Cap Optimist, le défi sportif féminin qui attend ces 6 femmes

©️ Cap Optimist

Stéphanie Barneix, Alexandra Lux, Emmanuelle Bescheron, Margot Calvet, Itziar Abascal et Marie Goyeneche sont toutes les 6 waterwomen. Elles vont se lancer à la traversée de l’Océan Pacifique à partir du 4 janvier depuis Lima (Pérou) jusqu’à Moorea (Polynésie Française) en prone paddle board. Le parcours devrait durer environ 90 jours. Avant ça, Alexandra Lux et Emmanuelle Bescheron ont accepté de répondre à nos questions quelques jours avant leur départ pour la capitale péruvienne, prévu le 13 décembre.

Comment ce projet est-il né ?

Emmanuelle Bescheron : Ce projet est né grâce à Stéphanie qui avait déjà traversé l’Atlantique et passé le cap Horn. Et c’était à Tahiti qu’est né le projet. Une compétition sur Tahiti qui s’appelle la Water Mana, une épreuve sur une semaine faite pour les Watermen/Waterwomen. Et c’est sur cette compétition qu’est né ce rêve de traverser l’océan Pacifique.

« Cette traversée va permettre de lever des fonds pour aider les enfants à réaliser leurs défis »

Pourquoi avoir choisi de représenter l’association Hope Team East ?

Alexandra Lux : Cette association a été créée par Stéphanie Barneix, qui est l’une des rameuses, avec Alexandra Le Mouël, qui est notre cheffe de projet. Cette association a été créée après notre traversée du Cap Horn en 2015 puisque Stéphanie a été touchée par quatre cancers du sein. Et elle est toujours d’un optimisme à toute épreuve. Les filles se sont dit que c’était important de transmettre cet optimisme aux autres personnes vivant et traversant cette épreuve de la maladie. Cette association Optimist a été créée pour aider les adultes dans un premier temps, en cours ou en post traitement de leur cancer, à réaliser leurs propres défis sportifs. Il y a un ensemble de coachs et on les appelle les Optimistes. Ils vont être préparés physiquement, mais pas seulement. Ils vont avoir des notions de nutrition et de bien-être pour être accompagnés et qu’ils puissent réaliser leurs propres défis. Nous sommes toutes devenues mamans. On a pensé que ce serait bien également de mettre en place un programme d’accompagnement pour les enfants. Cette traversée permet donc de lever des fonds et de mettre en lumière cette association qui souhaite s’ouvrir à l’accompagnement des enfants et adolescents post traitement du cancer.

Vous serez six pour ce challenge (Stéphanie Geyer, Alexandra Lux, Emmanuelle Bescheron, Margot Calvet, Itziar Abascal et Marie Goyeneche). Pourquoi avoir choisi de partir de Lima ?

E.B : Par rapport aux alizés, c’est le parcours le plus logique et facile pour rejoindre la Polynésie française. Et en même temps, ça me permet aussi de passer sur cette trajectoire du Kon-Tiki qui a été réalisée par six hommes en radeau à la dérive. On va retranscrire ce tracé de Lima jusqu’en Polynésie française. Mais sauf que nous, on arrivera à Moorea.

Y aura-t-il un skipper ?

A.L : Absolument. Il y aura une planche avec une rameuse sur l’eau et à côté, pour la sécurité, on a un bateau d’assistance sur lequel seront les cinq autres rameuses ainsi que les membres d’équipage. On a cinq membres d’équipage, avec évidemment le skippeur qui va être sur la gestion du bateau. Il y aura également deux marins supplémentaires qui vont aider à manœuvrer le bateau. Ensuite, on a deux personnels médicaux avec un kiné ostéo et une infirmière de bloc qui seront à bord pour nous manipuler et soulager certaines douleurs au besoin.

« Le sport est un exutoire pour nous »

Des actions qui vont être menées ou qui sont déjà menées dans les écoles de Lima et même en Polynésie française. Ces actions vont-elles perdurer ?

E.B : Nous avons à cœur effectivement de mener des actions, pas seulement en France, mais aussi sur notre lieu de départ et d’arrivée. C’est pour ça qu’on se rend un petit peu plus tôt d’ailleurs au Pérou pour aller dans les écoles, pour aller à l’hôpital, pour rencontrer des associations locales qui valorisent le sport santé. En Polynésie, on a déjà lancé notre projet pédagogique dans les écoles avec « Un défi dans mon école ». Et c’est vrai qu’on a à cœur de vraiment véhiculer ces valeurs, autant sur les lieux de départ que d’arrivée.

Quelles sont ces valeurs ?

E.B : Les valeurs de la pratique sportive au quotidien, parce que le sport a été énormément présent dans notre quotidien depuis des années. C’est un exutoire pour nous. Et puis c’est une manière aussi d’avoir une vie assez équilibrée, avec ce sport qui nous a permis de croire en nos rêves et de les réaliser. C’est notre façon aussi de nous exprimer et ce sont aussi des valeurs de solidarité, de collectif, de dépassement de soi et de croire en ses rêves.

Vous avez effectué deux traversées test, à savoir Bordeaux-Biarritz et Monaco-Athènes. Pourquoi avoir choisi ces deux parcours ?

