Denis Masseglia : « Miser sur le sport, c’est miser pour l’avenir du pays »

Denis Masseglia vit ses derniers jours à la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Après 12 ans de présidence, l’ancien rameur international dresse le bilan de ses trois mandats, marqués notamment par l’obtention des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris, en 2024.

 
Dans quel état d’esprit êtes-vous, à quelques semaines de la fin de votre troisième et dernier mandat de président du CNOSF ?
Je vis la fin du mandat avec beaucoup de sérénité, parce que j’ai milité moi-même pour qu’il y ait une limitation d’âge. Elle s’applique à moi, où est le problème ? Je dois donner l’exemple. Je pars aussi avec la satisfaction de laisser une maison en bonne marche. Depuis 12 ans, il n’y a pas eu la moindre crise politique, financière ou éthique au sein du CNOSF. C’est déjà pas mal.
 
Pouvez-vous nous raconter le parcours qui vous a mené jusqu’au CNOSF ?
On ne naît pas président, on le devient. J’ai pris mon premier engagement associatif à 18 ans, dans mon club (le Cercle de l’Aviron de Marseille), où j’ai été amené à prendre la présidence de la Commission des fêtes. J’étais assez attiré par le fait de pouvoir, en s’impliquant, amener davantage de moyens à l’association dans laquelle on était. Ensuite, j’ai occupé un peu tous les postes dans mon club. Je suis devenu président de région sportive, puis président de la Commission sportive nationale à la Fédération Française d’Aviron. A un moment, je me suis dit que la Fédération avait besoin d’idées nouvelles, d’une énergie nouvelle, donc je me suis présenté, en 1989. J’ai été élu, et j’ai effectué trois mandats. Je me suis auto-limité à ces trois mandats à la FFAviron, mais dès 1993, lors de mon deuxième mandat, j’ai eu l’honneur et le plaisir d’être au côté d’Henri Sérandour, en tant que vice-président du CNOSF en charge de la communication et du marketing. Je occupé les mêmes fonctions le mandat suivant, et j’ai aussi été Secrétaire général. En 2008, lorsque Henri a été atteint par la limitation d’âge, il y avait une ouverture que j’ai saisie, avec un aspect volontariste. J’étais professeur dans une classe préparatoire aux grandes écoles. J’avais un métier qui me plaisait et duquel je tirais beaucoup de satisfactions, mais pour autant, je savais que pour gagner l’élection au CNOSF, il fallait que je sois à plein temps. J’ai pris la décision de demander un départ anticipé à la retraite, et je me suis impliqué à 100% dans la quête à la présidence. Comment devient-on président ? En s’en donnant les moyens.
 

« Là pour servir le sport »

 
L’aviron vous a apporté de belles émotions sportives, puisque vous étiez international…
Oui, j’ai eu la chance d’être international, mais la malchance, peut-être, de l’être dans des années qui n’étaient pas olympiques. C’est comme ça. Nous étions à une époque où le choix entre sport et études était davantage marqué qu’aujourd’hui, où beaucoup de facilités sont accordées aux jeunes pour qu’ils mènent de front un double projet. Moi, j’étais étudiant et j’ai fait le choix, à un moment, de privilégier ma vie autre que sportive. C’est peut-être aussi parce qu’on prend l’engagement sportif quand on sait qu’il y a une perspective de performance au bout. Ce n’était pas tout à fait le cas au niveau de l’aviron à cette époque-là. J’ai quand même fait huitième aux championnats du monde, ce n’est pas mal !
 
Est-ce que cela a été simple de passer d’une carrière de sportif à une carrière de dirigeant ?
Oui, car cela s’est fait dans la continuité. J’ai adhéré à mon club, le Cercle de l’Aviron de Marseille, en 1960. J’avais 13 ans, et j’ai commencé à régater au même âge. J’ai terminé en 1981, à 34 ans. Je l’ai fait sans discontinuer, et j’étais donc pendant un moment à la fois compétiteur et dirigeant, puisque j’étais président de la Commission sportive de mon club en même temps. Je suis entré à la Fédération en 1985, quatre ans après l’arrêt de ma carrière de rameur, et j’étais déjà président de région sportive.
 
