Essome Miyem : le basket, une histoire de famille

Essome Miyem a signé son premier contrat professionnel à Strasbourg en février dernier. Un fait exceptionnel pour ce jeune de 18 ans, bien parti pour suivre le parcours de sa sœur Endy Miyem vers l’équipe de France et les Jeux Olympiques…

« Le basket-ball m’est venu assez naturellement car mon père coachait, mon frère et ma sœur jouaient à haut niveau », raconte Essome Miyem. Le basket est une histoire de famille chez les Miyem. Avec un père, Jacques, sur le parquet dans sa jeunesse puis coach, un frère, Mounadou, qui évolue en Nationale 3 à Bruay-la-Buissière, et Endy, une sœur, capitaine de l’équipe de France, Essome Miyem suit la même voie. « Au début, c’était leur chemin que j’essayais de prendre, ce sont des exemples à suivre », raconte-t-il. C’est alors avec bonheur qu’il a intégré le club de Strasbourg au poste d’intérieur en 2019, et qu’il a signé son premier contrat professionnel (jusqu’en 2023) en février dernier, pour jouer en Jeep Élite. « Le club de Strasbourg me fait confiance et j’en suis fier. Ce contrat professionnel vient dans la continuité du contrat jeune que j’ai signé la saison dernière », dit-il. Mais avant d’arriver à ce niveau, le Rémois a gravi petit à petit les échelons avec le soutien de sa famille. « Mon père et ma mère me donnent des conseils et m’encouragent. Ils connaissent les besoins d’un sportif de haut niveau et savent comment réagir car ma sœur est passée par ces moments-là. Avec mon frère et ma sœur, on se donne des nouvelles, on se soutient », explique-t-il.

« L’entrée à l’INSEP m’a vraiment marqué »

Essome Miyem a commencé le basket-ball à l’âge de quatre ans dans le club de Cormontreuil, près de Reims. À 12 ans, il intègre le pôle espoir de sa ville natale, ainsi que le club de Champagne Châlons Reims Basket. C’est en 2016 qu’il a quitté le cocon familial pour rejoindre l’INSEP, le haut lieu d’entraînement du sport français situé à Paris. « Mon entrée à l’INSEP m’a vraiment marqué, c’est un lieu avec un grand nom, beaucoup de grands joueurs sont passés par cette institution. C’est un peu une référence dans le monde entier », explique-t-il. Le dernier de la famille Miyem a alors ouvert les yeux sur tous les sacrifices qu’il fallait faire pour atteindre le haut niveau. Il détaille : « On ne peut pas vivre comme un jeune normal, on n’a pas beaucoup de temps pour se reposer, pour sortir ou faire des activités. Au début, c’est un rythme dur à tenir, mais une fois qu’on est dedans, on s’y habitue. » Il a découvert également les difficultés à concilier sport et études, mais a réussi à obtenir son baccalauréat. Le jeune Rémois n’abandonne pas facilement : « Il y a eu des moments difficiles, des moments de doutes. Mais c’est là qu’il faut travailler davantage et j’ai continué sans lâcher. » Un an après son entrée à l’INSEP, Essome Miyem est sacré champion d’Europe U16 avec l’équipe de France : « C’était ma première compétition internationale, j’ai pu découvrir le haut niveau et nous avons gagné. » Puis, il a enchaîné sur deux podiums, vice-champion du monde U17 et médaillé de bronze au championnat d’Europe U18. Mais son parcours n’est pas fait que de victoires et la défaite contre la Turquie en quart de finale du championnat d’Europe U18 en 2019 a encore un goût amer : « C’était une très grosse frustration parce qu’on était venu dans l’objectif d’être sacrés champions d’Europe et perdre si tôt m’a fortement affecté », confie-t-il.
 

« Le jeune basketteur dans la cour des grands

Essome Miyem garde de bons souvenirs de son passage à l’INSEP et notamment de son coach Lamine Kebe : « C’était quelqu’un qui était présent pour moi, qui cherchait tout le temps à me pousser vers l’avant. Il était là dans les bons moments comme dans les mauvais. » Pour ses premiers pas dans la cour des grands, l’intérieur a hésité entre plusieurs clubs professionnels : « Avant de me diriger vers la Jeep Elite, j’ai hésité avec Poitiers et Rouen, qui sont des clubs de Pro B avec un niveau de jeu plus bas et où j’aurais eu plus de temps de jeu. » Avec l’aide de son entourage, il décide finalement de jouer à la SIG : « C’est le club qui correspondait le plus à ce dont j’avais besoin, il y avait des meilleures perspectives de travail tant au niveau technique que physique. » Essome Miyem n’a pas choisi la facilité et savait qu’entrer dans ce club prestigieux, champion de France en 2005 et souvent dans le haut du tableau, lui demanderait beaucoup de travail et de concentration pour être au niveau : « J’ai mis du temps pour m’habituer, avant je m’entraînais avec des gens de mon âge et maintenant j’évolue avec des joueurs plus expérimentés, il y a un grand fossé entre le basket jeune et le basket professionnel, et je commence à peine à me rapprocher de ce niveau. » La nouvelle recrue s’est facilement intégrée et n’a pas hésité à s’entraîner davantage pour être à la hauteur.

« Un avenir plein de promesses

En dehors du club, Essome Miyem continue à travailler avec sa famille lorsqu’il retourne à Reims : « Avec mon père, je vais à la salle. Quand mon frère et ma sœur rentrent, je vais m’entraîner avec eux. » Endy Miyem, ailière/intérieure des Flammes Carolo et capitaine de l’équipe de France, inspire son petit frère : « C’est une grande fierté de voir ma sœur à ce niveau. Je trouve très impressionnant le fait qu’elle arrive à garder un très haut niveau toutes ces années. Sa régularité, le niveau qu’elle a atteint, c’est grâce au boulot qu’elle fournit, c’est en travaillant sans relâche. » En ayant pour modèle Mounadou et Endy, le petit dernier sait que derrière chaque succès, il y a des efforts, et sa persévérance a fini par payer : « Avant je n’avais pas toujours du temps de jeu pendant les matchs, mais j’avais quand même le championnat espoir à côté. Ces derniers temps, je rentre à tous les matchs », explique-t-il, satisfait. Essome Miyem a de belles perspectives devant lui et a pour objectif final de se faire drafter en NBA. Mais avant cela, il souhaite intégrer l’équipe de France seniors dans les années à venir et être prêt pour participer aux Jeux Olympiques 2024 à Paris. « Je vais continuer à travailler comme je le fais depuis le début de l’année pour arriver au niveau et réduire mes points faibles. Il y a une grosse différence entre l’équipe de France et la SIG. Il faut que je travaille encore et encore afin de prouver chaque année que je mérite de faire partie des Bleus ». Un objectif tout à fait crédible au vu de son potentiel…

Jade Delattre-Buisset