A.L : On a fait deux traversées tests. On a donc fait, en octobre 2021, Bordeaux-Biarritz. Cette traversée-là, c’était plutôt pour aller à la rencontre des acteurs de notre territoire puisqu’on est toutes des Landes et du Pays Basque. On est allées à la rencontre des docteurs, notamment à l’hôpital de Bordeaux, qui ont en charge tout le service oncopédiatrie. Ensuite, on est allées à la rencontre des enfants du territoire et des Optimist puisqu’on rame pour l’association Hope Team East. On a suivi également des adultes en cours ou post traitement du cancer, en les aidant à réaliser leurs propres défis sportifs. Nous sommes allées à la rencontre d’une association qui accompagne les enfants malades et les parents dans cette épreuve de la maladie.

La deuxième test, qui a eu lieu en juin entre Monaco et Athènes, faisait 1800 kilomètres. On a mis treize jours et là c’était vraiment la répétition générale du Pacifique puisqu’on avait notre bateau d’assistance. Les six rameuses ont été présentes avec notre équipage et on a pu tester les heures de rotation, la durée de rame. C’était vraiment un entraînement pour tester le matériel, l’équipage, découvrir pour certaines les rames de nuit et prendre le rythme sur quinze jours, se mettre à l’eau quatre fois par jour, de jour comme de nuit, dans différentes conditions de mer.

Quels sont les différents volets de ce défi ?

A.L : On a trois volets sur l’accompagnement des enfants. Le premier, ce sont les super Optimist. Il y a un accompagnement individuel de ces super Optimist pour réaliser le défi sportif. On a également la mise en place de totems Optimist dans les hôpitaux, dans les services onco pédiatrique pour permettre aux enfants en cours de traitement de pouvoir avoir une petite activité physique adaptée à leur état. Nous avons créé une petite bulle aussi, pour qu’ils puissent un peu s’évader de ce lieu qui n’est vraiment pas évident pour eux. Et un troisième volet qui est « Un défi dans mon école », un projet pédagogique. On va dans les écoles, on va créer une mallette dans laquelle nous dévoilons tous nos secrets. Préparation physique, préparation mentale, nutrition et bien-être : tous ces piliers sont regroupés. Avec leur maîtresse ou leur maître, ils vont créer leurs propres défis sportifs. Et l’objectif, c’est qu’au bout de six semaines, la classe réalise de manière collective un défi sportif.

Comment vous êtes-vous préparées, tant mentalement que physiquement ?

E.B : Cela fait deux ans qu’on a enclenché le projet. Avec des entraînements au quotidien, pas forcément que de la rame. L’idée, c’est vraiment de faire du sport tous les jours pour arriver quand même avec une bonne condition physique. Mais le gros travail, ça a été la préparation mentale, parce qu’on part sur une expédition qui est à risques puisqu’on traverse un océan à la force des bras. Il y avait une préparation mentale à effectuer pour apprendre à gérer ses émotions, se mettre des images un peu « ressources » pour trouver le positif dans les situations difficiles. Et puis aussi, pour nous les mamans, de partir sereinement par rapport à la famille et accepter de laisser les enfants pendant trois mois.

Comment vous êtes-vous préparées à ce moment ?

E.B : L’idée, c’est d’anticiper un petit peu cette période d’absence lors des événements importants, que ce soit pour eux, pour l’enfant, mais aussi pour nous en tant que maman, de façon à voir les choses positivement. On a toutes réalisé des vidéos, des petits vocaux, des dessins et on a fait des petites choses pour avoir un petit cocon avec notre présence au sein de la maison.

Vous parliez de la préparation mentale. Avez-vous fait appel à un préparateur mental ?

A.L : Oui. Nous avons un partenariat avec le centre de rééducation sportif européen, qui est basé à Capbreton, qui s’appelle le CERS. On a un partenariat depuis deux ans et on y va une fois par semaine. On travaille notamment la préparation physique, le renforcement musculaire et la prévention des blessures. Derrière, on a aussi un programme, adapté par rapport à notre quotidien et à notre travail, parce qu’on est bénévole sur ce projet-là. On doit aussi équilibrer les entraînements avec la vie de famille et professionnelle. On a toute une équipe de préparateurs mentaux avec des programmes adaptés à chacune en fonction de nos affinités et nos besoins. Ce bateau sera notre petite maison durant 90 jours. On va se relayer toutes les heures, jour et nuit, pour parcourir ces 8000 kilomètres. On espère mettre moins de 90 jours.

Comment visualisez-vous votre arrivée à Moorea ?

E.M : Notre cheffe de projet prépare l’arrivée surprise. On envisage déjà d’arriver avec toutes nos familles et tous nos soutiens parce qu’on a beaucoup de personnes qui font le déplacement. Et ça, c’est énorme pour nous parce que ce n’est pas un petit voyage pour les personnes qui nous suivent, que ce soient nos amis ou nos familles. Ce sera un moment forcément festif, avec beaucoup d’émotions.

Il est possible d’acheter un kilomètre ou plus pour soutenir l’association Hope Team East : https://www.capoptimist.com/le-jeu-concours/