Daniel Riolo : « Avant McCourt, l’OM était à la rue »

Daniel RIOLO - 18.04.2013 - Studio RMC Photo : Visual / Icon Sport

Après avoir évoqué le cas Benzema en début de semaine, SPORTMAG vous propose aujourd’hui la deuxième partie de l’entretien avec Daniel Riolo. Entre le début de saison en Ligue 1, l’Olympique de Marseille ou encore le cas Bielsa, le journaliste et consultant de RMC se livre…

 

Daniel Riolo, quel regard portez-vous sur le début de saison en Ligue 1 ?

Ce n’est peut-être pas à la hauteur de tous les espoirs que l’on avait par rapport à la saison dernière. Après, il y a des choses positives. Contrairement à ce que l’on a pu dire, la lutte entre Paris et Monaco existe encore. Même si l’ASM est en reconstruction et que ce ne sera peut-être pas aussi fort que l’année dernière, je ne vois pas Monaco lâcher. Au niveau des déceptions, il y a l’OGC Nice, qui avait été impressionnant en première partie de saison dernière. Même si Favre est resté, c’est quand même moins fringuant. On espérait également qu’Oscar Garcia changerait les choses à l’ASSE, les joueurs étaient emballés en début de saison mais le sont beaucoup moins maintenant (ndlr : l’interview a été réalisée lundi, avant l’annonce de la démission d’Oscar Garcia).

De son côté, Ranieri a parfaitement démarré avec le FC Nantes…

Il faut bien reconnaître qu’avec ses petits moyens et ses joueurs qui ne sont pas des vedettes, Nantes est bien calé dans le haut. Quand je dis qu’il y a quelques déceptions, il faut relativiser car nous n’en sommes qu’au tiers du championnat. Marseille et Lyon sont en train de revenir et vont se tirer la bourre pour la troisième place, même s’il n’est pas exclu qu’ils viennent faire chier (sic) Monaco. Une saison, ça se suit du début à la fin. Peut-être que la deuxième partie de championnat sera beaucoup plus animée. On attend également de voir ce que va faire le PSG en Ligue des Champions et les deux olympiques en Europa League. On attend et on verra bien ce que ça va donner. L’Europe est souvent le révélateur, l’année dernière, on était heureux d’avoir deux clubs dans le dernier carré. On verra bien ce que ça donnera cette année.

Justement, le « OM Champions Project », qu’en pensez-vous ?

On va dire que ça avance. Franchement, il faut voir aussi d’où vient l’OM. Le club était à la rue, il n’y avait plus de projet. On se demandait si quelqu’un pouvait racheter donc quand ils ont trouvé cet Américain, c’était une aubaine. La machine repart, il y a du monde au stade et la passion est toujours là. C’est super important, il ne faut pas oublier qu’à un moment, plus personne ne voulait venir. Il ne faut pas être trop exigeant, même si ça n’avance pas très vite. Après, malgré le temps que l’on doit laisser, il y a quand même des erreurs sur la première partie du projet qui auraient pu être évitées. J’avais dit que prendre Evra était une mauvaise idée, ça l’a été. Je pense également que Payet en tête de gondole, c’était, c’est et ce sera une mauvaise idée. De ce côté-là, il y avait, je pense, moyen de faire autrement.

Et le cas Rudi Garcia ?

Moi, je veux bien dire que je ne suis pas fan, et que d’autres ne le sont pas non plus. Mais bon, s’il arrive à mettre le club dans le Top 5 et à avancer en Coupe d’Europe, que les dirigeants continuent avec lui et ils verront par la suite. Le problème, c’est que les cas Evra et Payet ont un petit peu tout bloqué, ce qui a eu des répercussions au mois de juin. Ils n’ont pas réussi à se libérer du poids du départ de Gomis, peut-être en pensant qu’ils trouveraient facilement un remplaçant. Je doute que Mitroglou fasse l’affaire, donc ils se sont coincés là-dessus. Donc même si c’est un projet naissant, ils auraient pu aller encore plus vite sans ces quelques erreurs. Même si je le répète, ce que fait l’OM depuis un an est déjà très correct.

Lorsque l’on se remémore les discours des dirigeants marseillais lors de leur arrivée, les ambitions du club étaient très élevées. Avec la concurrence de Lyon, Monaco et surtout Paris, ces objectifs pourraient être très difficiles à atteindre…

Ils en sont encore loin. Il faut que les dirigeants trouvent un vrai modèle, un style. Ce qu’a dit Luis Gustavo en début de semaine est très intéressant. D’ailleurs, c’est un sacré coup qu’a fait l’OM avec ce joueur. Il disait que même si les autres étaient plus forts, l’OM devait continuer avec son style, avec une équipe qui s’arrache, qui plait au public parce qu’elle est combattante. Ce qui est déjà une bonne base pour démarrer.

Un mot également sur le LOSC, qui vit un début de saison très difficile. Bielsa peut-il s’en sortir ?

Si le club lui laisse le temps, je pense. Il fera une première saison en milieu de tableau, et s’il continue, je suis sûr que ça peut marcher. Après, est-ce qu’il n’a pas tendance à surestimer le niveau et la mentalité de certains joueurs ? Bielsa a besoin de joueurs passionnés, prêts à crever avec lui. Ce n’est pas forcément simple dans l’environnement lillois, surtout que les mecs qu’il a pris viennent d’horizons très divers. Quand il le fait à Bilbao, c’est avec des mecs du cru.

Ses détracteurs diront qu’il a choisi lui-même son équipe…

C’est peut-être là qu’il a surestimé sa capacité à réussir le rassemblement et l’unité de joueurs aux mentalités à ce point différentes, qui ne parlent pas les mêmes langues, etc. Quand tu es un coach aussi exigeant dans ce que tu as envie de faire, c’est compliqué. Tu as besoin d’avoir des mecs qui parlent la même langue, le même football. Donc quand dans le projet, on te dit que tu prends des joueurs pour les valoriser avant de les revendre, c’est très difficile. Après, c’est clair qu’on pourra dire que Bielsa a accepté le truc, qu’il savait où il allait. Et puis après tout, ce n’est pas exclu qu’il se plante aussi. Tous les coachs se plantent, ce ne serait pas le premier.

Certains pensent que Bielsa ne réussira jamais en France, que le football français n’est pas prêt à accepter un tel entraîneur…

À l’OM, s’il n’y avait pas deux ou trois mecs en février – mars qui commençaient à couiner, il pouvait faire encore mieux. Mais bon, quatrième de Ligue 1 derrière Monaco, Paris et Lyon, et avec l’équipe qu’il avait, ce n’est pas un échec. Si tu prends l’équipe joueur par joueur, je ne vois pas où sont les vedettes.

Propos recueillis par Bérenger Tournier