François Bonneau : « Permettre au sport local de survivre »

Orleans's midfielder Maxime D'Arpino during the French Ligue 2 football match between Orleans and Clermont Ferrand on August 16, 2019 in Orleans, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport)

Avec des clubs à l’arrêt et de nombreuses manifestations sportives annulées, le sport en région Centre-Val de Loire n’échappe pas aux conséquences du confinement. Mais le Conseil régional a décidé de limiter l’impact de cette crise en prenant des mesures fortes, comme l’explique François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire.

 
Quel est l’impact de la crise sanitaire actuelle sur le sport en Centre-Val de Loire ?
Il faut savoir que notre région fait partie des plus sportives de France. Le sport est un levier important de l’attractivité de notre territoire. Nous comptons 25% de la population qui est licenciée au sein d’une structure sportive, alors qu’en moyenne seule 15% de la population nationale est licenciée. Tout au long de l’année, nous accueillons également de nombreuses manifestations sportives d’envergure. Cette crise sanitaire et le confinement mis en place sont évidemment très impactant pour le sport local. Pas moins de 48 événements ont été annulés entre le mois de mars et la fin du mois de mai. Je pense aussi que cela devrait être le cas des manifestations estivales. C’est évidemment quelque chose qui fait très mal, notamment psychologiquement. Notre territoire compte énormément de gens engagés et passionnés qui travaillent tout au long de l’année pour faire vivre le sport. Ne plus pouvoir organiser leurs événements, ni même se réunir au sein des structures pour simplement proposer une activité sportive à leurs licenciés, fait très mal.
 

 

« Il est essentiel qu’aucune structure régionale ne quitte le paysage sportif »

 
Face à cette crise, quelles mesures d’aide au sport avez-vous décidé de prendre ?
Clairement, l’objectif est de limiter la casse. Que l’essentiel soit sauf afin que tout le monde soit là à la reprise. C’est notamment pour cela que nous avons très vite confirmé que nous versions bien toutes les subventions sur les événements sur lesquels nous nous étions engagés, même s’ils n’avaient pas lieu. La Région Centre-Val de Loire est même allée encore plus loin. Si nous étions engagés à hauteur de 20% sur un événement, nous avons apporté une aide supplémentaire correspondant aux recettes estimées. C’est un acte fort qui doit permettre au sport régional de traverser cette crise avec un impact limité d’ici la reprise. Il faut permettre au sport local de survivre. Nous avons apporté un fort soutien à l’emploi associatif. C’est dans ce cadre que nous avons créé le Contrat d’apport associatif rebond, en partenariat avec France Active. Ce contrat met en œuvre un dispositif financier exceptionnel à destination de l’ensemble des entreprises, et notamment des entreprises du champ de l’économie sociale et solidaire afin de limiter les risques susceptibles de peser sur les activités et les emplois. Le sport rentre bien évidemment en ligne de compte. Cette mesure permet de dégager 2M€ vers les structures en ayant le plus besoin durant cette période de crise. Cela devrait permettre aux structures de survivre et d’être là, avec nous, à la reprise. Il est essentiel qu’aucune structure régionale ne quitte le paysage sportif.
 
Cette crise sanitaire est-elle susceptible de créer un nouveau lien fort entre collectivités et monde sportif ?
Du côté de la Région Centre-Val de Loire, ce lien a toujours été très fort. Certaines collectivités ont en effet moins misé sur le sport ces dernières années, mais je pense aussi que c’est plus par manque de moyens que par choix. Car le sport est essentiel à la vie d’un territoire. Je vois d’ailleurs dans cette crise une conséquence de la mondialisation et la preuve que le local n’est pas mort. Les gens ont besoin de vivre ensemble, besoin de profiter d’un territoire qu’ils aiment. L’engagement associatif important qui existe au sein de notre région répond à cette idée de faire vivre le territoire local. C’est pour cela qu’il est important pour une collectivité comme la nôtre d’être toujours présent au côté du sport.
 

 

« Je souhaite que nous puissions avoir un projet commun avec l’État »

 
Qu’attendez-vous de l’État concernant son soutien au sport ?
J’espère surtout que la coordination sera au rendez-vous entre l’État et le travail entrepris par les collectivités. L’État a un rôle capital à jouer, il faut que ce rôle soit tenu. Le sport est une preuve formidable que la décentralisation fonctionne. J’attends donc que l’État n’ait pas un réflexe de verticalité durant cette crise. Le dialogue avec les collectivités est essentiel, l’État ne doit pas nous oublier. Je souhaite que nous puissions avoir un projet commun. Il faudrait également que l’État puisse renouveler et maintenir son engagement dans le sport. De nombreuses inquiétudes étaient nées l’année dernière au sein du mouvement sportif suite à plusieurs déclarations. L’État doit rassurer. Le sport est essentiel à la vie en société, au vivre ensemble, l’État doit en prendre conscience. L’État et les collectivités n’atteindraient pas leurs objectifs s’ils ne travaillent pas avec des gens engagés et passionnés comme les bénévoles. Il ne faut jamais oublier cela, c’est une fierté de pouvoir apporter notre soutien au mouvement associatif.
 
La Région Centre-Val de Loire est « Terre de Jeux » en vue de Paris 2024. Quel sera l’impact de la crise actuelle sur la dynamique engagée ?
Je pense que l’impact devrait être assez limité, car nous sommes tout de même sur une échéance plus longue. Plusieurs mois de stand-by ne devraient pas stopper la montée en puissance qui est la nôtre suite à l’annonce de l’obtention du label « Terre de Jeux ». Centre-Val de Loire a d’ailleurs été la première Région à obtenir ce label. Malgré la crise, nos atouts sont toujours là. Nous proposons, en particulier, des sites sportifs comme le Parc Équestre Fédéral de Lamotte-Beuveron, le Centre national de tir sportif à Châteauroux, le Palais des sports de Bourges, la piscine olympique de Chartres ou encore le Palais des sports d’Orléans, dédié à la pratique du judo. L’engouement du monde sportif régional est au rendez-vous en vue de cette échéance capitale pour le sport français. Ce sera forcément un coup de boost pour le sport local si nous sommes en mesure d’accueillir des équipes et des sportifs qui viendront se préparer au sein de nos infrastructures. Pour le sport en Région Centre-Val de Loire, être « Terre de Jeux » doit justement être un moyen de surmonter la crise actuelle en visant l’excellence et l’épanouissement d’ici 2024.
 

Les nageurs français ont rendez-vous à Chartres

Du 23 au 29 juin, la piscine olympique de Chartres était censée être le cadre privilégié des championnats de France de natation en grand bassin. Un passage obligé pour les nageurs tricolores, à l’approche des Jeux olympiques de Tokyo. Les JO reportés en 2021, ce devrait également être le cas de ces championnats de France de natation. « Ce n’est en effet qu’un événement reporté, nous accueillerons bien les nageurs à Chartres », confirme François Bonneau. Évidemment, aucune date précise pour le moment concernant la tenue de ces championnats de France, mais le président de la Région Centre-Val de Loire tient à rappeler que « la piscine de Chartres est très appréciée des nageurs, je pense que c’est un lieu qui sera forcément un centre de préparation important en vue des JO de Tokyo, et bien évidemment de Paris 2024. »
 

Par Olivier Navarranne