Beltrando, la Mariane du BMX

Banque Populaire du Sud

Mariane Beltrando aime l’extrême. C’est une pilote déterminée, impressionnante même, qui affiche déjà, à son palmarès, des victoires incroyables. Cette jeune Frontignanaise, de seulement 18 ans, est huit fois championne de France, cinq fois championne d’Europe et deux fois championne du monde (en étant montée sept fois sur le podium en huit championnats) de BMX. Il faut dire qu’elle a commencé à quatre ans, l’âge minimum pour pratiquer ce sport, et n’a qu’une envie : continuer d’allonger son palmarès ! Bien évidemment, Mariane regarde vers 2024. La route est encore longue, mais elle a l’habitude d’abattre des kilomètres. Son addiction à la victoire est bien réelle. Son investissement et sa rigueur feront le reste.

Mariane, ton humeur du jour ?

Je me sens bien. C’est très sympa d’être là ! Nous allons reprendre la compétition et, pour un sportif de haut niveau, cela veut vraiment dire quelque chose. La compétition fait partie intégrante de notre parcours. Et, bien entendu, le moral suit. Lorsque nous sommes obligés de nous entrainer sans objectif de rencontres, de championnats, de courses ou de matchs, c’est compliqué.

Tu as mal vécu cette crise sanitaire ?

Ce n’est pas forcément la meilleure période que j’ai passé.

Parle nous de « ton sport » : le BMX RACE ?

Le BMX fait son entrée aux Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. C’est un sport cycliste extrême, physique, technique, spectaculaire et esthétique de par les figures exécutées par les sportifs. Il est divisé en deux catégories : la Race où les riders font la course et le Freestyle où les riders font des figures. C’est une course entre huit concurrents qui doivent parcourir une piste parsemée de bosses de 340 à 400 mètres. Il y a des phases qualificatives où il faut être dans les quatre premiers et une finale où il faut être le premier à franchir la ligne d’arrivée.

Les compétitions sont-elles mixtes ?

Non. Seuls les entraînements le sont.

Comment l’aventure BMX a commencé pour toi ?

C’est mon grand frère qui en faisait. J’étais trimballée par mes parents à droite, à gauche sur les pistes. Je me suis dit : moi aussi je veux en faire. A l’âge de quatre ans mes parents m’ont pris une licence et GO, l’aventure a démarré. Mon frère a arrêté en raison de ses études et moi j’ai continué.

Es-tu accompagné ?

Cela a beau être un sport individuel, je n’ai jamais eu le ressenti de rouler seule mais avec l’accompagnement de tout un staff. J’ai la chance de faire partie d’un club, le club de BMX de Frontignan, qui dispose d’une des meilleures pistes de France.

Mickaël Chalvon est ton entraîneur, bien plus encore ton coach…

Nous sommes très fusionnels. C’est mon meilleur ami. Nous avons presque grandi ensemble dans les bons comme dans les mauvais moments. Il est très généreux et il donne beaucoup à tous les pilotes du club, d’ailleurs. Il m’entraîne depuis mes cinq ans et j’en ai dix-huit maintenant. Mes coéquipiers sont aussi plus que cela, ils sont mes amis. Nous sommes comme une famille. C’est avec eux et aussi pour eux que je donne tout sur la piste. Et du coup, forcément, lorsque je suis sur la première marche nous partageons la victoire ensemble. C’est unique.

Quand tu es dans la course, tu es seule pour décrocher la victoire. Quand tu es sur le podium, tu es avec ceux qui t’accompagnent, au quotidien, vers la victoire. C’est la juste traduction ?

C’est exactement cela.

Les sélections pour les rendez-vous olympiques, comment cela se passe ?

Pour notre discipline, cela passe par les qualifications en Coupe du monde. Nous avons donc, dans les faits, des classements par pays. Les trois premiers pays ont le droit d’avoir trois sportives sélectionnées, dont une remplaçante.

Tu es donc en train de t’étalonner avec des françaises, c’est bien cela ?

Absolument. Mais, j’étais encore trop jeune pour prétendre à la sélection pour les jeux de Tokyo. Je dois être admise et rejoindre la cour des grands pour les JO de 2024. Cela veut dire qu’il faut que je sois susceptible de pouvoir me qualifier pour y participer. Lors de mes prochaines compétitions, je vais être observée par les sélectionneurs. Je devrais participer, également, aux stages organisés avec l’équipe de France dans le but de me former.

Ta chance de qualification pour les JO de 2024 est importante ?

C’est jouable et je vais tout faire pour. Je pense avoir mes chances. Je m’entraîne dur pour cet objectif. Dans le sport, peut-être encore plus qu’ailleurs, on ne devient champion et on n’obtient des résultats qu’à la sueur de son front !

Parle-nous de tes entraînements ?

Je les fais à 120 %. Mon planning sportif est très chargé. Les lundis et les jeudis sont dédiés à la musculation. Les mercredis à la préparation physique et les mardis et vendredis aux entraînements sur piste. Les préparations ce n’est pas ce que je préfère. J’aime l’adrénaline de la compétition. C’est aussi pour cette raison que je n’ai pas très bien vécue la crise sanitaire. Notre quotidien était dédié aux entraînements… sans aucune compétition prévue à l’horizon.

De plus, tu te remets d’une blessure…

Ça va beaucoup mieux. A la sortie du confinement, lors d’un entraînement j’ai fait un saut. Je suis partie de travers en me réceptionnant sur ma jambe tendue. Bilan : fracture du tibia. Cela a été très compliqué. Nous avons mis du temps pour comprendre que c’était une fracture, car elle n’était pas déplacée. C’était très douloureux et j’étais immobilisée pendant deux mois et demi. Il faut être dans l’acceptation. C’est un sport extrême, à savoir un sport à risque.

Le stress, arrives-tu à le gérer ?

Au début, je me laissais souvent envahir par le stress et faisais des erreurs. Nous avons beaucoup échangé avec mon entraîneur sur ma concentration. Ce qui fait que lorsque je suis sur la ligne de départ, je suis dans ma bulle mais pas « en mode fermée ». Je pense au plaisir de ce sport, à mon club, à mes co-équipiers, à des éléments positifs et joyeux. Il faut revenir à l’essentiel du pourquoi on se retrouve sur une ligne de départ. Il faut aussi se poser la question suivante : si j’arrête, comment je le vis ? En ce qui me concerne, c’est impossible d’écrire le mot fin, du moins pas encore ! Lorsque l’on passe la ligne d’arrivée et que l’on devient champion du monde, seul le sport peut nous faire vivre ce moment-là indescriptible. C’est quasiment addictif !

Plus tard, as-tu une idée de ce que tu vas faire une fois que ta carrière de sportive de haut niveau sera terminée ?

J’aimerais être kinésithérapeute et développer autour de ce diplôme des activités comme l’ostéopathie, l’acupuncture, etc. Je me suis rendu compte que j’adore mon sport mais aussi l’environnement du sport. Je souhaite donc avoir un projet professionnel en fonction et autour du milieu sportif. D’autant plus que je sais comment fonctionne un sportif de haut niveau avec ses challenges, ses émotions, ses épreuves, ses motivations, etc. Après mon bac en poche, je vais construire un vrai dossier pour mon intégration en STAPS kinésithérapie.

Rédaction par Banque Populaire du Sud