Eric Landmann : « Pérenniser le rugby à Mayotte »

Crédit photo : Comité territorial de rugby de Mayotte

Président de la Ligue de Rugby de Mayotte, Eric Landmann se confie sur le développement de la pratique au cœur de l’archipel de l’Océan Indien.

Quel est le bilan de la rentrée sportive pour le rugby à Mayotte ?

Le bilan est plutôt très bon, nous avons relancé toutes nos activités. Ça se résume par les compétitions, la formation et l’arbitrage. Nous venons d’avoir la visite de la Fédération Française de Rugby. C’était l’occasion pour la fédération d’honorer le rugby au niveau local, puisque le Rugby Club Mamoudzou est devenu la première école de rugby labellisée de Mayotte. C’est une grande fierté pour nous.

En termes de licenciés, la dynamique est bonne. On est en avance par rapport à l’année dernière à la même période. L’objectif sera de flirter avec les 900 licenciés en fin de saison, ce serait une belle progression.

Pour y parvenir, quels sont les axes forts à développer ?

Nous avons quasiment 30 % de féminisation sur nos effectifs, c’est évidemment très positif. Le développement de la pratique féminine est une priorité au niveau fédéral, mais c’est aussi le cas à Mayotte. Sur notre territoire, il y a un potentiel de sportives en sommeil à exploiter.

Concernant la pratique en elle-même, le rugby à 7 reste la discipline la plus appropriée à notre public. En termes d’effectif, il est bien plus simple pour les clubs de présenter une équipe à 7. Sans oublier que le profil des joueurs s’y prête bien. On développe aussi le rugby à 10, qui est une pratique en plein essor. D’ailleurs, chez les cadets et juniors, c’est un mix de rugby à 10 et de rugby à 7.

« Ça donne vraiment une belle image de Mayotte »

Vous l’avez dit, la Fédération Française de Rugby était présente à Mayotte il y a quelques jours. Qu’est-ce que cela représente pour vous de bénéficier de cette reconnaissance ?

C’est très important. Jordan Roux, vice-président de la FFR en charge des territoires, était à nos côtés. Cela montre qu’aujourd’hui, les territoires des Outre-Mer sont considérés à part entière, comme les territoires de la métropole. Le fait que la fédération soit venue se soucier de nous, constater notre engagement et notre développement, ça nous motive, ça nous donne beaucoup d’enthousiasme.

Durant une semaine, on a fait le tour des clubs. Ces derniers ont répondu présent, ça donne vraiment une belle image de Mayotte. La FFR a pu se rendre compte que même si on est un petit territoire un peu éloigné, sans internationaux, le rugby demeure important chez nous.

Quels sont les projets mis en place ou à venir pour continuer de surfer sur cette dynamique ?

Nous avons plusieurs actions. Il y a notamment les dispositifs de la FFR, je pense à celui mené avec TotalEnergies pour aller chercher des jeunes dans les quartiers et leur proposer de s’essayer à la pratique du rugby. C’est positif, car cela peut leur donner le goût du rugby avant de se diriger vers un club.

Nous avons également les actions Rugby pour Elles, qui ont lieu tous les deux mois. Le 11 octobre dernier, dans le cadre de cette action, nous avons organisé un grand tournoi qui a rassemblé 250 filles. À Mayotte, il y a de nombreuses opportunités pour aller chercher des jeunes dans les quartiers et leur proposer du rugby. La discipline est un vrai vecteur social sur notre territoire, il y a donc un potentiel important à explorer. La principale difficulté pour continuer à se développer concerne les équipements. Avoir des stades pour la pratique du rugby, c’est un chantier qui va nous occuper pendant longtemps.

« On s’entend très bien avec nos homologues de La Réunion »

L’une des difficultés concerne également les déplacements. Comment la Ligue avance-t-elle sur ce sujet ?

Intra-muros tout va bien, mais en effet, quand on veut sortir de l’île, le prix des déplacements rend les choses compliquées. Je pense au fait de participer à des compétitions en métropole ou à des coopérations régionales avec La Réunion. Il faut, à chaque fois, prévoir des budgets importants. De plus, nous avons une particularité dans l’Océan Indien, celle d’avoir très peu de compagnies aériennes.

Il n’y en a qu’une seule avec laquelle nous avons des contacts. Mais elle est tellement en position de force et de monopole que les négociations sont compliquées. C’est un sujet que nous espérons vraiment améliorer et sur lequel nous travaillons ensemble avec la Ligue de La Réunion.

Justement, La Réunion est le territoire le plus proche du vôtre. Sur quels sujets les deux Ligues collaborent-elles ?

En effet, nous ne sommes pas très loin ! On s’entend très bien avec nos homologues de La Réunion, ce qui nous permet de collaborer sur les compétitions concernant les jeunes, mais aussi sur la formation. C’est vraiment sur ce sujet de la formation que nous échangeons le plus. Lorsque des formateurs de la fédération viennent à La Réunion, ils viennent aussi chez nous, on mutualise un maximum entre nos deux territoires.

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