Fabio Quartararo et Johann Zarco, des ambitions intactes

Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha) est devenu le premier champion du monde français en MotoGP l’année dernière. Johann Zarco (Pramac Racing) lui avait longtemps tenu la dragée haute, avant de perdre du terrain en fin de saison (5e du classement général final). Les deux pilotes tricolores comptent bien briller à nouveau en 2022, lors d’une saison qui comptera 21 courses.

 

Fabio, après une saison 2021 exceptionnelle (5 victoires, 10 podiums) ponctuée d’un titre de champion du monde, quel sera l’objectif cette année ?

Fabio Quartararo : Cette saison, l’objectif va être le même qu’en 2021. L’année dernière, je faisais course après course, en essayant de marquer un maximum de points à chaque fois. Je voulais monter sur le podium le plus souvent possible, décrocher un maximum de victoires, et voir en deuxième partie de saison où je me situais au classement pour le championnat.

 

Le tenant du titre que vous êtes va être très attendu dès le premier rendez-vous à Losail, au Qatar…

F.Q. : Ce qui est sûr, c’est que dès le début de saison, je donnerai mon maximum pour me battre pour la victoire et le podium. Je pense que ça va être une saison très amusante. Petit à petit, la MotoGP évolue, et ça va être intéressant de suivre ce championnat du monde.

 

Quel est votre sentiment sur les performances de la moto après les premières séries de test en Malaisie et en Indonésie ?

F.Q. : Le feeling avec la moto est très bon. Malheureusement, on n’a pas encore réussi à trouver plus de puissance, ce que j’espérais pourtant. Sur le plan aérodynamique, je pense qu’on s’est un peu amélioré, c’est un point positif.

Johann Zarco : Je suis plutôt content des premiers tests effectués en Asie. Les cinq jours ont vraiment bien servi, et c’est le meilleur des entraînements possible. Se retrouver en Malaisie après deux mois de pause, sur une piste où l’on n’était pas allé depuis deux ans, avec cette chaleur, les conditions extrêmes, ça nous a permis de prendre de vrais repères. Si on est bien en Malaisie et en Indonésie, on devrait être performant sur le reste de l’année.

 

Johann Zarco : « Je n’ai pas assez utilisé les points forts de ma moto en fin de saison dernière »

Et sur le plan de vos résultats personnels ?

J.Z. : Les tests en Malaisie étaient plutôt bons. J’aurais aimé faire plus de tours, mais ce n’était pas simple, parce qu’il y avait ceux qui avaient roulé pendant le check down – les premiers tests organisés avant les rendez-vous asiatiques. Ils étaient vraiment en forme et ont tout de suite mis une grosse pression en faisant des chronos de fou ! Et je pense que tous les pilotes se sont concentrés sur le chrono, même moi, pour assurer quelque chose.

En Indonésie, c’était une autre mentalité. J’ai pu faire beaucoup de tours, et ça m’a fait du bien. Je n’étais pas le plus rapide, mais l’idée, c’était de prendre des automatismes sur cette Ducati que je commence à connaître, que j’aime de plus en plus. Ses points forts, je ne les ai pas assez utilisés en fin d’année dernière. Je voulais donc améliorer ces petits défauts que j’avais.

 

La Yamaha de Fabio a quelques améliorations aérodynamiques mais peine à gagner en puissance. Qu’en est-il de votre Ducati, Johann ? Quelle sont les différences avec la moto de 2021, et êtes-vous plus à l’aise avec le modèle 2022 ?

J.Z. : C’est difficile de dire si les évolutions m’ont permis de me sentir plus à l’aise ou pas, parce que ce sont des changements assez fins. Après deux mois de pause, quand on reprend, je suis toujours du genre à me remettre en question si je n’ai pas de bonnes sensations. Je ne me dis pas que c’est la moto qui ne me convient pas.

Les évolutions, ce sont un nouveau moteur pour gagner encore en puissance, ce qui fait la force de Ducati, et un carénage qui, les avis sont unanimes, a vraiment aidé à rendre la moto plus maniable et à l’aider à tourner, ce qui est un peu notre point faible. On est fort au freinage, fort à l’accélération. En course, c’est très bénéfique, mais quand les pneus s’usent, on commence à avoir du mal à emmener la moto dans les virages. Le but, c’est de progresser là-dessus, avec le nouveau carénage, on a gagné un petit quelque chose. C’est une philosophie différente par rapport à d’autres marques comme Yamaha par exemple, qui est une moto plus facile à emmener dans les virages. C’est ce qui rend ce championnat palpitant, chacun ses armes et il faut faire avec.

 

Fabio Quartararo : « J’ai réalisé mon plus grand rêve »

 

Fabio, on ne vous verra pas avec le numéro 1 cette saison…

F.Q. : C’est un peu prétentieux de porter le numéro 1. Pour moi, c’est un numéro réservé au meilleur pilote de tous les temps. Moi, j’ai atteint mon but, mon rêve de devenir champion du monde en MotoGP, mais je veux garder le numéro 20. C’est ce numéro qui m’a permis d’être là où j’en suis aujourd’hui. Faire comme au football, mettre une étoile sur le casque, je trouve ça suffisant. Pas besoin de porter le numéro 1.

 

Vous êtes le premier champion du monde français, la moto est de plus en plus regardée, vous avez un documentaire sur Amazon Prime, sobrement intitulé « Moto GP » qui montre les coulisses de votre saison… Pensez-vous devoir supporter une pression particulièrement forte en début de championnat ?

F.Q. : J’ai beaucoup de questions sur la pression que je vais avoir cette année. Mais, moi, je pense que j’en aurai moins que la saison dernière. Parce que les années précédentes, je voulais décrocher un titre de champion du monde. C’était un rêve que j’avais depuis que j’étais enfant. Maintenant, j’ai réalisé mon plus grand rêve, donc je pense que je piloterai avec moins de pression. Bien sûr, en début de saison, tout le monde va vouloir me battre parce que je suis le champion du monde en titre. Mais je n’ai pas la pression du classement que je vais faire cette année, je sais que j’ai déjà réalisé un rêve que j’avais quand j’avais trois ou quatre ans.

 

Cette nouvelle saison, peut-on s’attendre à un gros combat pour la victoire ?

J.Z. : On a vu en Indonésie que le niveau était très élevé. En Indonésie j’ai terminé à la 10e place, donc je n’étais pas très satisfait, mais je n’étais qu’à quatre dixièmes de la tête. Il y avait 21 pilotes en une seconde. Si on se relâche un tout petit peu, on perd énormément de places. Le but, c’est de bien s’entraîner avant le début de la saison, être fort mentalement, physiquement, parce que c’est là que ça peut se jouer sur la longueur de la saison.