Christian Guibert : « Répondre au sport sur ordonnance »

Le CROS Région Sud, avec le CREPS, a organisé début novembre une table ronde interprofessionnelle autour du sport sur ordonnance. Acteurs du mouvement sportif et du corps médical étaient réunis au CREPS afin d’aller dans la même direction : la bonne prise en charge des patients. Christian Guibert, vice-président du CROS Région Sud en charge de la santé, revient sur cette soirée.

 

Quel était le but de cette table ronde interprofessionnelle autour du sport ?

Nous souhaitons booster la pratique du sport sur ordonnance dans la Région Sud. Cette table ronde a été une très belle opération, car nous avons réussi à réunir 160 personnes. La majorité provenait du mouvement sportif, ce qui est logique puisque la soirée était à l’initiative du CROS et du CREPS, mais plus de 20 % des participants étaient des médecins. Nous voulons donner envie au mouvement olympique de répondre au sport sur ordonnance, de réfléchir à la manière d’accueillir le public concerné et de demander aux éducateurs de se former. Du côté du corps médical, il s’agissait de retirer les freins, de montrer que le mouvement olympique peut proposer du sport loisir et accompagner un patient dans son parcours de soin. Alain Ferrero, médecin conseiller à la Direction régionale jeunesse sport cohésion sociale, Pascale Licari, médecin expert de l’Agence régionale de santé (ARS) et Christèle Gautier, chef de projet Stratégie nationale sport-santé du ministère des Sports, étaient à la tribune pour donner des informations intéressantes sur comment le sport peut aider les patients et rassurer les médecins.

Comment les éducateurs vont pouvoir se former pour accueillir les patients ?

La filière STAPS de la faculté des sports de Marseille propose un module « activités physiques adaptées » au niveau master de son cursus. Il permet d’apprendre la manière de prendre en charge les patients, selon les quatre niveaux de pathologie. Le CREPS dispense une formation d’animateurs, afin qu’ils puissent prendre en charge les personnes aux niveaux 1 et 2. Enfin, nous l’avons appris lors de cette table ronde, les fédérations olympiques et affiliées proposent des modules dès cette année, pour permettre aux bénévoles et salariés d’accueillir des patients de niveau 1 et 2.

Ce dispositif du sport sur ordonnance ne va-t-il pas entraîner des coûts supplémentaires pour les patients et pour les clubs ?

La sécurité sociale ne rembourse pas le sport sur ordonnance, même si la réflexion est en cours. En revanche, en 2019, une douzaine de mutuelles financeront la reprise d’une activité sur ordonnance à hauteur de 200 à 500 €. Ça rassure le mouvement olympique d’envoyer un animateur se faire former, sachant que les personnes accueillies seront ensuite prises en charge par une mutuelle.

Les patients auront-ils un moyen de savoir vers quel club se tourner ?

La Région Sud et l’ARS sont en train de réaliser une cartographie à destination des médecins en recensant les clubs agréés pour recevoir des patients à proximité de chez eux. Pour le moment, 300 à 400 clubs ont été identifiés, mais l’idée est de multiplier ce nombre et de voir comment le CROS peut les accompagner.

Après cette table ronde interprofessionnelle, quelles sont les prochaines étapes pour expliquer ce dispositif ?

Nous avons décidé de faire un roadshow pour faciliter la communication. Le résultat de la première soirée nous encourage à continuer. La prochaine table ronde se déroulera en février ou mars dans le Var, puis en avril dans les Alpes-de-Haute-Provence et, à la reprise de la saison en septembre, dans les Alpes-Maritimes. Dans le même temps, à nous et au CROS de réfléchir à la façon d’étudier le contexte du patient afin de l’accompagner au mieux, puis de l’inciter à continuer le sport après les séances sur ordonnance.

Le sport-santé est donc le nouvel grand enjeu du CROS Région Sud ?

Aujourd’hui, le mouvement sportif met en avant les clubs et les associations pour tisser des liens sociaux. L’idée est de favoriser cet accès par la santé pour toucher le grand public, sachant que nous suivons 12 000 clubs dans la Région Sud et 1,2 million de pratiquants. Par ailleurs, le sport en entreprise est un volet qui n’a pas été traité, mais que nous voudrions mettre en place.

Propos recueillis par Leslie Mucret