Le CNOSF est comme une deuxième maison. Avant les 12 ans de présidences, vous aviez déjà passé 16 ans dans ces locaux…
Oui, c’est pour ça que je suis parfois un peu surpris par certains jeunes présidents. Moi, je ne me serais pas vu, au bout d’un premier mandat de quatre ans, faire acte de candidature à la présidence du CNOSF. Je pense qu’il faut un parcours et une connaissance du dispositif, mais c’est mon avis, ce n’est pas une règle absolue. Quand je me suis présenté en 2009, j’avais quand même l’avantage d’avoir quatre mandats de vice-président ou de Secrétaire général au sein du bureau exécutif du CNOSF. J’avais l’avantage aussi d’avoir un parcours de président de Fédération. J’aurais pu rester président, j’aurais été réélu sans problème, mais là-aussi, je considérais que trois mandats, c’était bien, et qu’il fallait laisser la place à d’autres. L’avantage de connaître la maison, c’est que je n’avais aucun réseau. Je n’avais pas de réseau politique, pas d’autres réseaux, juste celui du mouvement associatif. Et je pense qu’à la fin, les gens ont reconnu en moi une forme de militantisme associatif qui a peut-être fait la différence. J’étais là pour servir le sport.
 

« On a su se relever après l’échec d’Annecy »

 
Comme définiriez-vous le rôle de président du CNOSF ?
La première chose que j’ai envie d’indiquer, c’est que le président du CNOSF est en quelque sorte le garant de l’unité du mouvement sportif. A travers toutes les actions qui sont faites au bénéfice des membres du CNOSF, il faut veiller à ce que l’unité soit préservée. Quand on fait, parfois, des choix qui favorisent les uns, il faut immédiatement penser à une contrepartie pour qu’à la fin, personne ne se sente lésé. Je crois que c’est le premier devoir du président du CNOSF, qui a un rôle à la fois de représentation et d’impulsion, parce que lorsqu’on est aux commandes, il faut veiller à ce que des actions soient faites pour marquer notre passage. Et elles ne sont intéressantes que si elles sont durables. Et puis, à travers la représentation et l’impulsion, il faut aussi veiller à l’aspect fédérateur.
 
Quels moments forts de votre présidence garderez-vous en tête ?
Le premier d’entre eux, évidemment, c’est le fait d’avoir été président au moment où on a pu obtenir ce que l’on cherchait à obtenir depuis des années, les Jeux Olympiques et Paralympiques. J’ai vécu l’échec de la candidature d’Annecy, où on a seulement obtenu 7 voix lors du vote de Durban en 2011. Mais on a su se relever seulement quatre ans plus tard, et c’est aussi une fierté que le CNOSF peut avoir, parce qu’au début, peu de monde croyait qu’il serait possible de se remettre d’une telle déconvenue. On a pris les choses par le bon bout, on a su démontrer qu’on pouvait gagner et qu’une candidature olympique pouvait servir à quelque chose pour la société française. Pour gagner, il fallait que le mouvement sportif soit placé dans une position suffisamment marquée, pour qu’il en apparaisse comme le leader. Petit à petit, la maire de Paris, la Région, le pouvoir politique au plus haut niveau se sont tous mis d’accord pour qu’il y ait une candidature, et c’était la première fois, il faut bien insister dessus, qu’elle était placée sous le leadership du mouvement sportif. Auparavant, cela n’avait été que des candidatures portées par des politiques soutenus par des sportifs. On a fait le contraire, et on a gagné. Il faut quand même en tirer un certain nombre de leçons.
Ensuite, si j’avais à mettre en avant quelques concrétisations d’actions particulières, je parlerais de la chaîne Sport en France. Dès 1998, on avait imaginé faire une chaîne de télévision sur le bouquet satellitaire TPS et on n’avait pas pu aller jusqu’au bout, alors qu’avec France Télévisions et France Télécom, on avait particulièrement avancé. Cette fois, on a trouvé avec le groupe Reworld un partenaire de grande qualité pour faire une télévision pour tous les sports dans laquelle le CNOSF investit, évidemment, mais dans laquelle il y a l’égalité des chances. Je ne dis pas l’égalité de traitement, ça n’existe pas, mais l’égalité des chances est fondamentale. Demain, on fera une plateforme numérique de type OTT, peut-être une radio, pour avoir une vue à 360 de ce que l’ensemble des sports peut représenter de manière mutualisée. Depuis deux ans que la chaîne Sport en France existe, je crois qu’on peut être légitimement assez fier de ce qui a été réalisé. Avec les Jeux à Paris en 2024, on va avoir besoin d’une banque d’images que nous sommes les seuls à pouvoir fournir.
 
