Blaise Giezendanner : « Je vais jouer ma carte à fond »

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Il y a un an, le skieur de Chamonix s’est fait connaître du grand public en terminant 3e de la descente de Kitzbühel. Pour les Mondiaux la semaine prochaine à Courchevel, c’est en Super-G (il va aussi sans doute s’aligner sur le combiné) qu’il espère briller. Ce mardi, Blaise Giezendanner a accepté d’interrompre durant quelques minutes son temps de repos pour nous en parler.

Comment vous sentez-vous à quelques jours du début des Mondiaux ?
Blaise Giezendanner : Cela fait 4 mois qu’on nous en parle assez souvent. Autant il y a 4 mois, c’était difficile de savoir où j’en serai, autant à une semaine du début, je me projette un peu plus. Je viens de réaliser un dernier week-end correct en termes de ski à Cortina-d’Ampezzo. Le résultat n’a pas été à la hauteur puisque j’ai terminé 20e puis 14e des 2 Super-G. On a eu droit à des conditions changeantes le premier jour et j’ai commis une grosse faute en haut le 2e jour. Ce classement ne reflète pas le niveau de ski que j’ai pu produire. J’ai une marge de progression, j’espère que ça se reportera sur la semaine prochaine.

Comment vous abordez ce rendez-vous ?
BG : Nous les descendeurs, on n’a pas trop l’habitude de courir en France donc vivre ça à la maison, ça va être sympa. Certes, le circuit Coupe du monde prend une ampleur énorme et les JO ont eu lieu l’an dernier, mais les Mondiaux, c’est un événement majeur de notre sport. Dans cette course, il n’y a que les 3 premiers qui comptent. C’est donc une chance d’y participer. La dernière fois en France, c’était en 2009 à Val d’Isère. J’avais 18 ans, j’avais été ouvreur de la descente dans la face de Bellevarde.

Quel souvenir en gardez-vous ?
BG : Le souvenir d’une grande fête du ski. Cela va rassembler beaucoup de monde à Courchevel, on a pu y aller la semaine dernière pour reconnaître les installations. Même si c’est difficile d’avoir un avis sur la piste qui était encore en préparation, les infrastructures sont superbes, j’ai hâte d’y être.

Vous rêvez d’un exploit identique à celui de Kitzbühel l’an dernier ?
BG : C’est sûr qu’on n’y va pas uniquement pour participer. Je le répète, seules les 3 premières places comptent. Donc oui, j’ai envie de rêver, mais je ne suis pas le seul à rêver. Il y en a quelques-uns qui survolent le début de saison (Kilde, Kriechmayr et surtout Odermatt), il faudra saisir le peu de chances qu’il reste.

L’idée, c’est de refaire le même coup de Kitzbühel où personne ne vous attendait ?
BG : Moi non plus, je ne m’y attendais pas. Après, les Mondiaux, c’est autre chose qu’une Coupe du monde même si Kitzbühel est une course à part. Ce ne sont pas toujours les favoris qui gagnent. Pour moi, ce ne sera a priori pas en descente – je suis 2e remplaçant dans la liste de l’équipe de France et je ne souhaite pas la blessure de deux de mes partenaires. Je serai sur le Super-G le jeudi et sans doute le combiné le mardi et je vais jouer crânement ma chance, le leitmotiv c’est ça. A partir du moment où on est sélectionné, on est compétitif, donc j’ai envie d’y croire.

Il s’est passé quoi depuis ce 21 janvier 2022 ?
BG : Pas mal de choses. Pour moi, cela a été un bon soulagement et une sorte aboutissement pour mon 99e départ en Coupe du monde, surtout à Kitzbühel, un lieu mythique pour tout descendeur. Après, cela n’a pas trop changé ma vie, cela reste une ligne dans mon palmarès, une étape parmi d’autres. J’ai essayé de construire là-dessus mais je n’ai pas eu le début de saison espéré, j’ai eu un peu de mal à démarrer, j’ai connu quelques soucis physiques. La dynamique est devenue assez positive depuis quelques semaines même si je n’ai pas eu le résultat attendu à Kitzbühel, il y a 10 jours (27e et 30e places). Le processus est long, ça se saurait si c’était facile le ski alpin.

Ce n’est pas frustrant de ne pas participer à la descente des Mondiaux alors qu’il y a un an vous avez brillé en Autriche ?
BG : L’année dernière, j’avais couru le Super-G et la descente aux JO, cette année c’est différent. On a une équipe très compétitive en interne, on est 8 à l’entraînement, on n’est que 4 à faire la descente et pareil pour le Super-G. Des talents émergent, c’est dur de se faire sa place. Ce sont des problèmes de riches. Je l’accepte, à moi d’être meilleur en début de saison. J’ai déjà la chance de participer au moins à une épreuve, ce n’est pas le cas de tout le monde. Je vais jouer ma carte à fond. Courchevel n’étant pas loin de chez moi, j’aurai beaucoup de supporters : ma famille, des membres et des gamins du Ski club de Chamonix qui viendront voir ça de près.

Le ski Club, c’est là où tout a débuté pour vous ?
BG : Je suis né à Chamonix et j’y ai grandi, mais je ne suis pas issu d’une famille de montagnards : ma mère est anglaise et mon père d’Orléans. En revanche, j’ai toujours été au Club des sports de Chamonix. J’ai pratiqué aussi le hockey-sur-glace mais j’étais moins fort qu’en ski. On dit que les Chamoniards sont chauvins et fiers, c’est vrai. Ce sont grâce au Ski club et aux différents entraîneurs qui m’ont formé que j’en suis là aujourd’hui. Grâce aussi à Guillermo Fayed (ancien skieur) qui m’a donné la culture de la compétition et m’a montré le chemin. »

Propos recueillis par Sylvain Lartaud