique, SCO Angers…) et désormais arbitre fédéral, Gaël Angoula revient lors des Journées Nationales de l’Arbitrage sur sa reconversion dans ce métier, ses débuts ainsi que les ficelles du métier.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de basculer dans l’arbitrage à la fin de votre carrière en 2017 ?

Pour ma part, cela s’est fait prématurément. Je n’aurais jamais pensé être arbitre. J’avais quitté Angers en 2016 puis j’ai signé trois ans à Nîmes et au bout d’un an, j’ai cassé mes deux dernières années de contrat pour basculer dans l’arbitrage. Lors de cette saison à Nîmes, j’ai rencontré Nicolas Rainville, arbitre de Ligue 1 et arbitre international, avec qui j’ai régulièrement échangé sur l’arbitrage. J’ai trouvé ça intéressant, ça se rapprochait de ma personnalité. Quand il m’a dit qu’il n’y avait aucun joueur de Ligue 1 qui l’avait fait auparavant, je me suis dit « pourquoi pas tenter l’aventure ?  »

Vous êtes devenu le premier ancien joueur de L1 à devenir arbitre. Vous arbitrez cette saison en L1, après une apparition en décembre 2021 à ce niveau. Qu’est-ce que ça vous fait d’être sur le rond central ?

J’ai eu la chance de remplacer Antony Gautier, qui est aujourd’hui mon directeur de l’arbitrage sur Marseille-Brest il y a deux ans (le 4 décembre, lors d’OM-Brest, Gaël Angoula a remplacé Antony Gautier, qui s’est blessé à l’échauffement, ndlr.) au Vélodrome, dans une grosse atmosphère. Ayant connu ces ambiances en tant que joueur, ça m’a fait ni chaud ni froid. J’ai fait mon boulot et ça s’est bien passé. Et aujourd’hui, je suis en Ligue 1, je vais dans les stades que je connais, un environnement que je connais, les médias, je connais. Je n’ai aucune pression particulière, hormis celle de bien faire la mission qui m’incombe.

« Aujourd’hui, je ressens plus la pression en tant qu’arbitre parce que je suis garant des lois du jeu »

La pression est-elle différente désormais en tant qu’arbitre ?

Complètement. La pression est différente car quand on est joueur, on est plusieurs sur le terrain. Donc forcément, tu ressens moins la pression. Aujourd’hui, je ressens plus la pression en tant qu’arbitre parce que je suis garant des lois du jeu, Je suis garant de l’état d’esprit. Je suis garant du spectacle qu’on propose aussi aux spectateurs et aux téléspectateurs. Donc, il y a un peu plus de pression, mais j’aime ce côté où je me retrouve dos au mur et il faut que je sois bon.

Appréciez-vous ce côté ou vous êtes décisionnaire des lois du jeu ?

Oui, j’aime ce côté décisionnaire où il faut faire respecter les lois du jeu, garder son autorité sans basculer dans l’autoritarisme. Mais la frontière entre l’autorité et l’autoritarisme, elle, est infime. J’apprécie également le côté sociologique et la manière dont tu vas parvenir à faire passer tes messages.

« C’est important pour moi de faire connaître cette fonction qui est tellement négligée et que j’ai négligée aussi » 

Vous disiez en début d’interview que l’arbitrage collait avec une partie de votre personnalité. Pouvez-vous en dire davantage ?

Elle collait parce que dans tous les clubs où j’ai évolué en pro, je me suis toujours occupé des amendes. Les amendes dans les clubs, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est si tu n’as pas le bon polo si tu arrives en retard, si ton téléphone sonne, si tu as tes crampons dans la salle de kiné ou salle de muscu. Ça m’a amené parfois à avoir des conflits avec certains collègues qui n’étaient pas d’accord avec ce que je faisais, c’est-à-dire leur mettre des amendes quand ils ne respectaient pas le moment où ils essayaient de négocier. J’ai toujours fait partie des garants ou été le garant de l’état d’esprit du vestiaire. J’ai eu la chance de durer dans les clubs, pas forcément par mes qualités footballistiques. Peut-être un peu, mais aussi parce que j’ai su me rendre important dans le vestiaire et dans l’esprit qui régnait autour du vestiaire, j’ai toujours tenu un rôle de relais.

Vous vivez votre nouvelle passion à fond ?

Je vis ma nouvelle passion à fond, je me régale à travers des journées comme celles des Journées Nationales de l’Arbitrage. C’est important pour moi de faire connaître cette fonction qui est tellement négligée et que j’ai négligée aussi. Mais aujourd’hui, je peux vous dire que je prends du plaisir sur le terrain. Que ce soit dans le bon comme dans le mauvais.

Que ressentez-vous en valorisant votre fonction d’arbitre à travers ces Journées Nationales de l’Arbitrage ?

Je suis honoré d’être là, d’avoir été choisi par ma direction pour ces deux journées. J’ai déjà eu l’opportunité d’y prendre part. C’est un vrai plaisir d’être auprès des jeunes, d’essayer de les éduquer à l’arbitrage. J’ai trois enfants et j’aime être au contact des jeunes, l’ouverture d’esprit. Je trouve que c’est ce qui va les amener plus tard, déjà, en tant que personne à être de bonnes personnes et pourquoi pas devenir des arbitres.