Y a-t-il d’autres fiertés particulières ?
Il y a eu d’autres actions importantes. On a réalisé au moment des JO de Londres et de Rio des Clubs France comme on n’en avait jamais fait : 80 000 personnes à Londres, 120 000 à Rio. Des Clubs ouverts qui font aujourd’hui référence dans le monde olympique, parce que personne n’avait osé faire des clubs ouverts à tous les supporters, quelles que soient leurs origines, avec des animations jour et nuit. On avait vraiment l’intention de célébrer les Jeux et montrer qu’on était capable de servir l’idéal olympique pour donner envie à toutes les populations de venir à Paris en 2024.
Et puis, je veux aussi parler du sport pour tous. On a mis sur pied des choses en termes de développement qui aujourd’hui, demeurent encore. La première d’entre elles, c’est le développement avec les partenaires sociaux des certificats de qualification professionnelle. Cela paraît anodin, mais ça n’existait pas quand je suis arrivé. Aujourd’hui, il y a près de 40 000 diplômés en CQP (Certificat de qualification professionnelle) qui travaillent dans les clubs. Et cela correspond à un besoin des clubs. Nous avons également mis en place de nombreuses opérations de promotion des activités, dont Sentez-vous sport, qui est née en 2010, qui est aujourd’hui encore en pleine activité et qui a servi de référence à l’Union européenne. Ce n’est pas rien que l’Union européenne se soit basée sur ce qu’on faisait en France pour mettre en place la Semaine européenne du sport. C’est un motif légitime de fierté. Il me semble que ce sont les points principaux, mais il y en a eu plein d’autres.
 

Une première rencontre mémorable avec Nicolas Sarkozy


Comme les Trophées Club+ ?
Oui, nous voulions mettre en avant tous ceux qui proposaient des innovations sociétales. Parce c’est quand même extraordinaire, il y a des clubs qui vivent des aventures humaines, qui accueillent des prisonniers, des migrants, et personne ne le sait ! On ne parle que des trains qui déraillent, jamais des trains qui sont à l’heure ou en avance. Qui peut en parler si ce n’est pas nous ? Impact 2024, mené avec le COJO, va permettre de mettre en place encore plus d’actions l’année prochaine pour ces clubs qui ont une importance sociétale. Tout cela fait que j’ai eu beaucoup de fierté et beaucoup de plaisir à être président du CNOSF pendant 12 ans, parce que j’étais le représentant du mouvement sportif. Pour l’être, il faut avoir été dirigeant de club, il faut être bénévole, savoir ce que c’est. Sinon, parler au nom de 3 millions de bénévoles, cela pose un petit problème.
 
Parmi les très nombreuses rencontres que vous avez faites, lesquelles garderez-vous à l’esprit ?
Il y a évidemment les rencontres avec les plus hautes autorités, notamment les présidents du CIO, Juan Antonio Samaranch, Jacques Rogge et Thomas Bach. C’est normal, car c’est la maison mère, c’est le CIO qui nous donne la légitimité institutionnelle. Il y a aussi les rencontres avec les plus hautes autorités de l’Etat. Je me souviens de mon premier rendez-vous avec Nicolas Sarkozy, alors président de la République, en 2009. Aujourd’hui, je ferai différemment parce que j’ai un peu de bouteille. Il me reçoit dans les jardins de l’Elysée et se met face au soleil, avec des Ray-Ban. Discuter avec le président de la République, dont vous ne voyez pas les yeux, ce n’est pas simple quand vous êtes élu depuis un mois. Il a fallu quelques secondes pour que je m’adapte à la situation. Nicolas Sarkozy était extrêmement chaleureux. D’ailleurs, c’est lui qui m’a remis la Légion d’honneur un peu plus tard. Que ce soit avec lui, François Hollande ou Emmanuel Macron, ce sont des rencontres assez exceptionnelles. Tout le monde ne peut pas dire qu’il a la possibilité de rencontrer le président de la République. Il y a aussi des chefs d’entreprises avec lesquels on établit des relations. Et puis, évidemment, il y a les sportifs. Combien de gens rêvent de pouvoir approcher Teddy Riner, Tony Parker, Laure Manaudou ou Camille Muffat, à laquelle je pense évidemment ?
Ce qui m’aura le plus marqué personnellement, parce que je suis un fan de sport, un boulimique de spectacle sportif, c’est l’aventure des Jeux. Pendant les Jeux, de 8h du matin à minuit, j’étais sur le terrain. Il fallait que je sois là où il y avait des Français qui décrochaient une médaille. Pas pour me montrer, mais pour vivre l’instant présent, parce que c’était quelque chose de fabuleux. Ce sont des moments d’émotion extraordinaires, aussi bien aux Jeux d’été qu’aux Jeux d’hiver.
 
