Catherine Poirot : « Paris 2024 n’a rien apporté au sport français »

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Ancienne sportive de haut niveau et médaillée olympique en 1984, Catherine Poirot se mobilise pour la santé des athlètes de haut niveau. Entretien.

Catherine Poirot, vous vous mobilisez pour le sport de haut niveau, et notamment le sport santé. Comment se concrétise cet engagement ?

Je parle d’autant plus facilement de santé que j’en suis à mon troisième cancer. J’ai été sportive de haut niveau et médaillée olympique, je peux donc vous dire que malgré cela, on est à l’abri de rien. Aujourd’hui, sur ce sujet, je suis très triste et en colère de voir que rien n’avance. Nous avons des ministres qui passent et qui ne font rien pour le sportif de haut niveau. Je pense par exemple au sujet de la dépression des sportifs, que ce soit en après-carrière ou durant la carrière de sportif de haut niveau.

C’est une thématique sur laquelle rien n’est fait. C’est pour cela que j’ai décidé de créer une sous-fondation, abritée par la Fondation Henri Sérandour, afin de protéger les athlètes. Quand on est athlète, on demeure une personne fragile. On l’est encore plus en après-carrière. Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui pour nos sportifs ? Rien du tout… c’est pour cela qu’il est nécessaire d’agir.

Que va proposer concrètement votre fondation pour permettre aux sportifs d’avoir une meilleure santé, y compris mentale ?

Elle va permettre de pouvoir prendre en charge les athlètes de haut niveau avec des gens très spécialisés dans le domaine, de pouvoir les accompagner alors qu’ils sont en activité. Ensuite, sur l’après-carrière, œuvrer avec des spécialistes dans le domaine de l’énergie et de la kinésithérapie. Ce que je suis en train de mettre en place, c’est un soin qui va être pris en charge, accompagné pour qu’on n’abandonne plus personne, que plus aucun athlète ne soit abandonné.

« Les sportifs sont des humains dont il faut prendre soin »

Vous le disiez, les ministres se succèdent sans que rien avance. Êtes-vous déçu du comportement de l’Etat vis-à-vis du sport ?

Je suis en colère, très en colère. On nous a vendu Paris 2024 comme une révolution qui allait transformer le sport français. Or, Paris 2024 n’a rien apporté au sport français. Les Jeux Olympiques se sont terminés, et tout ce qu’il s’est passé, c’une baisse du budget accordé au sport. Le sport est complètement oublié et je souhaite que cela s’arrête.

Aidons nos sportifs, accompagnons-les dans leur carrière et leur après-carrière, aidons-les pour leur santé physique et morale. C’est essentiel. Le sport de haut niveau est un domaine dans lequel il y a des suicides en hausse. Il faut prendre ce sujet au sérieux et accompagner nos sportifs.

Quand votre fondation pourra-t-elle commencer à agir ?

Malheureusement, j’avais rendez-vous avec Marie Barsacq, l’ancienne ministre des Sports, qui n’est désormais plus en place. Il va donc falloir refaire les démarches. J’ai un rendez-vous programmé avec Amélie Oudéa-Castéra, présidente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Mais, aujourd’hui, cette instabilité n’aide pas à mettre des choses en place. Je demeure optisime, j’ai bon espoir que ma fondation puisse commencer à œuvre dans les mois à venir, on peut arriver à faire beaucoup de choses pour les sportifs de niveau. Les sportifs ne sont pas des machines, ce sont des humains. Des humains dont il faut prendre soin.

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