Bernard Tassaro : « Voir leur sourire après une victoire »

Marseille accueillera le Championnat de France de boccia de jeudi à dimanche prochain, organisé par le Comité régional handisport de la Région Sud. Bernard Tassaro, son président, décrit l’événement et dresse un état des lieux de cette pratique sur le territoire.

 

Combien d’athlètes seront présents lors de ce Championnat de France de boccia à Marseille ?

70 compétiteurs de toute la France se retrouveront au Complexe sportif de Luminy. Il faut savoir que 90 % des participants sont en fauteuil, donc, soixante accompagnateurs, qui les aident à régler le matériel pendant la compétition notamment, seront aussi présents. Le championnat s’articule autour de 130 matches de poules, jugés par 32 arbitres, avant les 50 matches des phases finales pour désigner les vainqueurs selon les catégories, dimanche.

Cette compétition présente-t-elle un enjeu au-delà du titre national ?

Les compétiteurs joueront leur sélection pour les Championnats d’Europe en 2019, puis aux Jeux paralympiques, où la boccia est au calendrier depuis 1984, à Tokyo en 2020. Mais, surtout, même pour moi qui suis dans le milieu du handisport depuis 25 ans, c’est toujours assez surprenant de voir le sourire de ces personnes après une victoire. C’est fabuleux !

Outre la boccia, combien de sports le comité handisport encadre-t-il dans la Région Sud ?

Dans la région, nous suivons 31 sports, ou pratiques handisports, avec toutes leurs variantes. Nous avons cinq disciplines majeures : la boccia, le basket fauteuil, la natation, le tennis de table et l’athlétisme, sachant qu’il existe plusieurs façons de pratiquer selon le handicap. Nous comptons plus de 2 400 licenciés handisports dans 105 clubs ou sections.

Comment arrivez-vous à développer le handisport ?

Nous avons passé une convention avec l’UNSS et USEP, afin d’approcher les jeunes de l’école au lycée. Plus de 1 000 enfants en situation de handicap ne font pas de sport parce que les parents ont trop peur, ou parce que les encadrants n’ont pas les qualifications nécessaires. C’est inadmissible ! Afin que ces enfants découvrent le handisport, nous faisons des regroupements par ville ou par département. Ensuite, ils peuvent choisir l’activité qu’ils préfèrent et nous refaisons des stages qui pourront les amener à pratiquer en club, puis à haut niveau dans le cadre de notre dispositif « Jeunes à fort potentiel ». Le sport est un moyen important de s’insérer dans la vie active des valides. Quand ces jeunes pratiquent, les gens qui observent voient le sportif, et non plus le handicap. C’est un travail de longue haleine, car il faut aussi amener les enfants sur les stages parce qu’ils ne peuvent pas se déplacer.

Avez-vous les moyens nécessaires pour favoriser une bonne pratique de ces sports ?

Comme les autres entités régionales, nous nous appuyons sur les comités départementaux auxquels les clubs sont rattachés, ainsi que sur les salariés et les bénévoles et, heureusement, nous en avons beaucoup. Nous passons des conventions avec les fédérations des valides, comme le tennis de table, pour bénéficier de leurs infrastructures. Sinon, on n’a rien. Le problème majeur pour le développement du handisport est financier, ça devient compliqué de former des éducateurs.

Quels sont vos projets à l’horizon 2019 ?

Nous allons continuer notre dispositif « Jeunes à fort potentiel », débuté en 2017 en lien avec les institutions, afin de trouver quelques champions dans le sport loisir. Nous allons aussi chercher des partenaires privés, du côté des entreprises, pour passer de nouvelles conventions et obtenir une aide financière de leur part.

Propos recueillis par Leslie Mucret