Avez-vous certains regrets ?
Quelque chose de formidable a été fait : l’évolution de la gouvernance du sport. J’y ai cru depuis le début et j’ai toujours souligné que c’était quelque chose d’indispensable. Dès 2009, j’ai proposé un programme dans lequel il était indiqué la nécessité d’associer les quatre acteurs : le monde sportif, l’Etat, les collectivités territoriales et le monde économique. A l’époque, c’était révolutionnaire. L’Agence Nationale du Sport est finalement née en 2018. Vous vous rendez-compte ? Il a fallu 9 ans pour y arriver. Si vous n’avez pas un peu de ténacité, un peu de conviction, vous n’avez aucune chance que cela aboutisse. Aujourd’hui, si j’avais un regret, c’est de me dire qu’on n’a peut-être pas été assez loin. Mais rien n’est perdu. Dans cette gouvernance partagée, on a oublié la deuxième partie qui est la responsabilité répartie. Il faut pour cela convaincre toutes les autorités de faire confiance au mouvement sportif. Je vais donner un exemple pour bien que l’on comprenne. Quand les Jeux ont eu lieu à Rome, en 1960, le CONI (Comité national olympique italien), a hérité du Stade olympique, du Foro Italico où se passent les Internationaux de Rome de tennis, de la piscine olympique, etc. Le Stade olympique de Rome est donc géré par le Comité olympique italien, qui a fait des travaux de modernisation exceptionnels il y a trois ou quatre ans. Ce qui veut dire que la gestion du stade est largement excédentaire. Est-ce qu’on imagine en France qu’on puisse faire autant confiance à des acteurs privés du mouvement sportif ? C’est le vrai problème, et c’est peut-être un regret. Mais j’espère qu’à l’avenir, il sera effacé. Il faut qu’on accepte l’idée que la société civile fait des choses exceptionnelles. Il faut lui faire confiance. Le président de la République dit qu’il faut responsabiliser les fédérations et les acteurs du monde sportif. Il a mille fois raison. Mais derrière, ça ne suit pas parce qu’il y a trop d’habitudes qui ont été prises. Moi, avec pratiquement 50 ans d’engagement associatif, je ne pense pas avoir de leçon d’intérêt général et d’engagement désintéressé à recevoir de quiconque. On peut faire confiance à des gens comme moi, il y en a des milliers, qui font des choses exceptionnelles sur le terrain et qui n’ont pas besoin d’être pris en main, contrôlés. On est dans une société dans laquelle on ne fait pas assez confiance aux acteurs qui s’engagent. C’est le seul message que j’aurais envie de faire passer. Si, un jour, on veut que les choses évoluent, il faut faire confiance aux acteurs de la société civile, sinon, ils ne s’engageraient pas comme ils le font.
 

« Je n’ai jamais perdu une seule élection nationale »

 
On voit que cela commence à bouger à ce niveau-là, avec un renouveau à la tête des fédérations, avec des chefs d’entreprises qui s’engagent…
Je ne crois pas qu’il faille dire que c’est nouveau. Ce qui l’est, c’est qu’on en parle davantage. Il y a plus de nouveaux présidents nouveaux parce que la société veut cela. C’est fini, le temps des dinosaures. Il y en aura plus. Si je regarde mes prédécesseurs, je vois Armand Massard, 1933-1967. 34 ans de présidence ! Un record qui ne sera jamais battu. Trois mandats, c’est déjà beaucoup. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les moyens de communication sont plus performants que lorsque j’ai été élu président de la fédération d’aviron en 1989. C’était le moment où on commençait à avoir un fax. Rendez-vous compte, c’était l’époque du Minitel, un autre temps. La communication évolue, et a une incidence sur la manière dont les jeunes dirigeants se comportent. Quand j’ai été élu président de la FFAviron, j’ai passé un mandat à apprendre. Je suis venu ici, j’ai appris au côté de Nelson (Paillou), qui était là avant qu’Henri (Sérandour) arrive, et il ne me serait pas venu à l’idée, en 1993, de me présenter à la présidence du CNOSF. Autre temps, autres mœurs. Est-ce que c’est mieux ? Je ne suis pas sûr, parce que de la même manière que certains veulent bousculer les choses, ils peuvent aussi être bousculés par d’autres.
 
