À 15 ans, Esteban Dubois trace une trajectoire peu commune dans l’escrime. Contraint de débuter main gauche en raison d’une malformation à la main droite, il a dû tout apprendre de ce côté-là pour entrer dans ce sport et progresser. Aujourd’hui installé au Cercle d’Escrime d’Hénin-Beaumont, il avance touche après touche, porté par un style atypique et une progression rapide.
L’histoire d’Esteban Dubois commence presque par hasard. En 2020, grâce à une camarade d’école, il teste l’escrime. Quelques touches plus tard, il découvre un sport qui lui ressemble et il s’inscrit au CS Bayeux escrime. Quatre ans plus tard, le décor a changé, mais pas la conviction : ce sport est devenu son terrain d’expression. Aujourd’hui en sport-études à Hénin-Beaumont, il s’entraîne pour franchir chaque palier avec une détermination qui frappe ceux qui le croisent.
« J’ai dû travailler énormément en dehors des séances »
Droitier de naissance, Esteban Dubois a une malformation à la main droite : « Je n’ai pas d’index à la main droite, donc très vite, j’ai vu que si je faisais l’escrime de cette main, ça n’allait pas le faire. J’allais vite plafonner. » Là où d’autres auraient renoncé, lui décide de basculer à gauche. Une décision simple en apparence, mais qui signifie tout reprendre depuis zéro : coordination inversée, jambes à repositionner, gestes à reconstruire. Il lui faudra près d’un an pour dompter ce nouveau schéma corporel. « J’ai dû travailler énormément en dehors des séances« , dit-il en évoquant peu de créneaux d’entraînement disponibles à l’époque.
Footing, déplacements répétés, technique en solitaire : il forge peu à peu une aisance nouvelle, différente, déroutante. Aujourd’hui, ce travail est devenu une force. Non seulement son style n’a rien d’académique, mais il n’a rien d’un gaucher traditionnel non plus. « Comme je ne suis pas réellement gaucher de base, je ne joue pas comme un gaucher« , rapporte-t-il. Jusqu’à ce que Jade Maréchal, double championne d’Europe par équipe, lui confie un jour : « Tu vas chercher des cibles vraiment compliquées. » Un compliment qui résume le côté imprévisible du jeune escrimeur.
Une progression accélérée depuis Hénin-Beaumont
« La première année, je finissais toujours dernier. » À force d’efforts, il gravit petit à petit les échelons jusqu’à arriver dans un environnement plus structuré le CEHB d’Hénin-Beaumont. Esteban Dubois change de rythme. L’entraînement quotidien, jusqu’à 12 heures hebdomadaires, le fait basculer dans une autre dimension. Les circuits nationaux deviennent un passage obligé pour se jauger. Son premier, à Paris, se conclut dans le bas du tableau en M17, mais il surprend en M20 surclassé en sortant des poules.
Quelques mois plus tard, à Hénin-Beaumont, il frappe fort : opposé à un tireur nettement mieux classé, il s’impose 15-14. Un match qui lui ouvre la voie vers une remontée de cinquante places au classement, preuve que ses progrès se traduisent désormais en résultats. Parti de très loin, il y a un an et demi autour des 350e places nationales , il vise le top 100 cette saison. Et il s’en rapproche : classé environ 170e, il gagne encore en maturité et assume l’idée qu’il devra « bouger davantage » pour atteindre ses objectifs.
Viser le haut du tableau en M20
Selon lui, les années M20 seront décisives, il s’y engage dès maintenant en tant que surclassé. Pas pour viser tout de suite l’international, mais pour s’y préparer sérieusement : « Quand je serai en M20, l’objectif c’est vraiment de taper dans le haut du panier. Et ce sera à ce moment-là que je peux espérer peut-être des sélections en équipe de France« . Son style de jeu ? Un mot résume tout : oser. Défensif, prompt à contre-attaquer, imprévisible jusque dans ses choix de cible. Une manière de tirer façonnée par son parcours et par la volonté d’aller là où les autres ne s’attendent pas. À côté, ce jeune athlète est suivi par un sponsor,
Pépite Café BubbleTea, qui l’accompagne davantage par conviction que par retour immédiat. Esteban Dubois mesure ainsi l’importance de se construire une visibilité : non seulement pour financer les compétitions, mais aussi pour soutenir un projet qui lui tient à cœur : médiatiser davantage l’escrime et imaginer un futur professionnel pour ce sport encore trop confidentiel.
