Christian Prudhomme : « La série Netflix, une belle annonce pour le Tour de France »

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Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, explique l’importance des contenus dits immersifs sur la Grande Boucle ainsi que la volonté de toucher un grand public grâce aux réseaux sociaux.

Présent lors de la table ronde Plateformes, réseaux sociaux : une nouvelle façon de raconter et consommer le sport durant la journée Demain Le Sport organisée jeudi, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, se confie sur la série Netflix mettant en avant le Tour de France, ainsi que sur l’importance de l’usage des réseaux sociaux pour une institution sportive comme La Grande Boucle.

Selon vous, la mise en avant du Tour de France à travers une série Netflix sera-t-elle bénéfique pour la discipline et la Grande Boucle en elle-même ?

Je pense que tous ceux qui ont vu Drive To Survive n’ont eu qu’une seule envie : c’est que dans leurs disciplines sportives, il y ait aussi un documentaire, ce fut la première réflexion. Cela aurait dû se concrétiser plus tôt, mais la pandémie est passée par là. On a attendu, donc ça donne presque encore plus envie de retrouver une vie normale. Pour moi, le documentaire Netflix est totalement complémentaire du direct de France Télévisions. France Télévisions est d’abord dans la compétition, la course, dans la beauté des paysages aussi évidemment. Là, à mon sens, c’est de pouvoir retrouver un souffle d’aventure et d’épopée.

Quelle est l’importance pour ce rassemblement d’investir les réseaux sociaux ?

C’est simplement parce que le Tour est une invention de journalistes. Il a été créé par la presse écrite, il a été popularisé par la radio. Et moi, je suis né autour du transistor, collé à l’oreille. Ensuite, la télévision, bien sûr, avec la télévision en noir et blanc, avec des plans sur le visage des coureurs. Et puis, d’un seul coup, la fin des années 1980 avec un décor qui arrivait, qui est un élément absolument capital du Tour. Et puis évidemment, aujourd’hui aussi, il y  a les réseaux sociaux. Il n’y a pas que des journalistes, mais l’instantanéité à travers Twitter, Instagram, Facebook, TikTok touche différentes générations et c’est très important. La deuxième tranche d’âge qui visionnait les étapes du Tour cette année, c’était les 15-24 ans parce que je crois plus que jamais dans la captation en direct, que ce soit sur l’immeuble télévision, sur le téléphone, sur une tablette. A l’époque, il n’y avait que six chaînes et ces outils n’étaient pas aussi performants, voire présents. La captation en direct restera à mon sens plus forte que jamais. Mais il faut être dans son époque, de son temps et aller partout, où les moyens de communication se développent.

À travers ces réseaux, la volonté est de continuer à toucher un public jeune…

Oui, bien sûr, mais sachant donc que ce public jeune, il est aussi devant la télé. Je le disais à l’instant, cela n’était pas le cas il y a cinq ans. Dans la deuxième tranche de ceux qui regardent le Tour, ce sont les 15-24 ans qui regardent le direct. Si une baisse de l’audience devant la télévision est constatée, les grands événements fédèrent. Un grand événement comme le Tour, ça réunit beaucoup, beaucoup de monde. Après, vous avez des choses complémentaires, notamment sur les réseaux sociaux ou avec Netflix, et je me réjouis évidemment que ce soit aussi une bande-annonce formidable. Quant à la série Netflix, elle devrait sortir lors de la deuxième quinzaine d’avril 2023. Il y aura un documentaire de 52 minutes sur France Télévisions avant le départ du Tour. On va en parler dans les médias, on va en parler partout, donc ce sera une belle bande-annonce pour le Tour de France.

« Ces nouveaux outils pourraient servir pour le direct »

De nouveaux éléments seront-ils apportés lors du direct grâce à ces nouveaux outils ?

Tout à fait. Ces nouveaux outils pourraient servir pour le direct, notamment pour le son. La qualité d’image de France Télévisions est absolument exceptionnelle. Je ne pense pas qu’on puisse faire mieux, même si les problèmes de sécurité sont réglés, il y aura peut-être des drones en plus des hélicoptères mobilisés. Mais je pense que c’est d’abord sur le son que cela va commencer pour ensuite progresser. Quand j’étais journaliste il y a quelques années, au moment où un journaliste parlait le plus, c’était sur la première ligne droite d’une course de Formule 1. Il y a des moments sur le Tour de France où je rêve d’entendre le peloton qui respire, je rêve d’entendre des freins, des échanges, le bruit du vent dans les descentes, le cri d’un coureur parce qu’un autre a quitté sa ligne ou pour prévenir un coéquipier. Je rêve d’entendre ça, d’entendre la foule. Tout ça existe déjà.

L’immersion du téléspectateur et consommateur lors du Tour de France, est-ce l’un des enjeux que vous dressez ?

L’idée, c’est de vraiment toucher tout le monde. Mais pour moi, ce sont les réseaux sociaux qui permettent de toucher tout le monde, mais c’est aussi bien dans l’intérêt de France Télévisions et tout son réseau. La proximité, c’est la proximité avec les champions, mais aussi avec les gens. L’une des grandes différences entre le cyclisme, spécifiquement le Tour de France et quasiment tous les autres sports, c’est que le Tour va chez les gens. Ce ne sont pas les gens qui vont quelque part au stade. Le Tour passe devant chez vous. Cette proximité-là doit exister partout, que ce soit avec tous les moyens de communication ou la radio France Bleu. Il y a une proximité incroyable, mais tout est complémentaire. Mais évidemment, quand il y a des nouveaux moyens, il ne faut pas laisser ça de côté. Quant à Netflix, j’ai vraiment hâte d’être à la fin du mois d’avril pour regarder la série.