Savez-vous déjà ce que vous allez faire ensuite ?
Si vous voulez que votre avenir soit souriant et qu’il corresponde à ce que vous souhaitez, je n’ai qu’une réponse : je ne ferai que ce que j’ai envie de faire. J’ai quand même pas mal de propositions qui me sont faites. Je pense que l’engagement associatif est fait de convictions, parfois de devoirs. Et l’avantage de l’âge, c’est que vous n’êtes plus prisonnier de la notion de devoir. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas les respecter. Cela veut dire que dans l’engagement que vous pouvez avoir, il convient de voir ce qui peut le plus vous apporter quelque chose. S’il y a des propositions dans lesquelles j’ai le sentiment que je vais m’éclater, que je vais apporter quelque chose, je le ferai à 100%. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave.
J’ai quand même une petite fierté : je n’ai jamais perdu une seule élection nationale. À l’international, je n’ai eu que des déconvenues, mais c’est un peu particulier. Si vous êtes comme moi, que vous ne buvez pas d’alcool et que vous êtes du matin et pas du soir, c’est difficile d’aller au bar le soir et de tenir la conversation avec des dirigeants qui y sont assez habitués. Ce n’était pas mon cas. En revanche, au niveau national, aucun échec, c’est pas mal quand même ! Cela ne changera plus, car je ne serai plus candidat à quoi que ce soit. Logiquement, je devrais être président honoraire du CNOSF, et j’espère pouvoir jouer ce rôle. Je n’ai pas eu la chance d’avoir cela, car Nelson et Henri sont partis prématurément. Mais j’aurais eu besoin, à un moment, d’un président honoraire qui remplisse un certain nombre de missions et qui me conseille, parce qu’il y a toujours quelque chose à apprendre de la part de ceux qui ont de l’expérience.
 
On devine quand même chez vous l’envie de continuer à défendre le mouvement sportif…
Bien sûr, mais je ne le ferai pas de la même manière. Je vais faire les choses du mieux possible jusqu’au 29 juin, mais ensuite, je ne serai plus en pole position. La position de président du CNOSF n’est pas facile, ceux qui le croient font une erreur. Je me suis accompli à ce poste, je me suis réalisé, j’ai beaucoup donné, mais j’ai également beaucoup reçu. J’ai essayé que ça ne se fasse pas trop au détriment de la vie de famille, même si elle en a souffert, c’est normal. Mais mon engagement était partagé par ma femme et mes enfants, heureusement. Parce que si ce n’est pas le cas, c’est mission impossible. Vous n’êtes rien sans le soutien de vos proches.
Donc aujourd’hui, tout va bien. On a tous des problèmes, et il faut tout faire pour les résoudre. On a une obligation de moyens, mais pas une obligation de résultat parce que les résultats ne dépendent pas que de nous. Vous avez le problème des CTS qui nous tombe sur le dos. Et on ne peut pas le résoudre tout seul. Cependant, il y a aussi des dossiers fantastiques. Le Pass’Sport, par exemple, c’est un dossier exceptionnel. Je veux terminer par cela, parce que c’est important. Les jeunes d’aujourd’hui ont des performances sportives qui sont un quart inférieures à celles des jeunes il y a 50 ans. On se prépare à une catastrophe sanitaire sans précédent à cause de la sédentarité et d’une forme de difficulté à mettre les gens en mouvement. Il faut avoir ça en tête. Ça va coûter bien plus cher que d’encourager le sport. Le sport, aujourd’hui, c’est un vrai enjeu de société pour la jeunesse. Et miser sur le sport, c’est miser pour l’avenir du pays.
 

Propos recueillis par Simon Bardet